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LA LOI DU TRIPLE RETOUR

Dans un futur proche où le stockage des données est devenue une ressource limitée, chaque individu ne peut laisser derrière lui que trois souvenirs essentiels, choisis au moment de sa mort lors d’un rituel de purge appelé la Loi du Triple Retour. Le reste — journaux intimes, archives numériques, traces affectives — est définitivement effacé, selon une logique éthique, écologique et politique.

Habituellement confié à une I.A. culturelle nommée Mnémé, ce processus de sélection est ici exceptionnellement remis à un homme : Ephrem, archiviste épuisé, chargé d’extraire les trois fragments mémoriels qui résumeront l’existence de Kévin Ravissement Jr, milliardaire controversé, esthète mégalomane, et stratège du récit de soi. Alors que les souvenirs choisis feront foi pour les générations futures, Ephrem engage une lutte avec les souvenirs du défunt — qui ne cessent de se contredire, se dédoubler, se rejouer. En orchestrant sa postérité, Kévin Ravissement Jr. transforme le rituel du Triple Retour en une interrogation profonde sur la nature même du souvenir.

LE CABARET DU CAMPEMENT

Le Cabaret du Campement est présenté par la Coopérative 326 et le cabaret « Chez Zézette ».

Zézette organise des cabarets en donnant l’espace à des invité.e.s. Habituellement au Barlone, à Paris, Zézette se délocalise au Théâtre de l’Épée de Bois pour ce magnifique projet commun avec la Coopérative 326, le dimanche, pour poursuivre la représentation du Roi se meurt.

C’est l’incroyable Direction Rigoureuse des Approximations Glamour qui va retourner le Hall !

Pendant que chacun.e casse la croûte, ou pas, les créatures de la D.R.A.G décalent la réalité.

Pour se mettre en chauffe, les Walking Queens vont animer un karaoké bien particulier.

Ensemble, spectateurs et créatures traversent la soirée.

Le cabaret « Chez Zézette »

« Nan mais c’est dingue, on ne peut plus rien dire ! », entendu aux toilettes après une représentation de la pièce Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco.

De crises mondiales en malaises collectifs, seul le territoire individuel reste à notre main. Pendant que les urgences montent en flèche, le temps ressenti s’accélère sans jamais rien produire de neuf. Cette vitesse n’est pas incontrôlable. Elle peut s’arrêter à notre volonté. C’est dans le temps suspendu d’un cabaret que les poussières se mettent à scintiller.

Ce que raconte socialement la succession des chocs politiques devient un gigantesque crash au ralenti. De ce chaos fracassant où tout est compliqué, long et laid, réapparaissent les résistances.

Le cabaret « Chez Zézette » en est une où l’individu existe, est vu, est entendu. Que tu sois artiste, public, technicien.ne, tout cela en même temps ou même que tu sois cette « petite voix des toilettes », tu seras entendu, soutenu, aimé ou détesté mais jamais nié.

Chez Zézette, on ne vient pas voir du cabaret, on fait cabaret, ensemble. Et pour faire cabaret au campement, Zézette a invité ses copines de la Direction Rigoureuse des Approximations Glamours parce qu’elles en connaissent un rayon sur la folie.

Chez Zézette, il n’y a pas que le cabaret qui couine.

La Direction Rigoureuse des Approximations Glamour

La D.R.A.G, Direction Rigoureuse des Approximations Glamours est un collectif d’artistes se retrouvent autour de la pratique du cabaret. Résolument inventive, rigoureusement glamour et absolument décalée, la compagnie propose des revues hautes en couleurs ou l’on croise chant, marionnettes, transformisme, sketch, danse, effeuillage burlesque, chant signe et musique live.
Il ne manque plus que vous !
Soyez cabaret !

The Walking Queens

Les Walking Queens est une troupe de drag queens qui avancent pas à pas depuis 8 ans dans Paris pour promouvoir le vivre ensemble dans un environnement fracturé. Depuis 2024, elles animent tous les dimanches un karaoké au Barlone, à Paris.

INVITATIONS SONORES – CARTE BLANCHE À JÉRÉMY SIMON

Dans le cadre de son « campement”, la Coopérative 326 a décidé de proposer à Jérémy SIMON de porter tous les samedis à 19h une série de concerts, Carte Blanche lui donnant l’opportunité de développer durant 6 semaines l’expression du message artistique qu’il porte.

Il a imaginé cette série de 6 concerts en 4 actes, telle une pièce de théâtre traitant des liens tissés et invisibles qui guident notre existence.

L’accordéon chromatique de concert (bayan) et l’accordina accompagnent Jérémy SIMON sur scène.
Son jeu fort d’une expressivité sensible, énergique et puissante emmène les spectateurs dans un voyage musical inédit et émouvant, métissage des esthétiques classique, jazz et traditionnelle dans lesquelles il a grandi.
Cette singularité de parcours l’amène à évoluer dans des ensembles d’univers radicalement différents : du jazz aux musiques traditionnelles du monde, de la chanson au rock, de la musique contemporaine au monde classique.
Spécialiste de l’improvisation, il est aussi un habitué de l’exercice de la composition ou de l’écriture littéraire. Ce qui le passionne est la rencontre et le partage des cultures : il échange avec des artistes du monde entier (Cuba, Brésil, Maroc, Angleterre, Iran, Arménie, Algérie, Bretagne).

ACTE 1 : Solidarité(s)
Liens tissés entre les vivants – Jazz du monde
par le Jérémy SIMON 5tet
​Samedi 04 et 11 Octobre 2025, 19h

Pour la première fois de sa carrière, Jérémy SIMON décide de donner vie à l’univers musical qu’il incarne, celui qui se construit en lui depuis tant d’années. Ce monde sonore qu’il offre est le fruit du mélange des couleurs de la large palette des expériences de ce musicien aux multiples facettes.
Sans filtre, il livre avec le Jérémy SIMON 5tet les émotions et l’énergie qui sont présentes au plus profond de son être.
Entre jazz et volupté, entre intimité et explosion d’énergie, la musique du compositeur accordéoniste vous invite à un voyage insolite et émouvant.
Le premier opus du projet, SOLIDARITÉ.S, explore les liens si étroits tissés entre les individus, entre les êtres humains. Il interroge sur le rapport à l’autre, sur le rapport au monde qui nous entoure et sur le rapport à soi. Chaque lettre du titre apporte un mot, une sensation décrite poétiquement par le compositeur. Cet opus est une ode à la bienveillance et à l’écoute de sa paix intérieure.

Distribution :
Jérémy SIMON (accordéon de concert, accordina, voix)
Romaric BOUGÉ (trompette) apporte la sensibilité et la justesse du son de sa trompette. Grand spécialiste du jazz, il est directeur de l’Orchestre de Jazz de Bretagne et joue dans différentes formations en Bretagne, comme Kendirvi ou le Wipidoup jazz band.
Emmanuelle BRUNAT (clarinette basse) offre la rondeur et la délicatesse de sa clarinette basse. Premier prix du CNSM de Lyon, elle évolue dans différentes formations qui explorent le métissage des cultures, comme le Collectif La Boutique, le PMO (Paris Mozart Orchestra) ou le duo Accord’ébène.
Nicolas KERVAZO (piano) partage son ouverture esthétique et la technicité harmonique de son jeu pianistique. Plus connu comme guitariste (Arvest, Konoz, Fabienne Marsaudon), il retrouve dans ce projet artistique son premier instrument de coeur, le piano. L’improvisation musicale est sa spécialité.
Jérôme KERIHUEL (batterie, percussions) colore la musique du quintet de la magie de ses percussions et de son jeu si singulier, métissage du jazz et des musiques traditionnelles du monde. Il a parcouru les continents avec différentes formations (Didier Squiban, Dan Ar Braz, Ndiaz), notamment avec ses tablas.

ACTE 2 : Reflet(s)
Liens construits entre l’inspiration et la création – jazz breton et contemporain
par Rozenn LE TRIONNAIRE & Jérémy SIMON
​​Samedi 18 Octobre, 19h
​Improbable rencontre musicale, voyage artistique exaltant.

Créé en 2021, le duo constitué de Rozenn LE TRIONNAIRE et Jérémy SIMON explore un répertoire au croisement entre la musique classique, le jazz et la musique traditionnelle bretonne. L’univers du pianiste et compositeur Didier SQUIBAN est la matière qui a inspiré la création de ce concert intitulé « Reflets / Skeud ». Cet artiste breton a d’ailleurs produit le premier album du duo, sorti en mars 2024.
Le concert est parsemé de compositions du pianiste breton et de pièces écrites tels des reflets de ces œuvres par Jérémy SIMON.

Émotion, chaleur, virtuosité et évasion sont les mots qui définissent l’expression de ce projet artistique.

Distribution :
Rozenn LE TRIONNAIRE (clarinettes) enregistre en orchestre de chambre sous la direction de Trevor Pinnock et se produit en soliste avec l’Orchestre Philharmonique du Liban et l’Orchestre du Presteigne Festival (Pays de Galles). Diplômée de la Royal Academy de Londres et passionnée par ses collaborations variées avec Pierre Boulez ou encore Albin de la Simone, Rozenn intègre en 2020 l’ensemble Contraste. Elle a enseigné à l’université de King’s College, au conservatoire Berlioz à Paris, et donne désormais des masterclasses en France, Chine, Tunisie et au Maroc.
Jérémy SIMON (accordéon de concert, accordina)

ACTE 3 : Humain(s)
Liens entre l’Homme et le monde qui l’entoure – concert-lecture d’inspiration bretonne contemporaine
par le duo COMME UN SOUFFLE
​Samedi 25 Octobre et Samedi 01 Novembre, 19h

Ce spectacle vous propose d’entrer dans l’univers poétique de la littérature.
Les compositions de l’accordéoniste diatonique Morgane SIMON y rencontrent les improvisations de l’accordéon chromatique de concert de Jérémy SIMON, le temps d’un concert lecture proposant une réflexion sur la vie, l’existence.
La musique d’inspiration bretonne, accompagnée de façon contemporaine, rencontre les réflexions d’écrivains talentueux (Bauchau, Jaccottet, Schmitt, Blanckaert, Rimbaud).
Le temps de ce spectacle, les deux accordéons ne forment plus qu’un, petit et grand soufflets se rassemblant « comme un souffle… »

Distribution :
Morgane SIMON (accordéon diatonique, lectures) est une enseignante de Français au collège et artiste musicienne, originaire de Bretagne, née en 1985. Passionnée de littérature, elle aime mettre en musique les mots et les maux.
L’accordéon diatonique est pour elle un moyen d’expression : il met en lumière ce que les écrits ne peuvent exprimer et donne force aux propos. Elle joue pour le plaisir, le partage et la joie et a officié durant de nombreuses années dans diverses formations musicales bretonnes.
Jérémy SIMON (accordéon de concert, lectures)

ACTE 4 : Origine(s)
Liens entre l’histoire d’un lieu, la Cartoucherie, et les individus qui le côtoient – concert dessiné improvisé
par Gildas JAVA & Jérémy SIMON
Samedi 08 Novembre, 19h

Les artistes Gildas JAVA (dessinateur) et Jérémy SIMON (musicien) du Collectif Mosaïque croisent leurs expériences d’improvisateurs des traits et des sons pour aller à la rencontre de l’histoire de chacun, de notre genèse, de vos racines.
Toute la durée du “campement” de la Coopérative 326, le musicien breton va aller à la rencontre des personnes qui gravitent autour de la Cartoucherie de Vincennes en collectant et enregistrant leurs témoignages quant à l’histoire de ce lieu emblématique.
Le temps de ce spectacle/performance, Gildas et Jérémy donnent la parole à ces faiseurs du quotidien, aux acteurs, aux employés, au public de la Cartoucherie de Vincennes. Ils mettent en musique et en dessins les voix de toutes ces personnes et racontent ainsi l’histoire du lieu à travers le récit romancé d’un vieux facteur.

Distribution :
Gildas JAVA (dessin) est un dessinateur breton qui a fait ses armes aux éditions Déméter pour qui il a dessiné la série La IIe rédemption. Il a également collaboré au collectif Brest en bulle pour les éditions Le Télégramme. De 2023 à 2024, il collabore avec le journaliste Yvonnick DENOËL et dessine la bande-dessinée documentaire “La Fortune de Poutine” aux éditions Nouveau Monde. Il est spécialisé dans l’exercice du dessin en direct.
Jérémy SIMON (accordéon de concert, voix)

DOUX OISEAU DE JEUNESSE

À San José, dans une chambre d’hôtel, un jeune homme ambitieux et une actrice célèbre mais déchue se retrouvent le temps d’une nuit. Il espère encore percer, elle fuit l’humiliation. Leurs deux solitudes se confrontent, entre illusions qui s’effilochent, marchandages et restes d’espoir.

Tennessee Williams explore ici les fractures d’une Amérique des années 50, marquée par le racisme, le puritanisme, le pouvoir patriarcal. Le monde du cinéma hante la pièce comme un mirage féroce. Sur cette toile de fond brutale, il dessine des figures blessées, vibrantes, traversées par le désir, la honte, la rage de ne pas disparaître.
Cette mise en scène s’attache à faire entendre la langue sensible et directe de Williams, à laisser vivre les corps, les tensions, les flux de paroles et les silences. Elle cherche à ouvrir un espace de jeu où les contradictions des personnages peuvent exister pleinement : entre colère et tendresse, grandeur et chute, rire et blessure. Là où la réalité rencontre la poésie. Et où, malgré tout, une forme de fraternité d’âmes peut surgir.

*

Amérique des années 50, au bord du golfe du Mexique. Une chambre d’hôtel, un duo étrange : Chance Wayne, encore très séduisant malgré les années, revient dans sa ville natale, sans succès ni avenir, porté par un seul espoir : retrouver Angéline, son amour de jeunesse. Fille d’un politicien local, John Finley, raciste, ambitieux et brutal, elle est désormais tenue à distance, recluse par un père prêt à tout pour protéger sa réputation. Chance n’est pas seul. À ses côtés : Alexandra De Carlo, alias Princesse, star vieillissante, fuyant l’écran qui trahit ses traits et la gloire déchue. C’est au creux d’une nuit d’effondrement que Chance l’a recueillie, au pied d’un escalier, avant de l’entraîner avec lui vers le Sud, dans sa Cadillac. Lui rêve de célébrité, elle cherche l’oubli. Leur pacte est en apparence simple : il l’aide à s’effacer et à lui rendre la vie plus douce, elle lui donne les moyens de briller. Mais entre alcool, drogue et transactions financières, se noue une relation trouble, mêlant cynisme, désir et solitude. « Quand un monstre en rencontre un autre, il faut bien que l’un dévore l’autre », dira Princesse.

Mais à San José, le retour de Chance déclenche une onde de choc. Le gouverneur Finley prépare un meeting. Il veut y exhiber la jeunesse blanche du Sud, enterrer les scandales : l’opération subie par sa fille — causée, dit-on, par une relation passée avec Chance — et le lynchage d’un jeune homme noir qu’il a lui-même orchestré. Finley exige la présence publique de sa fille. Devant son refus, il menace : si Chance ne quitte pas la ville, il sera mutilé. Le meeting vire à l’émeute. Pendant ce temps, à l’écran, le film d’Alexandra triomphe. Son aura, qu’elle croyait flétrie, redevient iconique. Elle retrouve assurance, vanité, pouvoir. Elle offre à Chance une issue : fuir avec elle. Mais il refuse. Chance reste. Seul, vide, en bout de course. Il a tout perdu : l’amour, la jeunesse, ses illusions. « Notre ennemi à tous, c’est le Temps », dira-t-il en dernier. Et il attend, sans fuir, que la violence du monde s’abatte sur lui.

TROIS CLOWNS À LA MER

Trois clowns à la mer a pour point de départ et de loin en loin, l’histoire du navigateur Bernard Moitessier (1925 – 1994) qui a subjugué le monde entier lorsque qu’il fit cap à l’Est au lieu de remonter vers l’Europe après son passage du Horn, renonçant ainsi à franchir la ligne d’arrivée alors qu’il était annoncé vainqueur de la première Golden Globe Challenge en 1968.

Ce premier tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, par les trois caps, s’appellera La Longue Route en référence au livre écrit par Bernard Moitessier qui racontera cette aventure avec acuité et passion. À la surprise générale, il décidera donc de prolonger sa longue route d’un demi-tour du monde supplémentaire en repassant, après le Cap Horn, à nouveau par le Cap Bonne Espérance, direction le Pacifique.

Son périple solitaire sur son bateau Joshua durera près de 10 mois, un exploit totalement inédit à l’époque : il pulvérisera ainsi le record de la plus longue traversée en solitaire sans escale et sans assistance avec quelques 37 455 milles parcourus, soit 69 367 kilomètres. Mais ce qui marqua aussi les esprits, et qui fut repris dans les journaux du monde entier, c’est qu’il renonça à gagner la course et à rentrer en Europe car, dira-t-il, alors : « …je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme ».

« Sauver son âme » : il n’en fallait pas plus à Gramblanc, marin lui-même dans une autre vie, pour prendre à son propre compte cette injonction existentielle et se laisser griser par l’appel du large. Cette évocation de la navigation solitaire en haute mer dans Un Clown à la mer est un hommage aux circumnavigateurs, aventuriers des temps modernes, qui choisissent de vivre une aventure humaine hors norme, un dépassement de soi et une expérience des limites, que le poète et marin d’exception qu’est Bernard Moitessier a si bien su raconter et décrire dans ses écrits publiés aux éditions Arthaud, comme Vagabond des mers du sud (1960), La Longue Route (1971) ou encore Cap Horn à la voile (1995). Ses enseignements et ses livres ont contribué à susciter de nombreuses vocations maritimes. Ils ont marqué l’histoire de la plaisance et des courses au large.
En dehors de ce parcours hors norme de navigateur des mers du monde, Bernard Moitessier consacrera aussi une partie de sa vie à la défense de la cause écologique et en particulier à l’autosuffisance alimentaire dans les atolls polynésiens. Il sera aussi à l’origine d’un projet de plantations d’arbres fruitiers dans les communes de France dans les années quatre-vingt. La famille de dodos d’Un Clown à la mer, qui est le symbole même de la disparition des espèces due à la main de l’homme, est aussi là comme un écho à cette préoccupation que Bernard Moitessier a eu de ces questions politiques, qui sont aujourd’hui d’une très brulante actualité.
Aujourd’hui, Bernard Moitessier repose en terre dans un petit village du golfe du Morbihan, au Bono. Sa tombe évoque tout l’exotisme et la fantaisie de sa vie : palmier, galets, objets marins et dessin de la longue route reproduit sur une pierre de schiste délimitent ce coin de cimetière pas comme les autres, qui reçoit régulièrement la visite et les offrandes des marins de passage qui viennent lui rendre hommage ou de tous ceux qui veulent sauver leur âme.

Extrait du texte :
«… Fier-à-bras, trêve de pompon, ma boussole.
Je ne perds pas le nord.
Mes latitudes et longitudes sont bien tracées, carte à l’appui et compas dans l’oeil… AÏE !
Je sens nos âmes se revigorer, se déployer et claquer comme des fanions pris dans le lit d’un vent capricieux.
Mon corps est déjà parti en mer, il tangue et il danse, il danse.
Je mets les voiles.
Je pars pour rêver encore, pour mourir peut-être, pour vivre intensément et faire pipi dans le pacifique.
Un rêve de grand, un grand rêve ! … »

***

LE « CAMPEMENT »

La Coopérative 326, monte son « campement » au Théâtre de l’Épée de bois du 2 octobre au 9 novembre 2025.  Un « campement », c’est une infiltration poétique où le temps et l’espace sont les deux premiers composants d’un axiome sensible dont le troisième volontaire est d’interroger notre humanité par le désir des rencontres et le croisement joyeux des regards.

La conférence Le clown, un spectre à la croisée des arts et de la littérature – Rencontres organisées par Jean-Pierre Han et la Revue Frictions, dans LE HALL les vendredis 03 octobre et 10 octobre de 14h à 18h.

Le Cabaret du campement – Une production Chez Zézette avec la Coopérative 326, la D.R.A.G. (Direction Rigoureuse des Approximations Glamours) et de belles surprises, dans LE HALL les dimanches du 05 octobre au 09 novembre de 19h à 23h.

Les Invitations sonores – Carte blanche à Jérémy Simon – dans la SALLE EN BOIS les samedis du 04 octobre au 08 novembre à 19h.

ANTIGONE

Nous sommes à l’heure des morts. Tous juste le premier matin après la guerre, dont on perçoit encore l’écho lointain. Et il faut réparer, reconstruire, réunir ce que la haine et la peur ont délié et défait. Et dans cette nécessité que tous éprouvent, d’une cérémonie qui fasse se rencontrer dans lemystère les vivants et les morts, il n’y a d’aucune part, individuellement, collectivement, de volonté mauvaise.

À Thèbes, cité dont Œdipe fut le roi.
Créon, oncle d’Œdipe, est le tout-nouveau roi.
Il est le frère de Jocaste, qui fut la mère – et la femme d’Œdipe .
De l’union incestueuse de Jocaste et Œdipe sont nés quatre enfants. Deux garçons, Étéocle et Polynice, et deux filles, Antigone et Ismène.
Lors de l’exil du roi Œdipe il avait été convenu que les deux frères règneraient
alternativement, chacun pendant une année. À la fin de la première année, Étéocle refuse de céder sa place. Polynice rassemble une armée et attaque la cité de Thèbes. Dans cette guerre civile les deux frères s’entre-tuent.
La guerre s’achève, et la pièce commence.
Créon, qui a reçu le pouvoir, décrète que pour avoir pris les armes contre sa propre ville
Polynice devra être laissé sans sépulture.
Antigone brave l’interdit et recouvre le corps de son frère pendant la nuit.
Les débats sont ouverts…
Bien que promise à épouser le fils de Créon, Antigone sera condamnée à être enterrée vivante.

Le texte, composé à partir de plusieurs traductions, ne sera pas intégral.

À l’aube de sa carrière d’écrivain de théâtre, comme il aimait se qualifier lui-même, Michel Vinaver a écrit ces chœurs destinés à être insérés dans la pièce en remplacement de ceux composés par Sophocle.

Il s’agit de six séquences qui jalonnent l’action et la commentent, la questionnent. Propos épars et pourtant cohérents, signifiants, qui naissent au gré de discussions collectives, comme au café, sur une place. Les personnages ne sont pas nommés, ni dénombrés. Les Voix du Monde… Il y a peu à peu comme une magie de la parole quotidienne : c’est tout l’art de Vinaver. Sa musique à lui. Et c’est de cette matrice, de ce peuple d’anonymes que sortiront tous les protagonistes.Ce chœur est constitué par nos contemporains. Ils parlent notre langue d’aujourd’hui,parce que cette histoire nous arrive aujourd’hui.

– La victoire est douce
– Autant que l’alerte a été chaude
– Quelles seront les réjouissances ?
– Convient il vraiment de se réjouir ?
– Oui puisque la ville est sauvée – Mais Étéocle y a laissé sa vie
– Étéocle était un bon roi. Mais un roi meurt, un autre le remplace
– Est-ce vrai qu’Étéocle est mort des mains de son propre frère ?
– Oui et en même temps il l’a tué
– Pourquoi l’autre frère attaquait il les murs de son pays ?
– C’est une honte de porter la guerre contre sa propre ville
– Mais il avait de bonnes raisons
– Il n’y a pas de bonnes raisons pour combattre les siens
– Il suffit de tâter du pouvoir pour y prendre goût
– Mais il y avait un accord entre les deux frères
– Il ne sortira rien de cette victoire
– Sort-il jamais rien de la guerre ? Qui perd veut prendre sa revanche
– Un accord que l’on tient vaut mieux que la plus grande victoire.

…Ce sont les premières paroles… Et en effet nous sommes au premier jour. Après le déluge. Le premier matin du monde. Ou bien son dernier printemps ? On ne sait pas le dire. Le rêve, encore… Le va-et-vient d’une langue à une autre, Vinaver, Sophocle, le collage, pourra en accentuer l’effet. Quelle partie rêve l’autre ? Que la figure exemplaire d’Antigone soit aussi celle qui se détache des autres par la clarté et l’exactitude de sa parole sans appel, et que cette parole finisse par être étouffée : voilà peut-être l’image la plus actuelle de notre tragique humanité.

KATTE, LA TRAGÉDIE DE L’AMANT DU PRINCE DE PRUSSE

En 1730, dans le tout nouveau Royaume de Prusse et sa nouvelle capitale Berlin, le Roi Guillaume impose sa démesure martiale à tout l’état et fait régner la terreur dans sa propre famille.  Ce qui fit dire plus tard à Mirabeau : « La Prusse n’est pas un État qui possède une armée, c’est une armée ayant conquis une nation ».

Les choses ne pouvaient que mal aller entre un père qui ne s’intéressait qu’à la guerre et à la chasse, et un fils qui ne voulait que jouer de la flûte et lire des poètes français. Confronté à la brutalité croissante du Roi, le jeune prince Frédéric, (« On n’est pas sérieux quand on a 17 ans »), trouve comme allié, en plus de sa sœur aînée Mine, sa confidente de toujours, un fringant officier de la garde royale, Hans-Hermann von Katte, dont il tombe amoureux.

Un jour où Frédéric a été battu et humilié publiquement par son père, il décide de s’enfuir vers la France, avec la complicité de Katte. Or le Roi fait rattraper les fugitifs, et, malgré les supplications de la Reine, de la princesse Mine, et de toutes les cours d’Europe, il fait décapiter Katte sous les yeux horrifiés de Frédéric.

Tel est l’argument de l’histoire dont Besset s’est inspiré pour renouer avec la grande tradition française d’une tragédie en alexandrins.

7 MINUTES (COMITÉ D’USINE)

« Nous voulons être libres, mais nous avons peur de la liberté.
Choisir, décider, est une obligation autant qu’une liberté. »
Stefano Massini

Dix femmes du comité d’usine de Picard & Roche attendent la onzième, leur porte-parole, qui depuis quatre heures négocie leur avenir avec les nouveaux patrons. À son retour, elles doivent voter au nom des deux cents ouvrières et employées qu’elles représentent. La proposition des costards-cravates est simple : si les ouvrières et employées de Picard & Roche acceptent de rogner sept petites minutes sur leur temps de pause du midi, l’usine ne fermera pas, et tous les emplois seront sauvegardés.

S’engage alors un thriller social qui ouvre une double réflexion sur la valeur marchande du travail et la prise de conscience des mécanismes de domination patronale. La proposition des nouveaux repreneurs, si elle semble honorable, impose à ces femmes un choix crucial. Pour sauver l’usine, leurs collègues, et elles-mêmes. À l’euphorie de la bonne nouvelle (l’usine ne ferme pas) succède un échange où chacune prend parti selon sa personnalité, son ancienneté, ses nécessités familiales ou personnelles, et son souci du collectif.

Qu’est-ce que nous sommes tous prêts à accepter pour garder notre boulot ?

C’est Blanche, la porte-parole du comité d’usine, qui pose la question. C’est aux autres, par leur vote, de répondre. Et au public de se faire sa propre idée. Une seule demande, presque anodine, un « pas » vers la direction, en renonçant à moins de la moitié de leur pause, donc à seulement sept minutes. Et seulement une heure pour choisir pour les deux cents employées de l’usine. Un ultimatum.

La pièce haletante de Stefano Massini nous immerge en temps réel dans les étapes tendues d’un cheminement capital. Une partition chorale sur le parcours de chacune vers une pensée commune, qui ouvre une réflexion sur la difficulté d’une démarche en collectif, sur ce que représente le fait de choisir, de se mettre d’accord, de se convaincre, de croire en la parole d’une autre.
Ces femmes sont d’âges et de parcours divers, à des moments différents de leur vie ; chacune appréhende la situation à sa façon. C’est une pièce sur les limites, sur nos marges de renoncement. La pièce propose un théâtre politique, mais pas militant. Parce qu’un comité d’usine n’est pas un syndicat. L’enjeu central n’est pas ici la lutte elle-même, mais le trajet pour aller ou non vers elle.

Ce cheminement de pensée, qui traverse chacune des onze ouvrières et employées de Picard & Roche, en une heure, concentre dans la tension qu’il amène tout ce à quoi il faut renoncer pour avancer ensemble : d’abord, renoncer aux évidences, et consentir à un effort pour que l’usine ne ferme pas. Jusqu’où accepter de se compromettre ?
La structure dramaturgique de ce huis clos nous fait suivre une pensée en mouvement dans un temps donné. Blanche, qui a représenté ce petit groupe durant la longue négociation avec les nouveaux patrons de l’usine, incite ses collègues à prendre le temps de réfléchir à ce que représente cette pause, a priori dérisoire face aux emplois sauvegardés.

Est-ce « un luxe ou un droit ? » demande-t-elle. Ces sept minutes cristallisent un rapport plus global au temps en nous conduisant à considérer ce qui est ou non essentiel. Et affirme aussi que cette même notion du temps joue toujours en faveur des patrons, qui ont les moyens d’attendre, et de faire monter la pression. C’est aussi une guerre d’usure, qui compte sur le découragement des ouvrières, sur le flétrissement de leur engagement.

Olivier Mellor

MADEMOISELLE H

Des espions britanniques infiltrés, assez proches du führer pour pouvoir accéder à sa nourriture, avaient comme plan de saupoudrer son repas quotidien d’hormones féminines étant censées adoucir ses mœurs agressives.
Ce fait historique est le départ de l’écriture de Mademoiselle H.
Mademoiselle H est un showman qui brille par le succès de ses bides.
Un jour, un inconnu l’approche et lui propose un texte. Il s’agit d’un discours, celui du Führer.
Être son sosie et peut-être la gloire à ses portes, c’est également le deal de cet inconnu.
Mademoiselle H tente alors la confrontation avec le public.

OPÉRA – STUDIO

L’association Lyricando propose deux œuvres « phare » de l’opéra italien du XIX° siècle.

Toutes deux dressent un portrait de femme que la maladie emporte et dont la condition sociale détruit toute possibilité d’accéder au bonheur et à l’amour.

Des générations d’auditeurs se sont reconnues et se reconnaissent encore dans ces deux figures qui disent les espoirs et les vicissitudes de la vie avec ce que l’art lyrique sait transmettre de plus sublime et de plus bouleversant.

Nous nous proposons de mettre en regard les deux titres afin de confronter deux visions différentes d’une même thématique. La Traviata prise comme illustration parfaite de l’opéra romantique italien et La Bohème comme témoin d’une mutation dans notre vision de l’aventure humaine qui nous projette dans la modernité.

Chaque œuvre sera présentée accompagnée au piano dans une version réduite d’une heure vingt environ.

La Traviata, Giuseppe Verdi, 1853, d’après La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils

La vie tumultueuse et tragique d’une courtisane dans le Paris du milieu du XIX° siècle. Violetta sacrifie son amour et sa vie pour sauver l’honneur d’Alfredo, le seul homme qu’elle a aimé passionnément.

La Bohème, Giacomo Puccini, 1896, d’après les Scènes de la vie de Bohème de Henry Murger

Un groupe de jeunes artistes dans le Paris du milieu du XIX° siècle. Mimi rencontre Rodolphe et c’est du difficile art d’aimer que va traiter l’opéra. Un art désormais soumis à une série de questionnements qui condamnent le tragique romantique au fait divers.