THEATRE Du 16 novembre au 22 décembre 2024 - DERNIÈRES

EN ATTENDANT GODOT

De Samuel Beckett

SALLE EN PIERRE
EN ATTENDANT GODOT
Crédit photo :

À peine conçus, nous attendons. La naissance nous délivre de cette attente. Alors commence l’attente du devenir. C’est l’époque où une certaine insouciance nous permet de croire que la mort ne viendra pas. Les jours, les heures, les secondes passent et l’attente devient de plus en plus présente jusqu’à l’instant inévitable.
Entre-temps, nous aurons su profiter du peu de temps qui nous aura été imparti.

‘‘Godot’’ à l’Épée de Bois…
Sur le plateau la nuit approche sans jamais tomber, le jour luit encore, aussi indécis qu’indistinct. Au milieu, un arbre décharné dont le feuillage peine à prendre forme. Néanmoins il se tient fermement, symbole d’une marche immuable du monde. Perdus dans une lande, à la croisée de chemins qu’on imagine, deux personnages se retrouvent et s’animent. Ainsi commence En attendant Godot de Beckett.
Ces êtres esseulés dans un univers qui semble vide, l’auteur les transfigure par leur questionnement existentiel, leur déroulant une partition parfois loufoque, parfois déroutante, souvent touchante. En somme, une partition à l’image de la nature humaine qui, peu à peu, remplit l’espace et le temps.
Bientôt, passée l’impression d’étrangeté initiale, on se rend compte que le monde qu’ils habitent est familier. L’auteur les inscrit dans une société de classes si ce n’est une société féodale. Temps lointain pour nous, mais clairement identifiable puisque certains y régnaient quand la plupart servaient ou étaient simplement mis de côté comme Estragon et Vladimir. On y retrouve aussi la dialectique du maître et du serviteur avec Pozzo et Lucky. Tous sont en quête de sens, et tous pourtant connaissent leur place sans fondamentalement la remettre en cause.
Les personnages y sont versatiles dans leurs idées et leurs intentions ; Estragon et Vladimir débattent à l’envi pour savoir s’il faut se séparer, rester ensemble, poursuivre le chemin ou désirer la mort. L’arrivée de Lucky, tenu entravé comme un esclave, mettra un temps avant de les révolter, au fond sans conviction puisque quelques instants plus tard ils souhaiteront le rouer de coups. Ils seront happés par un Pozzo, grand prince autant que misérable, qui occupe leur temps, les divertit, les nourrit juste ce qu’il faut de ses restes. Appel implicite au principe de la romanité du pain et des jeux. Le seul fait invariable est d’attendre Godot, possible sauveur ou bienfaiteur, aussi indistinct et indécis que le jour sans fin dans lequel ils sont plongés.
Beckett y adjoint quelque chose de l’ordre du merveilleux : des enfants se font messagers d’une instance supérieure, le cycle diurne est figé et un arbre, possible vestige de la forêt de Birnam dans Macbeth, se pare de feuilles en quelques heures. Estragon, Vladimir et Pozzo sont pantomimes, dramatisent, jouent à l’acteur, font les clowns, ou encore parlent à cœur ouvert tels nos semblables.
De cette façon émergent des aspects fantastiques, des notes gothiques, où chaque protagoniste se pare d’un visage de l’étrange, du jamais vu, sans que cela ne paraisse jamais le propos principal, et qui pourtant nourrissent la puissance évocatrice de la pièce.
Là demeure la richesse de l’œuvre ; lieux communs et réflexions ontologiques se succèdent, le tragique côtoie le rire, l’opinion tutoie le savoir, l’horreur dialogue avec la curiosité… L’auteur fait se rencontrer les contraires, ainsi Pozzo délivre un discours plein de joie et d’humanisme tout en molestant Lucky. Par ce procédé, utilisé tout au long de la pièce, y ajoutant un sens de l’ironie et une maîtrise de la rhétorique, l’auteur crée l’interrogation et l’émotion.
Il en est de même avec les idées ; la réflexion de Pascal sur le divertissement se confronte aux caractéristiques attachées à Dionysos, dieu arrivé tardivement dans la mythologie grecque, qui contiennent et des célébrations de vie et l’acceptation de ce qui dans l’humain échappe à la raison.
La nuit finit par arriver sur le plateau. Beckett nous a conviés à une expérience du temps qui passe et du temps partagé entre spectateurs et acteurs, soulevant autant de questions qu’il n’apporte pas de réponse.

Joan Dupau
Cartoucherie, le 16 novembre 2024

Auteur Samuel Beckett, Editions de Minuit
Mise en scène Antonio Diaz-Florian
Avec Les membres de la Troupe de l'Épée de Bois : (par ordre d'entrée en scène) Hamidreza Djavdan, Abderrahmane Ould Haddi, Florian Gicquiaud, Antonio Diaz-Florian
Production Théâtre de l'Épée de Bois
Décembre 2024
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Durée du spectacle : 3h (entracte de 10 minutes)

Représentations, du 16 novembre au 22 décembre 2024 – DERNIÈRES
Samedi et dimanche à 16h30

Tout public
Tarifs :
24 €      Plein Tarif
18 €      Tarif Réduit 1
Seniors (plus de 60 ans), enseignants, habitants du XIIe arrondissement et de Vincennes, carte Cezam, membres SACD.
14 €      Tarif Réduit 2
Étudiants (moins de 30 ans), demandeurs d’emploi, intermittents du spectacle, Carte Loisirs, Pass Culture 12, personnes en situation de handicap et son accompagnateur.
12 €      Tarif Réduit 3
Enfants (moins de 15 ans), minima sociaux et groupes scolaires

Pass :
60 €
: 4 places
96 € : 8 places | pour assister au moins à deux spectacles
120 € : 12 places | pour assister au moins à trois spectacles

Troupe de l'Épée de Bois

Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris
01 48 08 39 74
troupe@epeedebois.com