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COUPLES, ETC.

Dans un lieu qui pourrait être un grand hôtel de villégiature, ou un immeuble labyrinthique, la nuit, une adolescente n’arrive pas à dormir. Les yeux grands ouverts dans le noir elle écoute. Des adultes font la fête, font l’amour, font la guerre… Elle se lève, sort de sa chambre, déambule, espionne. Elle surprend des bribes de conversations, des confessions, des étreintes, des fous rires, des larmes. L’intimité des adultes qui s’aiment, se séparent ou restent ensemble cent ans. Des couples de tout genre. L’adolescente assiste à une sorte d’ inventaire des relations amoureuses contemporaines et porte sur elles un regard curieux, amusé, parfois critique. Elle poursuit un parcours initiatique dans les sentiers de l’amour et ce faisant elle grandit, quitte l’adolescence, devient femme, part découvrir par elle-même le monde, l’amour, les mystères des passions humaines.

Susana Lastreto : biographie

SONGE – mythe surgi du chaos

La poésie du grand William, le rêve de Kurosawa, le vif des quartiers, l’étincelle des mômes et la flamme de la jeunesse, la célébration du Krump, l’émotion archaïque.
Tout ça, rien de grave.

Ce nouveau spectacle de la compagnie Tamèrantong! rassemble 33 comédien·nes, danseur·ses, musicien·nes : 22 enfants et jeunes des quartiers de La Plaine St-Denis et de Paris/ Belleville et 11 interprètes professionnels.

Songe est une adaptation très libre du Songe d’une Nuit d’Été de William Shakespeare.

Il est l’aboutissement de trois années de travail artistique exigeant, un sémillant parcours qui tisse (tout en restant fidèle au souffle de Shakespeare), une création inédite pour nous emmener loin et pour « étonner la catastrophe » (Victor Hugo) : Quatre amoureux désespérés fuient dans la forêt tandis qu’une troupe improbable de théâtre s’en va allègrement y répéter. La forêt va les entraîner dans un monde qui vient d’hier et qui va vers demain.

Le Songe d’une Nuit d’Été, conte de 430 ans, a été décortiqué et désorienté pour le faire nôtre. À la belle langue de l’auteur se greffent nos paroles, jargon et poésie propres.
Le cadre et les personnages sont actualisés, les enjeux et liens amoureux rafraîchis et le happy-end décoiffé. Nous avons déplacé l’humour mais gardé la dérision de Shakespeare : on se moque et on rit de tout, du pouvoir, des puristes, des cloisonnements et bien sûr de nous-mêmes, notamment avec cette troupe de théâtre issue des quartiers (qui remplace la troupe originale des artisans), notre caricature et qui se débat entre pressions, mépris culturel et social, préjugés, solidarité, fêlures, emballements…
On pousse plus loin la mise en abîme de Shakespeare (la pièce dans la pièce) avec celle de nos jeunes acteurs y jouant malicieusement leur propre rôle. Et on s’amuse de même du miroir, lors du speech d’accueil au public avant la représentation de Songe, avec l’intervention du maire, Thésée, et de son staff qui vient s’arroger la parole de Tamèrantong!.
Songe est un conte anti-dystopique, un front de liberté et de vie où nos différences ont toutes leur place.

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Presse

« Depuis trente ans, cette compagnie particulière parle de tolérance, de diversité, d’exclusion avec les enfants des quartiers populaires. Elle parle aussi d’exigence artistique et de travail.
Un discours qui, sur scène, se transforme en une incroyable énergie. » Libération

« Un résultat aussi impressionnant artistiquement que socialement et politiquement. » Revue Silence

« Épaté par tant de travail et de talent : cette France-là existe. » Nouvelles répliques

 

Avec la troupe des enfants et des jeunes de La Plaine Saint-Denis et Paris-Belleville :
Adham, Alpha, Anaïs, Assia, Cellou, Cherryn, Dania, Donia, Frida, Haby, Ilef, Kyara, Mariam, Marceau, Mehdi, Nabiha, Nahian, Nova, Rachid, Rosa, Tiguida, Valentine

L’EXCEPTION ET LA RÈGLE – COMPAGNIE BERNARD SOBEL

Le Théâtre de l’Épée de Bois est heureux d’accueillir la prochaine création de Bernard Sobel sur l’œuvre de Bertolt Brecht : L’exception et la règle.

Diptyque L’exception et la règle et La mort d’Empédocle.
Tarif spécial  32€ tarif plein / 27€ tarif réduit
Réservation

Brecht, en 1930, après l’écrasement de la révolution spartakiste, écrit avec L’Exception et la règle une épure qui permet encore aujourd’hui de comprendre au moins une partie des violences qui, à tous les niveaux, détruisent les personnes et les peuples.

 

LE NEVEU DE RAMEAU

La caractéristique de mon Neveu de Rameau est l’incarnation. La priorité est la chair, l’expression des acteurs qui donnent vie aux idées. Une des phrases de l’œuvre, prononcée par le Philosophe, a été mon fil d’Ariane pour ce travail : « Mes pensées ce sont mes catins. » Les pensées vues comme des prostituées ! Le culot de Diderot ! Les idées, faites de chair, dont on se sert pour fréquenter, selon son humeur, des sentiments sublimes ou des lieux infâmes. Jouir intellectuellement, sans barrière, en toute liberté, assouvir les fantasmes de l’esprit, voilà ce qui a guidé cette mise en scène dont la volonté est d’habiller les idées abstraites d’un corps de sueur, d’énergie débridée et de mouvements. Les acteurs, Nicolas Vaude et Gabriel le Doze, ainsi que le claveciniste Olivier Baumont, ont adhéré sans réserve à ce point de vue, et ont insufflé à leurs personnages une vitalité, une jeunesse et une modernité à la mesure de ce texte unique, génial.

Jean-Pierre Rumeau

 

LA VENGEANCE D’UNE FEMME

La vengeance d’une femme, d’après la nouvelle de Jules Barbey d’Aurevilly tirée du recueil Les diaboliques (1874), est une confession sans absolution, ni de la part du client qui recueille les confidences de cette aristocrate devenue prostituée, ni de la part du public, invité à une cérémonie au parfum de décadentisme. Le péché de la chair n’est pas l’objet de cette pièce, mais l’acte d’amour dans lequel il y a, selon Charles Baudelaire, « une grande ressemblance avec la torture ». En faisant le trottoir, l’héroïne travaille à faire perdre l’honneur à son ancien mari (un aristocrate espagnol). Quelles raisons l’obligent à cet épouvantable jeu ? Sanzia-Florinda-Concepcion étale aux yeux des spectateurs effarés son « ciel en creux ». Le mot « diabolique » est-il employable pour cette fille des rues dont les turpitudes prouvent la nécessité d’une justice divine ? C’est toute la question de La vengeance d’une femme.
En prologue, Le sermon de la courtisane, tiré de La religion du Capital de Paul Lafargue, nous fait entrer dans le monde des courtisanes : vues par l’auteur (critiquant cette logique consistant à nous transformer en « machines à produire et à consommer »), elles sont, selon lui, le modèle du Dieu-Capital.

CET AIR INFINI

« Ulysse est un ingénieur immigré. Il ne sait s’il doit rester vivre dans la ville occidentale qu’il est en train de bâtir ou reprendre son périple pour retourner chez lui auprès de sa famille.
Aux confins de cette cité en perpétuelle mutation, il rencontre une femme dont l’identité s’avère tout aussi changeante. C’est Électre qui revient des funérailles de sa mère. C’est Phèdre qui est tombée amoureuse de lui. C’est Médée qui sort de prison après y avoir passé dix-sept ans pour le meurtre de ses enfants. C’est Antigone, la sœur d’un terroriste traqué par la police. (…)

Cette pièce de Lluïsa Cunillé a remporté le Prix national de littérature dramatique (Espagne) en 2010.  »

Laurent Gallardo, traducteur de la pièce

« Les mots de Lluïsa Cunillé ouvrent toujours sur un ailleurs – une absence, une question, une fiction… Le passage d’une réplique à l’autre ouvrent un champ inattendu, un déplacement, un vertige.

En compagnie de Marie Micla et de quelques comparses, nous avons tenté de capter le mystère de cette langue magnétique, hantée par l’effacement des traces.

Dans un dispositif simple et kaléidoscopique, il nous reste d’être des êtres humains qui parlent à d’autres êtres humains. »

Jean-Noël Dahan

ET LA BÊTE BLESSÉE LA REGARDAIT… OÙ EST ROSA LUXEMBURG ?

«Je n’ai pas connu ma tante Rosa, seulement des conversations de grands que j’attrapais au vol. Quand on a pris l’avion pour assister à son enterrement, c’était étrange. Tout le monde était triste et moi j’étais impressionné de voyager en avion. C’est papa qui a pu sauver une partie de la bibliothèque de tante Rosa…» (Kazimierz Luxemburg, neveu de Rosa)

« Looking for Rosa » en clin d’œil à Al Pacino ? Une sorte d’enquête autour d’une réalité … mystérieuse. Cela pourrait être aussi un roman policier.
Les faits connus : le 15 janvier 1919 Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés par les Corps-Francs, milice organisée par le ministre social-démocrate de l’intérieur. Le corps de Rosa est jeté dans le Landwehrkanal à Berlin.
Un cercueil vide sera enterré le 25 janvier au côté de celui de Liebknecht, funérailles qui rassembleront plus de 100 000 personnes.
Quelques mois plus tard un corps de femme est repêché dans le Landwehrkanal. Il est attribué à Rosa et enterré en juin 1919.
Problème : ce serait un corps un peu plus grand et sans défaut à la hanche. Rosa boite depuis l’enfance après une poliomyélite. En 2009 un mystérieux corps de femme est découvert dans une pièce souterraine d’un Institut médico-légal à Berlin et présenterait des « similitudes stupéfiantes avec celui de Rosa Luxemburg », selon le directeur de cet Institut…
Comme peu d’autres femmes au début du siècle, Rosa Luxemburg a marqué la pensée des Européens socialistes et s’est attiré la haine des forces de droite et de gauche. En tant que juive, communiste, et surtout en tant que femme publique sûre d’elle, elle a été autant admirée que méprisée et finalement assassinée.
Le spectacle est une enquête sur une femme cultivée, pleine d’esprit et d’humour. Ce n’est pas un montage épistolaire, mais la recherche de cette femme dont le corps a peut-être totalement disparu.

Nous commençons par la fin de l’histoire : la mort de Rosa et le mystère autour de sa disparition. Et nous reprenons le fil de sa vie. Trois temporalités : le temps de Rosa la rouge, ses lettres de prisons pendant la Grande Guerre, le temps de son neveu Kazimierz. Notre temps, enfin, de fabrication du spectacle, Aurélie Youlia et Pierre Puy menant une enquête dans le désir de nous faire découvrir les engagements et l’amour de la vie, de toute les vies qui animaient cette femme de combat et de ses proches. Entre univers poétique et recherche documentaire notre travail évoque la curiosité de Rosa pour les plus infimes manifestations de vie – une fleur poussant entre les pierres des murs de sa prison, un oiseau se posant entre les barreaux du soupirail – elle y puise son énergie vitale.

Entre Paris et Mannheim, Aurélie Youlia et Inka Neubert ont reconstitué pour ce projet la vie et la personne de Rosa Luxemburg à partir de son extraordinaire correspondance et des souvenirs de son neveu Kazimierz Luxemburg. Aidées de vidéos, de chansons et de sons pour parler aussi de notre temps présent. Il en ressort l’image d’une femme forte à une époque de grands bouleversements et de violence massive. Qui est Rosa L.? Et d’où vient qu’elle nous fascine encore aujourd’hui ?
Aurélie Youlia

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Presse

Rheinpfalz Zeitung, 19/10/24 :

Une collaboration franco-allemande absolument exemplaire 

Le Theaterhaus G7 et la troupe indépendante Compagnie des Luthiers ont trouvé une collaboration, qui est tout simplement exemplaire. L’idée, le choix des citations et les textes viennent d’Aurélie Youlia. Pour la réalisation, la metteuse en scène Inka Neubert a utilisé les moyens les plus sophistiqués du cinéma documentaire.
Avec Aurélie Youlia, le ton devient parfois si intimiste qu’on a l’impression de pénétrer dans son intérieur vulnérable. Immédiatement après, il s’élève jusqu’à un discours victorieux. Pierre Puy apporte un ton plus objectif et utopique. Un des points culminants (…) sont quatre chansons, deux françaises et deux allemandes de Tucholsky/Hollaeander et Brecht/Eisler.
L’interaction entre la découverte partagée et un dialogue essentiellement complémentaire, qui peut effectivement dégénérer en disputes, est très dynamique.

Mannheimer Morgen, 19/10/24 :

Plus qu’une simple pièce de théâtre – il s’agit d’une enquête approfondie et d’un portrait vivant.
Un dialogue dynamique s’instaure qui met en avant les convictions et la radicalité de Luxemburg.

Les acteurs Aurélie Youlia et Pierre Puy alternent entre événements historiques et réflexions personnelles, donnant ainsi vie à différentes perspectives sur la vie et l’œuvre de Rosa Luxemburg. Sur scène, un dialogue dynamique s’instaure qui met en avant les convictions et la radicalité de Luxemburg.
Sous la direction d’Inka Neubert, la pièce se transforme en une exploration de la vie et de l’œuvre de l’une des figures les plus influentes de l’histoire européenne. Il s’agit plus qu’une simple pièce de théâtre – il s’agit d’une enquête approfondie et d’un portrait vivant d’une femme dont les idées et les convictions sont encore très pertinentes aujourd’hui. La mise en scène (…) plonge également dans l’univers de pensée révolutionnaire de Rosa Luxemburg sur le plan émotionnel et intellectuel.

 

IPHIGÉNIE

Iphigénie, c’est plusieurs horizons qui se chevauchent. Un drame familial, une légende et sa malédiction, un univers désolé et immobile, une quête d’identité.
Racine laisse au spectateur l’absence, le manque de modèle absolu et hégémonique. Par ce texte, il fabrique des situations ouvertes qui tendent rarement vers un espoir.

Toutefois, au milieu du désastre, se dresse un pouvoir : celui des femmes.
Clytemnestre, par sa révolte face aux oscillations de son époux et roi, puis par sa remise en question de l’existence même des dieux. Eriphile, dans sa quête féroce d’identité, de vérité et de justice.

Iphigénie, par sa profonde résignation et sa dignité face à son propre sacrifice.
Ces trois figures archétypales refusent de collaborer avec un système où le pouvoir engendre le mensonge, la trahison, la manipulation.

La résonance que ce texte peut avoir dans notre société est aussi à un tout autre endroit : travailler Iphigénie dans un monde saturé d’informations et d’images, qui oblige aux certitudes et à la radicalité, c’est rendre compte et célébrer l’incertitude, le flottement, la suspension dans le temps.

Ce qui m’intéresse chez Racine, et tout particulièrement dans cette pièce, c’est aussi la question de la croyance.
Il intériorise la foi : les personnages interrogent leur âme, leurs émotions propres, leurs sensations. Le regard est alors tourné vers l’humain et non vers le ciel et tous convoquent leur voix du dedans.

Clément Séclin

EN ATTENDANT GODOT

À peine conçus, nous attendons. La naissance nous délivre de cette attente. Alors commence l’attente du devenir. C’est l’époque où une certaine insouciance nous permet de croire que la mort ne viendra pas. Les jours, les heures, les secondes passent et l’attente devient de plus en plus présente jusqu’à l’instant inévitable.
Entre-temps, nous aurons su profiter du peu de temps qui nous aura été imparti.

 

‘‘Godot’’ à l’Épée de Bois…
Sur le plateau la nuit approche sans jamais tomber, le jour luit encore, aussi indécis qu’indistinct. Au milieu, un arbre décharné dont le feuillage peine à prendre forme. Néanmoins il se tient fermement, symbole d’une marche immuable du monde. Perdus dans une lande, à la croisée de chemins qu’on imagine, deux personnages se retrouvent et s’animent. Ainsi commence En attendant Godot de Beckett.
Ces êtres esseulés dans un univers qui semble vide, l’auteur les transfigure par leur questionnement existentiel, leur déroulant une partition parfois loufoque, parfois déroutante, souvent touchante. En somme, une partition à l’image de la nature humaine qui, peu à peu, remplit l’espace et le temps. () En savoir plus

Joan Dupau
Cartoucherie, le 16 novembre 2024

LES TIGRES SONT PLUS BEAUX À VOIR

L’écriture comme rédemption
Certaines écritures demandent à revenir, ou à venir à notre rencontre, c’est tout l’art de certains auteurs de nous parler de loin, et de nous éveiller à l’essentiel.

Encore une fois je m’attache à une femme qui écrit.
Après L’Homme-Jasmin d’Unica Zürn, après La princesse de Clèves de Madame de Lafayette, Jean Rhys (1890/1979), anglaise, née à la Dominique, ayant vécu à Paris où a commencé sa vie d’écrivain dans les années 20.
Une auteure qui m’a bouleversée jusqu’à garder en mémoire l’impact physique de sa découverte, et à ne céder en rien au désir de partager cette émotion.
Une auteure dont la vie a oscillé entre apparition magistrale et disparition incompréhensible de la scène littéraire, au point qu’on l’a crue morte de son vivant.

Ici pas d’histoires de cour, de grands de ce monde, mais plutôt des portraits de laissés-pour-compte, qui avancent à visage découvert, en dehors de la machine, mais résistants, avides de justice et de liberté. Un parlement des invisibles.

D’un style à la tonalité inoubliable, l’écriture de Jean Rhys nous atteint toujours de manière inattendue, et nous laisse surpris, émerveillés.

En 1970, à l’occasion de la sortie en France de Les Tigres sont plus beaux à voir, Jacques Cabeau, critique littéraire écrit :
«Si trente ans après on redécouvre soudain les complaintes de Jean Rhys, ce n’est pas seulement pour son talent d’écrivain. C’est qu’elle dénonce la difficulté de vivre dans une société de la réussite obligatoire. Dans cette chronique des laissés-pour-compte, elle parle pour tous ceux qui ne sont ni toujours beaux, ni toujours jeunes, ni toujours dynamiques. À une société qui a fait du tigre dans le moteur le symbole de la compétition sauvage, Jean Rhys répond du fond du désastre des années 20, qu’en réalité les tigres sont plus beaux à voir que les hommes.»

De la littérature…
J’ai découvert Jean Rhys par un chemin dont le spectacle témoignera.
Jean Rhys, qui êtes-vous ? Un livre de Christine Jordis. En deuxième partie de ce livre, se trouve une interview de Jean Rhys par un autre auteur, David Plante. Elle est au crépuscule de sa vie, et lui à l’âge de tous les possibles. A l’origine de leurs rendez-vous, un contrat les liait : David Plante venait aider Jean Rhys à mettre de l’ordre dans sa mémoire et ses écrits qui allaient devenir son autobiographie inachevée: Souriez, s’il vous plaît qui paraîtra après sa mort.
Nous ferons la connaissance de Jean, et du jeune homme, au rythme de leur rendez-vous, sorte de fil conducteur, qui nous ramènera au présent.
La matière du spectacle aurait pu s’en tenir à ces rencontres.
Mais comme le théâtre invite à des chemins de traverses, et que je ne pouvais pas nous priver de la découverte de Jean Rhys, par quelques-unes de ses œuvres, où elle transcende magnifiquement sa vie, nous prolongerons la visite en s’aventurant dans ses nouvelles pour être encore plus proche de sa voix.

Entremêler les différents espaces de narration
Passer du présent au passé,
Se laisser porter par la puissance narrative de ces écrits.
Décliner les angles d’entrées,
Guider le spectateur dans ces contrées.
Se laisser envahir par la matière de la vie et de l’œuvre.
Voilà notre visée.

…Au plateau
premiers temps de répétitions
Chacun s’est confronté à l’œuvre. Chacun a commencé à tisser un lien intime avec cette écriture, par des axes différents, suscités par la distribution dans l’adaptation.
Et un coude à coude s’est installé pour porter ensemble cette densité, où présent et passé, fictions et récits autobiographiques s’entremêlent et affluent comme des rafales, des bouffées d’air.
Des ponts nécessaires se sont inventés pour tenir l’avancée, sans éclats, et s’approcher de l’essentiel.

Ce spectacle part de la littérature et se prolonge par la découverte de ce qui ne peut se déployer qu’au plateau, par la magie du théâtre.
C’est une plongée dans les mondes narratifs et un chemin pris en commun vers la densité des éclats de cette œuvre.
Nous n’échapperons pas au trouble.
Il s’agira d’emporter les spectateurs avec nous vers la perception sensible de cette écriture qui va loin, très loin, au bord d’un précipice.
La puissance des fictions et le regard porté vers l’intérieur des âmes nous montrent la voie.
La musique nous accompagnera dans ce voyage que j’espère inédit.

Magali Montoya