Archives pour la catégorie se joue en Février 2026

LA LOI DU TRIPLE RETOUR

Dans un futur proche où le stockage des données est devenue une ressource limitée, chaque individu ne peut laisser derrière lui que trois souvenirs essentiels, choisis au moment de sa mort lors d’un rituel de purge appelé la Loi du Triple Retour. Le reste — journaux intimes, archives numériques, traces affectives — est définitivement effacé, selon une logique éthique, écologique et politique.

Habituellement confié à une I.A. culturelle nommée Mnémé, ce processus de sélection est ici exceptionnellement remis à un homme : Ephrem, archiviste épuisé, chargé d’extraire les trois fragments mémoriels qui résumeront l’existence de Kévin Ravissement Jr, milliardaire controversé, esthète mégalomane, et stratège du récit de soi. Alors que les souvenirs choisis feront foi pour les générations futures, Ephrem engage une lutte avec les souvenirs du défunt — qui ne cessent de se contredire, se dédoubler, se rejouer. En orchestrant sa postérité, Kévin Ravissement Jr. transforme le rituel du Triple Retour en une interrogation profonde sur la nature même du souvenir.

KATTE, LA TRAGÉDIE DE L’AMANT DU PRINCE DE PRUSSE

En 1730, dans le tout nouveau Royaume de Prusse et sa nouvelle capitale Berlin, le Roi Guillaume impose sa démesure martiale à tout l’état et fait régner la terreur dans sa propre famille.  Ce qui fit dire plus tard à Mirabeau : « La Prusse n’est pas un État qui possède une armée, c’est une armée ayant conquis une nation ».

Les choses ne pouvaient que mal aller entre un père qui ne s’intéressait qu’à la guerre et à la chasse, et un fils qui ne voulait que jouer de la flûte et lire des poètes français. Confronté à la brutalité croissante du Roi, le jeune prince Frédéric, (« On n’est pas sérieux quand on a 17 ans »), trouve comme allié, en plus de sa sœur aînée Mine, sa confidente de toujours, un fringant officier de la garde royale, Hans-Hermann von Katte, dont il tombe amoureux.

Un jour où Frédéric a été battu et humilié publiquement par son père, il décide de s’enfuir vers la France, avec la complicité de Katte. Or le Roi fait rattraper les fugitifs, et, malgré les supplications de la Reine, de la princesse Mine, et de toutes les cours d’Europe, il fait décapiter Katte sous les yeux horrifiés de Frédéric.

Tel est l’argument de l’histoire dont Besset s’est inspiré pour renouer avec la grande tradition française d’une tragédie en alexandrins.

ERRANCE

POURQUOI ERRANCE ?
Nous sommes d’une génération dont la foi en l’avenir nous a été confisquée par une prise de conscience du danger que représente le modèle de notre société occidentale. Nous vivons un monde errant entre une volonté farouche de ne rien changer et une nécessité de changement radicaux. Nous sommes une génération confrontée à trouver des repères dans une société où l’illusion virtuelle se confond avec une réalité qui a peur du lendemain. Nous sommes une génération mariée de force à l’errance. Thème à la fois terrifiant et fondamental, l’errance s’inscrit au cœur d’une actualité dans laquelle la sensation de perte de repère n’a jamais été aussi prégnante. Qui suis-je ? Qu’est-ce que je fais là ? Quel est ma place dans ce monde en mouvement ? Quel est mon regard ? Errance est une tragi-comédie multidisciplinaire, impliquant de la danse, de la musique, du chant, et de la vidéoprotection.

Nous avons travaillé selon deux axes :
• L’axe de réalité : la vie d’un groupe, avec chacun ses errances, ses craintes, et ses espoirs, vivant dans une société traumatisée par une catastrophe environnementale ayant eu lieue 3 ans plus tôt.
• L’axe des tableaux d’Errance : plongée dans un monde onirique, sans temporalité, universel et intime venant du fait que la plupart des textes ont été écrits par les artistes eux mêmes.
Ainsi, la ligne dramaturgique a été construite selon un procédé d’entrelacement d’un monde onirique propre au théâtre, et d’une réalité plus crue, venant casser la beauté des tableaux et permettant aux spectateurs de voir l’envers du décor, tout en étant confrontés à la fois à des questions d’actualités environnementales, sociétales et politiques. Avec cette légère mise en distanciation dû au fait que l’action se passe en 2030.

LA LETTRE À FRANCO

La Lettre à Franco, c’est le cri d’un fils à celui qui a fait disparaître son père. Un seul en scène adapté du texte de Fernando Arrabal, poète, dramaturge et enfant blessé par l’histoire. Ce n’est pas une lettre classique, mais un vertige d’émotions et Arrabal y convoque l’Histoire à sa manière avec baroque et une liberté immense.

Face au fantôme de Franco, il ne répond pas par la haine mais par l’art. Il fait rire, il choque, il déroute. Il mêle le grotesque au sacré, l’intime au politique, dans une langue fulgurante. À travers cette parole, il nous rappelle combien les discours autoritaires et nationalistes peuvent revenir sous d’autres masques. Ce spectacle est un acte de mémoire autant qu’un acte de vie. Un théâtre de l’urgence, de la lucidité, de l’insoumission. Pour ne pas oublier. Pour continuer à résister. Pour redonner au cri du poète toute sa nécessité.

En 1971, Fernando Arrabal adresse une lettre ouverte au dictateur Francisco Franco. Ce seul en scène donne corps à cette adresse historique, où la parole devient acte de résistance, d’insolence et de mémoire.

Accusé de blasphème, censuré, persécuté, Arrabal fut condamné à mort avant que l’intervention de personnalités internationales ne le sauve in extremis.

Cette lettre reste un geste artistique et politique d’une rare intensité, où l’humour noir se dispute à la douleur d’un peuple muselé.

Arrabal le poète écrit au dictateur Franco, Il lui parle comme on parle à un fantôme qu’on ne veut pas laisser tranquille. Il le provoque, l’insulte, le questionne. Et entre deux gifles, il le tutoie presque tendrement. Il y a là quelque chose d’étrange, d’humain, de bouleversant.

Ce texte est surtout la voix d’un homme qui essaie de comprendre, de ne pas oublier, de ne pas devenir fou avec l’oubli.

Nous voulons aujourd’hui faire entendre ce texte, pour ce qu’il dit du pouvoir, de la mémoire, de la peur, de la honte. Parce que partout dans le monde, on voit revenir des formes de contrôle, de violence d’État, de négation des histoires individuelles. Et que ce texte, dans son excès même, nous rappelle à notre vigilance, à notre part d’enfance, à notre besoin de désobéir.

Nous voulons transmettre cette lettre comme un acte vivant. Une parole qui tremble, qui attaque, qui éclate de rire au mauvais moment. Un monologue qui dit : « Je n’ai pas les réponses, mais j’ai la mémoire, et je suis vivant. »

L’ALPHABET DES PROVIDENCES

Glénand Axolotl, écrivain hanté par ses échecs, rédige sans le comprendre un texte sur le fameux incendie de la bibliothèque d’Alexandrie. Il ignore qu’en différents points du globe d’autres auteurs écrivent simultanément, et sans consultation mutuelle, le même récit. Lorsque son œuvre est révélée, elle devient le centre d’un tumulte mondial, soulevant des questions vertigineuses : plagiat collectif, phénomène paranormal, message divin ou mystère encore plus insondable ?

Avec L’Alphabet des Providences, sa 5ème création, le Théâtre de la Suspension déploie un récit où la puissance du narratif architecture notre identité collective à travers le temps.

VIOLET

Tout se passe dans un sous-sol froid, lugubre, inhospitalier. Des tapis élimés jetés au sol. Des parois de béton brut, imbibées d’humidité. De vieilles lampes de chantiers dont les lumières, vacillantes, tracent des formes étranges aux murs. Cinq adolescent.es entrent. Ils sont gauches, ils ont le visage peint en blanc et le crâne piqué de cheveux noirs, artificiels. Ils ont l’air de pantins ou de poupées, tout droit sorties d’un mauvais rêve. Ils forment un groupe de rock. Ce soir, ils sont venus pour répéter.
À travers un texte bref et incisif, Violet brosse le portrait sans concession de l’adolescence contemporaine, avec tout ce que cela implique de tendresse, mais aussi de violence et de cruauté. La parole est rare mais toujours précise, comme si chaque mot, chaque silence même entre les mots, avait été étudié, soupesé, sélectionné pour viser juste – c’est-à-dire, le plus souvent, pile à l’endroit de la douleur.

EL REGRESSO – LE RETOUR

Performance poétique

D’après la poésie de Federico García Lorca, Antonio Machado, Miguel Hernández, León Felipe, Rafael Alberti et Luis Cernuda.

Une balade inspirée de l’esthétique lorquienne. Un parcours à travers la poésie espagnole, pour un retour dans les univers de ces poètes disparus pendant la guerre civile ou dans l’exil.

Les vers et la musique deviennent les outils d’un devoir de mémoire collective pour les générations futures.

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PROGRAMME

CANCIÓN TONTA – García Lorca
PARÁBOLAS – Antonio Machado
SÉ TODOS LOS CUENTOS – León Felipe
ROMANCE DE LA LUNA LUNA – García Lorca
PEREGRINO – Luis Cernuda
SON DE NEGROS EN CUBA – García Lorca
BAILE – García Lorca
LA CASADA INFIEL – García Lorca
EL SILBO DE LA LLAGA PERFECTA – Miguel Hernández
SI MIS MANOS PUDIERAN DESHOJAR  – García Lorca
EL AMOR DUERME EN EL PECHO DEL POETA – García Lorca
UN ESPAÑOL, HABLA DE SU TIERRA – Luis Cernuda
GENOVÉS 1970, PINTOR – Rafael Alberti
GUERRA – Miguel Hernández
EL PAYASO TIENE LA PALABRA – León Felipe

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