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UN CLOWN À LA MER

Un clown à la mer a pour point de départ et de loin en loin, l’histoire du navigateur Bernard Moitessier (1925 – 1994) qui a subjugué le monde entier lorsque qu’il fit cap à l’Est au lieu de remonter vers l’Europe après son passage du Horn, renonçant ainsi à franchir la ligne d’arrivée alors qu’il était annoncé vainqueur de la première Golden Globe Challenge en 1968.

Ce premier tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, par les trois caps, s’appellera La Longue Route en référence au livre écrit par Bernard Moitessier qui racontera cette aventure avec acuité et passion. À la surprise générale, il décidera donc de prolonger sa longue route d’un demi-tour du monde supplémentaire en repassant, après le Cap Horn, à nouveau par le Cap Bonne Espérance, direction le Pacifique.

Son périple solitaire sur son bateau Joshua durera près de 10 mois, un exploit totalement inédit à l’époque : il pulvérisera ainsi le record de la plus longue traversée en solitaire sans escale et sans assistance avec quelques 37 455 milles parcourus, soit 69 367 kilomètres. Mais ce qui marqua aussi les esprits, et qui fut repris dans les journaux du monde entier, c’est qu’il renonça à gagner la course et à rentrer en Europe car, dira-t-il, alors : « …je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme ».

« Sauver son âme » : il n’en fallait pas plus à Gramblanc, marin lui-même dans une autre vie, pour prendre à son propre compte cette injonction existentielle et se laisser griser par l’appel du large. Cette évocation de la navigation solitaire en haute mer dans Un Clown à la mer est un hommage aux circumnavigateurs, aventuriers des temps modernes, qui choisissent de vivre une aventure humaine hors norme, un dépassement de soi et une expérience des limites, que le poète et marin d’exception qu’est Bernard Moitessier a si bien su raconter et décrire dans ses écrits publiés aux éditions Arthaud, comme Vagabond des mers du sud (1960), La Longue Route (1971) ou encore Cap Horn à la voile (1995). Ses enseignements et ses livres ont contribué à susciter de nombreuses vocations maritimes. Ils ont marqué l’histoire de la plaisance et des courses au large.
En dehors de ce parcours hors norme de navigateur des mers du monde, Bernard Moitessier consacrera aussi une partie de sa vie à la défense de la cause écologique et en particulier à l’autosuffisance alimentaire dans les atolls polynésiens. Il sera aussi à l’origine d’un projet de plantations d’arbres fruitiers dans les communes de France dans les années quatre-vingt. La famille de dodos d’Un Clown à la mer, qui est le symbole même de la disparition des espèces due à la main de l’homme, est aussi là comme un écho à cette préoccupation que Bernard Moitessier a eu de ces questions politiques, qui sont aujourd’hui d’une très brulante actualité.
Aujourd’hui, Bernard Moitessier repose en terre dans un petit village du golfe du Morbihan, au Bono. Sa tombe évoque tout l’exotisme et la fantaisie de sa vie : palmier, galets, objets marins et dessin de la longue route reproduit sur une pierre de schiste délimitent ce coin de cimetière pas comme les autres, qui reçoit régulièrement la visite et les offrandes des marins de passage qui viennent lui rendre hommage ou de tous ceux qui veulent sauver leur âme.

Extrait du texte :
«… Dorémi, trêve de pompon, ma boussole.
Je ne perds pas le nord.
Mes latitudes et longitudes sont bien tracées, carte à l’appui et compas dans l’oeil… AÏE !
Je sens nos âmes se revigorer, se déployer et claquer comme des fanions pris dans le lit d’un vent capricieux.
Mon corps est déjà parti en mer, il tangue et il danse, il danse.
Je mets les voiles.
Je pars pour rêver encore, pour mourir peut-être, pour vivre intensément et faire pipi dans le pacifique.
Un rêve de grand, un grand rêve ! … »

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LE « CAMPEMENT »

La Coopérative 326, monte son « campement » au Théâtre de l’Épée de bois du 2 octobre au 9 novembre 2025.  Un « campement », c’est une infiltration poétique où le temps et l’espace sont les deux premiers composants d’un axiome sensible dont le troisième volontaire est d’interroger notre humanité par le désir des rencontres et le croisement joyeux des regards.

La conférence Le clown, un spectre à la croisée des arts et de la littérature – Rencontres organisées par Jean-Pierre Han et la Revue Frictions, dans LE HALL les vendredis 03 octobre et 10 octobre de 14h à 18h.

Le Cabaret du campement – Une production Chez Zézette avec la Coopérative 326, la D.R.A.G. (Direction Rigoureuse des Approximations Glamours) et de belles surprises, dans LE HALL les dimanches du 05 octobre au 09 novembre de 19h à 23h.

Les Invitations sonores – Carte blanche à Jérémy Simon – dans la SALLE EN BOIS les samedis du 04 octobre au 08 novembre à 19h.

PHÈDRE

Ce grand poème dramatique rayonne intensément d’hier à aujourd’hui, et ne cesse de donner du sens en interrogeant nos vies. Ce poème dramatique est éclatant comme peuvent l’être les grands textes de Pasolini : un voyage immobile et visionnaire. Il trace bien sûr un lien ferme avec nos origines et notre vie contemporaine en évoquant en creux cette Grèce politique et culturelle des années soixante-dix. Et il réussit alors à parler du temps ; autrefois et ailleurs, ici et maintenant. Alors comment ne pas entendre par ce vrai- faux et superbe soliloque, un dialogue d’entre les morts à venir, une tentation/affirmation de la vengeance comme dernière œuvre ? Comment ne pas entendre le chaos du monde et de la Grèce « à la question » aujourd’hui ?
L’amante, le jeune homme et le mari, une situation de tragédie dans la cuisine qui nous ramène le mythe à un fait divers, et le fait divers au mythe. Une comédie de la vie ? C’est un peu cela, un moment privé nous est donné, une impudeur à cru. On se croirait dans une cage d’escalier, dans une tour de Babel où tout fait écho à la passion. Mais non, nous sommes dans un lieu calme, ouvert et beau et cela s’apparente à un coin de paradis. Mais sous les fougères et les herbes, à l’ombre de la nuit la conspiration, le meurtre, et la vengeance rôdent.

« La justice définitive de la mort et l’injustice de la vie » dit Phèdre.

Cette pensée à voix haute de Phèdre épingle ce moment qui s’étire entre eux, et définit d’une manière précise et hallucinée sa propre relation à son être, à sa famille, à son environnement, à ce lieu où elle rêve profondément éveillée. Elle convoque non seulement Hippolyte, mais elle-même pour une confession évidemment sans retour. Nous la verrons marcher entre ciel et terre sur ce fil de fer de la pensée, meurtrissant son corps tout entier avec pour objectif cette justice définitive de la mort face à l’injustice de la vie. Cette phrase accompagnera le travail de l’actrice qui vivra, mourra dans le corps de Phèdre. Se joindront à elle Hippolyte et Thésée. Nous serons tout entiers dans l’interstice de leurs jeux, les voyant courir à la catastrophe.
Pour convoquer ce travail et cette écriture, j’aimerais être dans un théâtre de sable où tout s’efface et perpétuellement recommence. Un théâtre qui semblerait immuable et qui s’inscrit malgré tout dans un changement presque imperceptible d’œuvre en œuvre. Un, deux, trois, soleil ! Et rien à peine n’a bougé… Un lieu qui évoque ce temps qui passe. Où l’on a l’impression d’être toujours chez soi et d’où l’on revisite tous les voyages possibles et à venir.
Pour être au plus près de ce théâtre je souhaite – avec Muriel Trembleau, la scénographe – métamorphoser un espace qui se définit comme la maison de Phèdre (un paradoxe, puisque dans le même temps elle n’est pas vraiment chez elle, à la fois forte et démunie, une invitée de trop).
Comment être à la fois dans la Grèce antique et celle d’aujourd’hui, transcendées toutes deux par le lieu singulier qu’est le théâtre, et être dans ce moment privé auxquels les spectateurs assistent ? Lieu immuable, temps immuable. Jouer sans doute sur cette idée du temps, élastique, qui interpénètre les époques. Un théâtre métaphysique ?
Un théâtre de fresques dont on a pris un seul fragment et qui joue pour nous la partie pour le tout.
La chorégraphie des corps sera celle du butoh. Cette danse de mort imperceptible, cette danse dramatique dédiée aux acteurs accompagnera le corps de nos personnages, accompagnera le mouvement des os dans leurs chairs. Travail que j’ai initié depuis plusieurs spectacles et qui m’accompagne à la fois dans mon parcours d’acteur et de metteur en scène.
La lumière de Georges Lavaudant sera comme un voile jeté sur la nuit de Phèdre. Nous serons aussi dans une convocation mais celles des essences. Que respirent-t-ils ? Et ces essences, nous devrons les sentir parce que nous les verrons.
À la fois sentir et voir.
Le son, l’espace sonore, feront écho à ces essences que je souhaite voir littéralement déchirées par les gestes des acteurs, un air vibrant et palpable comme la lumière.
La composition musicale de Marie-Jeanne Serero, à la fois âpre et aérienne, lancinera l’espace en répons aux corps des acteurs-danseurs. À la fois retrouver des sons anciens de la Grèce antique et redécouvrir l’œuvre des Pink Floyd. Interpénétration des époques encore une fois. Une mémoire. Pour mémoire.
Dans ce même ordre d’idée, les costumes travailleront cette fluidité des corps au féminin et au masculin dans la société populaire des années soixante-dix que je me plais à fantasmer. Je travaillerai avec les acteurs sur plusieurs sessions pour trouver une lente maturation, une lente descente dans le poème dramatique. Infuser. Toucher le fond.
Le théâtre étant à fleur de peau, il y a la nécessité et le désir de travailler en immersion pendant un temps très ouvert. Apprivoiser l’espace.
Et enfin, nous choisissons la traduction de Gérard Pierrat, qui réinvente la langue de Yánnis Rítsos. Elle a l’élégance, la sincérité, et la beauté des grands poèmes. Cette langue est comme une liane qui nous permet d’aller tout droit de sentiment en émotion pour transmettre en un éclair le grand théâtre des idées.
Cette Phèdre de Rítsos m’accompagne de longue date depuis la Phèdre de Racine que j’ai pu voir dans la mise en scène d’Antoine Vitez, à Avignon en 1976. Il y avait du Ritsos dans cette mise en scène. Le souci constant d’Antoine Vitez de traduire les poèmes de Rítsos a travaillé mon imagination et n’a cessé de solliciter mon désir de faire entendre et voir ce théâtre-là. Pour prendre date, enfin, je tournerai un film 3D en plan fixe de la mise en scène, à la manière de Wim Wenders.

Aurélien Recoing, Janvier 2023

Ce projet est dédié à la mémoire de Christian Gasc qui a créé les costumes de tous mes spectacles (1946-2022)

Aurélien Recoing & Ann-Sophie Archer

LES MISÉRABLES

Adapter Les Misérables, œuvre monumentale, en 1h50 est une audacieuse prouesse.

Une narration incarnée : Madame Thénardier comme fil rouge
L’originalité de cette version repose sur le choix de Madame Thénardier en narratrice. Avec une gouaille populaire et une adresse directe au public, elle brise le quatrième mur, créant une connivence immédiate. Ce procédé ancre l’épopée dans une forme vivante où la poésie hugolienne rencontre un théâtre résolument contemporain.

Une distribution virtuose et multidisciplinaire
Dix artistes incarnent la fresque humaine de Hugo : Fantine symbolise la douleur du peuple opprimé, les Thénardier en sont les bourreaux ; Javert incarne une justice inflexible, Monseigneur Bienvenue sa version idéalisée ; Gillenormand représente une bourgeoisie vieillissante, tandis qu’Enjolras, Gavroche et les étudiants éclairent l’avenir révolutionnaire. Au cœur de ce tumulte, l’amour de Cosette et Marius illumine l’obscurité, tandis que Jean Valjean incarne à la fois la quête de rédemption et le rôle de père déchiré.

Une scénographie cinématographique et une musique envoûtante
Une scénographie modulable traduit avec fluidité la dualité de l’œuvre : d’un appartement bourgeois à une auberge sordide, les décors se transforment à vue. Une création musicale en direct (accordéon, violoncelle, guitare, percussion et chant) renforce chaque tableau, mêlant mélancolie et intensité dramatique.

D’une beauté brute et organique, la mise en scène porte le paradoxe hugolien et confronte le grotesque au sublime. La grandeur de l’œuvre originale se conjugue à l’intensité du spectacle vivant, à la croisée de l’intime et de l’universel.

Extraits de presse

Le résultat est puissant et boulversant
C. Barbier – L’Express

Il peut paraitre étonnant de traiter en 1h50 seulement le chef d’oeuvre de Victor Hugo et c’est pourtant chose réussie ! Une adaptation aussi audacieuse qu’excellente !
Le Figaro

Réduire un roman de 2000 pages à un spectacle d’une heure et cinquante, voilà une compression digne de César. Servie par d’excellents comédiens, Manon Montel, qui signe l’adaptation et la mise en scène, accomplit avec brio cette mission impossible. Tant et si bien que, même si l’on a déjà lu et vu Les Misérables à satiété, on se laisse prendre.
J. Nerson – L’Obs

La mise en scène de Manon Montel gravite autour des personnages comme si elle était en train de les peindre au pinceau. Les tableaux d’une véritable beauté (Il faut saluer la costumière) palpitent sous une lumière très maîtrisée. Le spectacle, servi par d’excellents comédiens, impressionne.
Le Monde

Dans cette confrontation entre le grotesque et le sublime la symphonie hugolienne est à nouveau au rendez-vous. Avec des êtres ordinaires, des gentils et des méchants, des horribles et des pervers. Comme dans la vraie vie. Et c’est pour cela, aussi, que l’on y croit.
L’Humanité

RHAPSODIE POUR CHAUVE (Fantaisie pour six clowns quantiques)

Dans cette exploration libre de La Cantatrice chauve cinq clowns s’emparent du texte revisité et réinventé du chef d’œuvre d’Eugène Ionesco, recréant sur la scène un univers à la fois totalement cohérent tout aussi délirant mais jamais absurde. Jusqu’à nous emporter dans une folie proche de celle des Marx Brothers.

LE MOIS DES DIASPORAS

Le Mois des Diasporas est un événement musical unique pour découvrir toute la richesse des identités et des traditions musicales d’Europe, de Méditerranée et d’Orient.
Une série de représentations pour faire résonner à travers le temps et l’espace, une mosaïque de cultures qui met en lumière de multiples répertoires qu’ils soient autour des femmes, des cabarets ou encore de l’exil.

Pour chaque spectacle, on retrouve un univers musical dédié et un patrimoine culturel réhabilité :

11 janvier – 19h
Yiddishokl : L’âge d’or des cabarets yiddish à travers des chansons d’artistes originaires d’Europe centrale : une odyssée entre Rio de Janeiro, Buenos Aires et le Paris des années 50.

12 janvier -14h30
L’OrienBal : Les cabarets orientaux parisiens des années 30 à 50, parmi les plus dynamiques et populaires de l’époque. Au programme : Chansons d’Alger, du Caire et d’Istanbul.

18 janvier – 19h
Voix des Diasporas : L’ouverture des communautés en exode qui, au gré de leur exil ont conservé une grande partie de leurs identités et de leurs traditions.

Crédit : David Bourla

19 janvier 14h30
ExilOndE : La mémoire de l’Algérie avec toutes ses mosaïques culturelles et historiques dont les répertoires musicaux inspirent et fédèrent des générations.

25 janvier 19h00
L’Aimée de Tous : Un hommage aux artistes de la Tunisie des années 20 à travers l’histoire d’une artiste emblématique dans l’histoire du théâtre et de la musique arabe Hbiba Msika : l’Etoile de Tunis.

26 janvier 14h30
Hanina : Des noces séfarades de l’Ex-Empire Ottoman où la transmission des chants traditionnels permet à la sororité des femmes de rééquilibrer les pouvoirs.

 

 

 

LE DOUBLE

« Ô ne croyez pas à l’unité de l’homme » Dostoïevski

Cette adaptation du deuxième ouvrage de Dostoïevski, Le Double, est un projet auquel je pense depuis plus de 20 ans !

Ce qui m’a toujours passionné dans Le Double de Dostoïevski c’est la combinaison du tragique et du comique. Le petit fonctionnaire Goliadkine dans ses magnifiques monologues prête à rire et à pleurer. On a véritablement affaire à un personnage de théâtre, bien vivant, qui exprime son mal être, sa solitude, sa mesquinerie et sa frustration dans une superbe langue, très proche de l’oralité, très bien rendue par le traducteur.

Dostoïevski est aussi un romancier et il ne se prive pas de le montrer par de très belles descriptions sonores et visuelles comme l’orage sur St Pétersbourg qui surprend le pauvre Goliadkine chassé de la fête donnée par le conseiller d’état Olsoufi Bérendéiev. Ce qu’on essaiera de rendre par un film très musical. C’est dans ce déluge d’images et de bruits que Goliadkine, tout près du suicide, rencontre son double .

Fidèle à mes travaux précédents( Fin 2023 – dans ce même théâtre Il est interdit de vieillir) le film va une nouvelle fois DEVENIR UN PARTENAIRE DE JEU . Le cinéma que je mêle depuis toujours au théâtre offre dans cette perspective un double aspect : celui de représenter à la fois le réel et le rêve.
Le monde de Goliadkine est effectivement beaucoup un monde de fantasmes. Godliadkine se construit sa propre réalité et la provoque d’une certaine façon pour après s’en plaindre. Il veut entrer « dans ce film-là » celui de la haute société où sait si bien évoluer son double. Il dénigre la facilité, l’habileté, la duplicité de « l’intrigant » tout en l’enviant car lui ne sait pas s’y prendre.

Sur la scène, le même comédien interprètera Goliadkine et son double.
Ce qui est fascinant (on l’espère pour le spectateur) et exaltant pour le comédien c’est de donner à voir l’invisible. Faire exister par la force du regard, la précision du geste une personne absente. La confrontation entre les deux personnages doit faire illusion. Comment remplir le vide, lui donner vie ? Des questions troublantes et passionnantes pour un comédien et un metteur en scène.
Goliadkine a non seulement un double sur la scène mais aussi un autre à l’écran ! Un double qui pourrait être Dostoïevski lui-même qui s’amuse de son personnage, le commente, le désavoue, le ridiculise et parfois l’étreint comme un frère. Nous sommes tous un peu des « Goliadkine » souffrant de ne pas être reconnus, de ne pas être à notre place.et d’ailleurs Dostoïevski va jusqu’à avouer « je deviens de plus en en plus un Goliadkine »

Sur l’adaptation
L’action principale est la relation entre le petit fonctionnaire et son double ; j’ai ainsi éliminé les diverses lettres échangées et réduit le nombre des protagonistes. Parmi eux, j’ai privilégié Guérassimytch, le vieux serviteur du Conseiller d’État. Il est la figure paternelle qui se penche avec tendresse sur les désarrois du petit fonctionnaire, rêveur, solitaire et tragiquement comique. Il est interprété par Gérard Muller qui enfermé dans son film interpelle un autre enfermé, Monsieur Goliadkine conseiller titulaire de Neuvième rang.
L’autre grande question que soulève l’ouvrage est celle de son ambiguïté. Est-ce un récit fantastique ou une hallucination ? Ce récit a donné lieu à de multiples interprétations contradictoires. C’est un des ouvrages de Dostoïevski les plus commentés.
Dostoïevski lui-même, semble en effet ne pas avoir choisi. J’ai conservé en partie cette ambiguïté .
Et le récit oscille ainsi d’un aspect à l’autre . À vous de choisir .

Henri Gruvman

LES INNOCENTS

17 février 1905 à Paris. Maurice Paléologue, collaborateur de Delcassé au ministère des Affaires Étrangères, écrit dans son journal :

« Cet après-midi vers 15h (soit 13h à Paris), comme le grand-duc Serge, gouverneur général de Moscou, traversait le Kremlin, un terroriste lui a lancé une bombe, qui l’a mis en pièces. Aussitôt la nouvelle parvenue au Quai d’Orsay (17h), le ministre me charge d’aller la communiquer au grand-duc Paul.« 

La Russie, en 1905. L’assassinat du grand-duc Sergueï par le révolutionnaire russe Ivan Kalyaev. Le récit commence avec les préparatifs minutieux d’un attentat et se termine sur l’échafaud. Quatre révolutionnaires, prêts à se sacrifier pour leur cause, suscitent une question troublante : sont-ils finalement des assassins ou des innocents ? Alors que la Russie est en guerre, les révolutionnaires luttent contre le régime tsariste, inconscients que la dictature soviétique à venir sera une nouvelle geôle pour le peuple russe.

Un spectacle en français et en russe, avec des extraits des œuvres de Leonid Andreev, Ivan Kalyaev et Boris Savinkov

UNE ODYSSÉE EN ASIE MINEURE – Festival

Festival Une Odyssée en Asie Mineure – Diptyque

Première Partie – Ménélas Rebétiko Rapsodie
De Ménélas et d’Hélène, nous avons des idées, des points de vue qui tiennent souvent de l’arbitraire et du cliché. Le premier est toujours décrit comme un faible, un mou, voire un lâche. Le fait que son mari ne soit pas à la “hauteur” enlève à la fuite d’Hélène, toute force amoureuse. Elle ne part pas avec Pâris, mais elle fuit un type dénué de charme et de beauté. De ce fait elle devient l’archétype de la putain. Celle par qui viennent la discorde et la mort. On lui interdit le droit de disposer de son destin. Et dans cette période archaïque où la femme est l’objet de toutes les convoitises, il est pénible pour les hommes, encore aujourd’hui, de comprendre la décision d’une femme amoureuse.

Deuxième Partie – Hélène après la chute
Hélène après la chute, pièce à deux personnages et un pianiste, relatant les retrouvailles d’Hélène et de Ménélas, après la chute de Troie. Il y est question de l’appropriation du corps des femmes par les hommes, du rapport des femmes à leur corps, et de leur liberté.
Ce texte est le deuxième volet de la pièce Ménélas rebétiko rapsodie, écrit, mis en scène et interprété par Simon Abkarian en 2013.

ROMÉO ET JULIETTE

« Des fatales entrailles de ces races rivales sont nés deux amoureux sous une mauvaise étoile ». Privilégiant la lutte de l’Homme face au Destin, à celle des Montaigu aux Capulet, l’adaptation s’axe sur la problématique de la fatalité : sommes-nous les jouets de la Fortune ou pouvons-nous avoir une emprise sur notre Destin ? Des artistes multidisciplinaires (violoncelle, guitare, accordéon, chant, danse, combat) s’emparent du mythe de Roméo et Juliette pour embarquer les spectateurs au cœur d’un foisonnement de passion où se côtoient grivoiserie et poésie, comédie et tragédie, réalisme et fantastique.

Extraits de presse

Adaptation bouleversante. De sublimes lumières et la musique, omniprésente doublure du texte, participent du charme puissant du spectacle. Le violoncelle est un atout maître, déchirant et magnifique.
L’Express

Manon Montel tire du classique de Shakespeare une morale quasi-bovaryste : un véritable moment de grâce.
Le Figaro

On entend merveilleusement la poésie de Shakespeare.
L’Obs

C’est fluide, c’est drôle, pertinent et parfois impertinent ! Une très belle réinterprétation d’un classique des classiques.
France Ô

On voit la force irradiante de l’amour.
Le Monde

Les flashbacks, combat et duo dansé renforcent l’image de légende des amoureux.
L’Humanité

Un vrai bonheur que ce Roméo et Juliette. En forme d’épure de l’intrigue, visant la clarté, la mise en scène laisse paradoxalement éclater le foisonnement des passions et des dérélictions, le côtoiement incessant de la tragédie et de la comédie.
La Terrasse

J’AI MAL AU SIÈCLE

Pièce en deux parties
Un personnage unique, différent dans chaque partie… un comédien pour deux rôles
L’interprète : Antonio Labati – L’auteur : Xavier Jaillard

1ère partie : Dialogue avec l’image
Augustin Morgan est un fonctionnaire solitaire, dominé par sa hiérarchie, agressé par le vide de son quotidien. Il a peur de tout – surtout de la solitude.
Chez lui, il tente de compenser sa détresse par un jeu qu’il s’est inventé : avec son téléphone, il plonge dans l’immense cascade des réseaux sociaux, et choisit au hasard quelques images pour en faire des souvenirs affectifs, et se construire ainsi un univers imaginaire.
Avec son jeu, il essaie de se convaincre de ce bonheur virtuel et fabriqué. Y croit-il réellement ? En réalité, d’image en image, il s’enfonce lentement dans son désespoir.

2ème partie : Isabelle est morte
Avant un dîner en ville, Maître Bertrand Bachelier, avocat, relit sa prochaine plaidoirie à la veille d’un procès aux assises. Il défend… un certain Augustin Morgan accusé du meurtre de sa voisine. Au fur et à mesure de sa relecture, l’avocat doute de l’innocence de son client, et se trouve pris dans le fameux « paradoxe de l’avocat » : il est impossible d’abandonner une défense à quelques heures du procès. Progressivement, il comprend ce qu’est la vie d’Augustin, sa solitude, l’existence du « jeu », peut-être partagé par lettres avec la voisine.
La plaidoirie devient alors une mise en évidence du mal de notre époque : la vie d’aujourd’hui enferme les hommes dans cette solitude, celle-là même qu’ils croient vaincre à coups de réseaux sociaux, de fausses amitiés, d’échanges illusoires… comme les jeux d’Augustin.
L’avocat refait alors le chemin de son client à rebrousse-cœur.
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