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PORTRAIT D’UNE FEMME

Un fait divers qui avait frappé les esprits au début des années 50 : la jeune Pauline Dubuisson, jugée et condamnée pour le meurtre de son amant sans que quiconque – et surtout pas l’appareil judiciaire, ne parvienne à décider d’un mobile réellement satisfaisant.

Michel Vinaver, comme il le fera tout au long de sa vie quand il s’intéresse à une « affaire », prélève et collecte dans la presse quotidienne ce qui s’y rapporte. Ici, les compte-rendus du procès dans le journal Le Monde.

En 1953, année du procès de Pauline Dubuisson, Vinaver est au commencement de sa carrière d’auteur, il a publié deux romans : Lataume et L’Objecteur, chez Gallimard sous l’impulsion d’Albert Camus. Il n’est pas encore devenu un « écrivain de théâtre » (ce sont ses mots), il le deviendra avec Les Coréens en 1956. Mais ce n’est que 30 ans plus tard qu’il écrira Portrait d’une femme.

Pourquoi 30 ans?

Pour que la lumière crûe du présent immédiat se nuance et se diffuse dans un tableau devenu mémoire, et pour que la réalité des paroles d’un procès scrupuleusement reproduites dégage un parfum d’étrangeté mieux capable de restituer le drame silencieux qui se jouait alors? 30 ans après les faits, le moment était venu pour Vinaver, habitué pourtant à traiter ses sujets immédiatement « à chaud », de renouer avec cette histoire qui, il l’a reconnu plus tard, avait sans doute été pour lui la matrice de nombreuses autres. L’ombre amicale d’Albert Camus a sans doute accompagné ce retour, et avec lui le personnage de l’Etranger, cousin de celui de Sophie alias Pauline D.

Ma rencontre avec Michel Vinaver a eu lieu en 2004 à l’occasion d’un atelier qu’il dirigeait. Esquisses devenues ensuite spectacles, longtemps joués : autour de lui le groupe hétéroclite de 20 actrices et acteurs était rapidement devenu un chœur, et avait pu donner à voir et à entendre avec une heureuse limpidité les deux pièces très complexes que sont À la renverse et Iphigénie Hôtel.

Par la suite j’ai moi-même porté à la scène La Visite du chancelier autrichien en Suisse, texte-intervention dans lequel Vinaver s’expose publiquement, dit son irréductible refus face au péril de l’extrême-droite arrivant au pouvoir : explication en forme d’autoportrait et portrait d’une Europe aux prises avec ses démons.

Il y a un an, en avril 2022, ayant fait la connaissance d’un groupe de 11 élèves comédiens du Studio de formation théâtrale de Vitry, j’ai mis en scène avec eux Portrait d’une femme. Un chœur, donc. Et l’évidence de la jeunesse. Il fallait la grâce des commencements pour laisser paraître et s’épanouir la subtile lumière difractée de ce poème qui, par la rigueur de la polyphonie et les secousses du montage parvient à dessiner le portrait que le procès, 30 ans plus tôt, avait échoué à faire : celui plein d’énigme d’une femme – et d’une France – sous l’Occupation.

Comme une mémoire vive retourne au lieu du traumatisme. À l’origine.

À l’origine il y a la France de l’après-guerre, qui juge une femme, dont l’adolescence dans la guerre a fait qu’elle ne peut pas ne pas être coupable. N’en disons pas plus : ce serait risquer de trahir la nature de la pièce, qui ne fait pas le procès du procès mais donne une seconde vie à l’événement, et ressuscite avec lui la femme qui en est le cœur. Une femme en France en 1953. Son exigeante et fragile liberté.

Pas de « décor ». Le texte, son titre nous l’indique, est une peinture. Et la mémoire comme le rêve joue, et se joue des lieux et des époques : il faut lui laisser le champ libre.

Rien qui arrête le flux. Et que les mots qui voulaient juger reprennent place, avec l’ironie de l’allégresse, dans le mouvement de la vie.

Pas d’autre musique, non plus, que celle des mots, des gestes et des pas.

Dans notre temps troublé et rendu plus indéchiffrable encore par le bruit assourdissant des fausses certitudes, puisse la parole exacte et paradoxale de ce poète des temps modernes nous éclairer et nous surprendre.

Quelques jours avant sa mort, Michel Vinaver avait assisté à une présentation de ce travail, il l’avait aimé, il avait souhaité qu’il puisse être vu encore.

Nous continuons…

Journal d’Armelle Héliot

« Il faudrait avoir le temps d’analyser ici dans la précision, ce travail remarquable. C’est une mise en scène fluide et vive, une direction d’acteurs très précise. […] Il est rare de pouvoir applaudir un ensemble si convaincant. Mais avouons que, pour anonymes soient-ils, on aimerait saluer chacun des onze, avec des mots précis. » Lire la suite

Armelle Héliot

Friction

Matthieu Marie agence avec ses onze interprètes dans un travail choral de toute beauté ; c’est effectivement – par-delà même du fait divers à travers les minutes du procès, notamment celles parues à l’époque dans Le Monde – le portrait en éclats d’une femme qui surgit avec une belle fluidité et que portent avec cohérence, rigueur et conviction les onze comédiens” Lire la suite

Jean-Pierre Han

Théâtre du Blog

“Rien n’arrête le flux des séquences qui passent rapidement d’un lieu à l’autre et enjambent les époques. Les mots sont précis, les prises de paroles brèves et ce groupe de jeunes comédiens interprète ce texte d’un rythme nerveux, sans décor, avec quelques accessoires pour changer de personnage.” Lire la suite

Mireille Davidovici

DOM JUAN – Annulation

Pour Antoine Vitez une table, deux chaises, des flambeaux et une compagnie d’acteurs suffisent pour jouer tout Molière.

Dom Juan n’échappe pas à la règle et la discontinuité affirmée des lieux de l’action sort renforcée de l’absence de décor en permettant de se recentrer sur les personnages en faisant fi du autour. Il y a dans la compagnie, la nécessité du groupe d’acteurs à pouvoir jouer les multiples rôles « les acteurs copient les personnages d’une pièce sur l’autre et celui qui joue un valet ici en garde un peu quelque chose pour jouer un seigneur là-bas. Ou l’inverse. » (1)

Dans notre version, une chaise d’époque Louis XIII dans l’espace suffit, comme chez Antoine Vitez. Elle symbolise les lieux de l’action, le centre de l’intrigue.

La compagnie d’acteurs se fond en une seule personne qui garde une part de chaque personnage quand elle devient autre.

Cela résume notre démarche : dire Dom Juan et le faire entendre dans la plus grande simplicité, sans artifice. Faire rêver par les gestes au service du texte. Une actrice unique qui sur le plateau tour à tour est valet ou seigneur, Guzman ou Elvire.

Elle est mue par les forces contraires de la distanciation et du sentiment, du faire et du raconter, du parler soutenu et de l’ivresse joyeuse de l’allitération, suspendue aux axes (corps, visage, regards) dans un rythme incessant.

Travail de l’altérité, Dom Juan et Sganarelle : « Ce n’est pas à vous que je parle, c’est à l’autre ! ». Ou la séduction dite par un homme racontée par une femme.

Ce minimalisme affirmé s’adapte à tous les lieux, même si le vaisseau théâtre est le plus propice à sa diffusion.

(1) Antoine Vitez-programme des Molière

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Extraits de l’entretien de Nathalie Jungerman (Florilettres) avec Sophie Paul Mortimer sur Dom Juan :

N.J. Comment avez-vous travaillé pour ce jeu en solo ?

S.P.M. On a choisi de penser que c’était Elvire – elle repart au couvent, folle de douleur- qui se repassait tous ces rôles.

Elvire ou l’actrice qui joue Elvire. Finalement, le point de départ, c’est une conteuse, c’est quelqu’un qui vient dire Dom Juan.

N.J. Quelles difficultés particulières avez-vous rencontrées ?

S.P.M. Ce qui m’a été facile, c’est le rôle de Sganarelle que j’ai tenté de trouver dans le déhanché des Burlesques. Pendant des mois, on a travaillé en binôme…alternativement. Le rôle le plus difficile a été Dom Juan. Pour Elvire, évidemment, c’était un peu plus simple.

En savoir plus

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La presse en parle

« Nous aurons été quelques-uns à assister à un Dom Juan très inattendu au théâtre de Vanves, où l’actrice Sophie Paul Mortimer, seule en scène, assume tous les rôles de la pièce. Une performance troublante au service du texte, mise en scène par Jean-Louis Grinfeld »
« Il aura suffi d’une chaise Louis XIII et d’une actrice pour jouer tout Dom Juan »
Danielle Birck (RFI)

« Ce que propose Sophie Paul Mortimer, se jetant solitaire dans la cage aux lions d’un chef d’œuvre du grand répertoire est une illustration plénière de la phrase derridienne « seul l’impossible peut arriver » car la volonté téméraire de jouer à elle toute seule le Dom Juan de Molière, dilatant sa personne ludique pour embrasser la totalité de l’œuvre sans partenaire de jeux, fait advenir ludiquement et mentalement cela que d’aucuns jugeraient impossible »
« La textualité en chair et en os qu’un lecteur halluciné ferait résonner dans son oreille interne et visionner sous ses paupières grand ’ouvertes, en se la jouant par devers lui dans un coin de café ou de bibliothèque. Dans des mouvements rares de transcendance onirique … Oui, j’ai vu/entendu cela à Washington lorsque Sophie Paul Mortimer a déployé cette magie éclatée sur la scène de l’ambassade de France devant un public fasciné »
Roger-Daniel Bensky, dramaturge, Georgetown University, Washington DC

CELESTINA LA TRAGICLOWNMEDIA

Une proposition scénique de théâtre, de cirque et de clown lie le destin des personnages Calisto et Melibea.
L’inégalité de classes de la société troublée du XVème siècle est ici incarné dans la fausse loyauté des serviteurs et d’une entremetteuse Celestina qui utilise l’infortune et la souffrance de ses maîtres pour s’enrichir.
Avec un jeu d’acrobaties, de jonglage et d’expression corporelle, La Escalera de Tijera tisse dans un rythme de comédie le grand classique de la littérature espagnole de Fernando de Rojas.
Un spectacle TragicomiCLOWN qui révèle les émotions hautes et basses des êtres humains à travers des personnages de cirque.

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Una visión clara y sincera, con un gran respeto al célebre clásico, pero a la vez con la necesidad de búsqueda de nuevos retos y distintas formas de mirar a los personajes de la obra.
A través de la improvisación y con un desarrollo creativo salpimentado con elementos que ya nos caracterizan como son el trabajo del cuerpo, el circo o el clown, hemos conseguido crear un espectáculo “tragiclównmico”, donde se visualizan las miserias, vilezas y ruindades del ser humano, conductas que históricamente delatan al hombre en su avaricia y ansia de poder. Una historia contada de forma directa, sencilla y cómica, utilizando una escenografía con puertas que giran con el fín de conseguir posición, dinero y poder.


Tres actores mudan su atrezo y vestuario a velocidad pasmosa para interpretar multitud de personajes, ejecutan rutinas de malabares y acrobacias dramatúrgicamente introducidas para explicar las situaciones, y de forma imaginativa manipulan objetos que cambian los sentidos argumentales. Nuestra visión de La Celestina tiene poco texto, bastante teatro gestual, danza y por supuesto circo: malabares, portés, acrobacias y humor… mucho humor.
La propuesta además pretende ser referencia para “nuevos públicos”, un acercamiento al clásico mediante un lenguaje sencillo y divertido. Abre la puerta al atractivo del disfrute teatral a la vez que fortalece el interés por la lectura.

Obra recomendada para mayores de 13 años.

ARTISTES EN EXIL

Les rêves sont mystérieux, mystérieux, fabuleux et fantasmagoriques.  Ensemble nous nous retrouverons entre rêve et réalité, nous lirons et démontrerons, nous plongerons dans le monde des désirs et de leur réalisation.
Suivons le rêve et touchons-le.
La règle principale pour les spectateurs est « Ne prenez pas tout au sérieux! ».

Trois spectacles proposés : 

14h30 – L’attrapeur de rêves »
Genre comedie physique clown

16h30 – Il, Elle, et Kolya et Olya
Une histoire-tragifarce touchante sur la recherche de l’amour, sur la valeur qu’on lui donne et ce qu’il faut en retour.

19h – Moscou-sur-Vodka
Un voyage alcoolisé à travers la spirale du héros lyrique Venichka; sur le pouvoir, l’effondrement des espoirs et – bien sûr – sur l’amour.

Ces spectacles ont été au performance-au programme OFFdu festival d’Avignon 2022

JOURNAL DE L’ANNÉE DE LA PESTE

C’est Jean-Claude Carrière qui avait attiré mon attention sur cette œuvre de Daniel Defoe en novembre 2020 lors de la pandémie. Pour créer ce spectacle, nous avons choisi de conserver la forme du journal intime qui permet de rendre compte de l’âme du personnage, un être humain comme vous et moi qui vit de l’intérieur la peste et ses ravages.
Confronter ainsi directement le public à un personnage très éloigné au premier abord d’un homme du XXIème siècle – Mark Saddler, un commerçant anglais et puritain du XVIIème siècle – c’est permettre par cette distance de saisir avec beaucoup de perspicacité l’universalité des interrogations de l’être humain lorsqu’il se retrouve confronté à la maladie et à la Mort.
Mark Saddler, en partageant son expérience quasi-sensorielle de l’angoisse, de la douleur, de la maladie, du deuil mais aussi de l’attente et de l’espérance nous permet de poser un regard distancié sur l’un des épisodes épidémiques les plus angoissants de l’âge moderne – La Grande Peste de Londres de 1665 – afin de mieux saisir et déchiffrer les effets et conséquences de la pandémie actuelle.
Car ce journal éclaire avec une surprenante acuité, la crise que nous traversons, nous plongeant dans les méandres l’âme humaine. Tout comme pour les londoniens du XVIIème siècle, chaque catastrophe casse le cycle perpétuel du superflu : chacun est confronté à lui-même. Pour les survivants, une seule interrogation demeure : quel sens donner à sa vie ?

Cyril le Grix

LE BREVET DE SORCIER

Rosario Clercler est un sorcier et il porte malheur à tous ceux qui le côtoient ! Du moins, c’est ce qu’ils disent tous dans le village. Rendu fou par l’exclusion sociale, Clercler exige une licence, une sorte de brevet qui sera pour lui la reconnaissance officielle de son présumé pouvoir de sorcier. Le juge André, convaincu sérieusement que la malchance n’existe pas, veut rendre justice au pauvre homme si injustement banni de sa communauté, mais Clercler est d’un tout autre avis..

POUR LE MOMENT

Ce projet est né suite à la rencontre de 3 comédiennes originaires d’Amérique Latine immigrées volontairement en France : Gabriela Aranguiz (chilienne), Johanna Rua (argentine) et Leticia Casanova (uruguayenne). Cette richesse multiple nous a encouragé à nous réunir pour questionner un thème qui nous ait cher : les exils à l’époque de la dictature militaire dans les années 70’s et 80’s en Amérique latine. « Je suis née réfugiée politique. Je suis née avec un accent circonflexe sur ma tête. Je m’appelle Alice. Alice pour le moment. Parce qu’il fallait bien décider d’un prénom à notre arrivée ici. »

ANTIGONE – travail d’atelier amateur

« Je ne veux pas comprendre. C’est bon pour vous. Moi je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir. »

Antigone, figure de la révolte et de la résistance, se dresse seule contre le pouvoir royal, et meurt pour avoir voulu donner une sépulture à son frère Polynice.
Personnage clé de la tragédie antique, elle apparaît chez Eschyle, Sophocle, Euripide, puis se retrouve au fil des siècles sous la plume de Rotrou, Racine, Cocteau, Brecht, Yourcenar… et bien sûr Anouilh, qui lui donne une résonance particulière dans le contexte de la seconde Guerre mondiale :
« L’Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l’ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre».

La mise en scène de Véronique Gargiulo, sobre et épurée, tend à créer cet « espace vide » cher à Peter Brook pour mieux faire entendre le texte, dans sa force directe et sa puissance poétique.

CASSÉ

Une ouvrière licenciée de Prodex, comprenant le licenciement inévitable de son mari de chez Sodecom, trouve dans son désespoir l’énergie folle d’organiser une rocambolesque supercherie…
Quiproquos, rebondissements, personnages hauts en couleur, Cassé est un vaudeville noir hilarant et impitoyable.

« Rémi De Vos est un des auteurs, si ce n’est l’auteur, qui a le plus travaillé la question du travail. Nous avons d’ailleurs assisté lors du festival d’Avignon 2019 à une rencontre sur cette thématique à l’occasion de laquelle plusieurs de ses pièces ont été lues. Nous réfléchissions alors déjà à un travail autour de l’œuvre de Rémi De Vos dans le traitement de sa thématique du travail. »
Anne-Sophie Pathé – codirectrice artistique de la compagnie

L’idée de créer un dyptique sur le travail autour des pièces Débrayage et Cassé de Rémi de Vos est née.

Débrayage est créé lors du festival Off d’Avignon 2022.
https://www.libredesprit.net/creations/debrayage/

« Ces problématiques me plongent dans mon passé personnel. La question du flux des réfugiés fait écho à mes origines, étant moi-même kosovar arrivé en France en 1991 alors que je ne parlais pas un mot de français… Mon emploi chez Citroën, où j’ai alors travaillé à la chaîne de jour comme de nuit, me rendent familières les usines qui ont déserté le Pas-de-Calais dans les années 90, laissant la population comme orpheline. Ma sensibilité propre à la question du travail et sa résonance permanente lorsque nous sommes en résidence à Gravelines ou Noeux-les-Mines au plus près des populations associées à la rencontre avec Rémi De Vos, qui a bien connu lui aussi la perversité des entreprises en enchaînant les petits boulots, et son œuvre autour de cette question m’ont conduit tout naturellement à un diptyque sur le travail autour des pièces Débrayage et Cassé. Ces deux pièces, dont le format diffère, sont complémentaires et permettent d’aborder en profondeur la complexité de cette problématique fondamentale. Dans les deux, on rencontre une galerie de personnages témoignant de l’universalité de la question. Les ravages du travail touchent tout le monde, avec des problématiques propres : jeunes, vieux, riches, pauvres… chômeurs mais aussi travailleurs… L’humour décapant de Rémi De Vos et son sens aiguisé de l’absurde permettent de prendre de la distance et de détacher de ses idées reçues pour ouvrir de nouvelles pistes de réflexion… »
Nikson Pitaqaj – metteur en scène des pièces Débrayage et Cassé

Cassé ouvre le débat sur les thématiques du travail, plutôt les ravages de la perte du travail. Si le travail peut être source d’épanouissement, il peut pareillement détruire individus et sociétés.
Suite aux déclarations récentes de la ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher qui associe l’industrie à la magie, les voix des ouvriers s’élèvent pour dénoncer les cadences infernales, la surveillance suspicieuse et infantilisante, les conséquences lourdes sur la santé physique et psychique et leur espérance de vie inférieure de six à sept ans à celle des cadres…
Cassé, son humour impitoyable, l’absurde des situations et la légèreté du jeu des comédiens, permet de prendre de la hauteur face à une réalité qui nous fait perdre nos repères jusqu’à notre dignité et alerte notre vigilance mieux que de longs discours.
Après de nombreux mois où la Culture, taxée de « non essentielle », a été mise à l’arrêt, il est urgent qu’elle reprenne sa place au cœur de la Cité pour s’emparer des préoccupations partagées ici et maintenant. Loin d’une image de la Culture inaccessible qui témoignerait du fossé creusé entre une élite et le quotidien de millions de travailleuses et travailleurs en France, la compagnie Libre d’Esprit, avec Cassé, fait le choix d’un théâtre populaire et exigeant qui interpelle tout en profondeur, humour et finesse sans tomber dans un manichéisme simpliste.

LE JEUNE AMOUR

Deux Contes humoristiques, dramatiques et savoureux de Jean de La Fontaine sont mis en sens et en musique par deux artistes du premier mouvement baroque : Christine Bayle, actrice, et Marianne Muller, violiste, aiment la fantaisie des histoires d’amour de « La Matrone d’Ephèse » et de « la Courtisane amoureuse » où le suspens le dispute à l’humour.

Empruntant à Pétrone et à Boccace, La Fontaine les place sous la bannière du « jeune Amour », peut-être pour excuser les faiblesses humaines. Il y exerce son talent ironique à côté des musiques choisies en Europe, de Ste Colombe, Dubuisson, Marais, à Hume et Abel.

« Diversité c’est ma devise. » La Fontaine

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Christine Bayle est danseuse, chorégraphe – elle a créé et dirigé L’Eclat des Muses et Cie Belles Dances et réalisé plus de cinquante productions –  on sait moins qu’elle est aussi actrice (Jeune Théâtre), passionnée par la belle danse, le théâtre, la musique, la recherche sur les différents styles de danse du XVIe au XVIIIe siècle autant que sur la pratique de l’opéra, et la transmission conjointe de ces différents arts. Enseignante au DMA du CRR de Strasbourg (1987-2013).

Témoin et actrice du renouveau baroque, Marianne Muller mène dans le monde entier, une carrière de concertiste. Elle crée l’Ensemble Spirale qui se consacre au répertoire soliste de la basse de viole. L’ensemble « Du souffle à L’archet » explore le répertoire des consorts songs. Ses goûts pour le théâtre, la musique contemporaine et la danse enrichissent encore son jeu. Professeur au CNSMD de Lyon (1988-2021). Sa discographie compte plus d’une cinquantaine de titres.‌