Pour sa première tragédie, Corneille a choisi le personnage extraordinaire de Médée, dont il explore l’âme amoureuse et torturée, mais dont il expose aussi les pouvoirs magiques et la puissance surhumaine : trahisons, confrontations, meurtres, magie… le spectacle est partout.
Loin de l’idée parfois doucereuse et précieuse que l’on peut se faire du théâtre baroque, c’est la modernité de cette pièce qui interpelle, aussi bien dans sa forme de tragédie baroque, loin de l’horizon d’attente que suscite le nom de Corneille, que dans son fond, l’histoire d’une violence taboue exercée par un personnage dépeint comme profondément humain – l’alliance de la beauté formelle et de la violence la plus extrême, qui constitue le cœur de l’œuvre.
À travers les âges, de l’Antiquité à l’âge baroque, de l’âge baroque à aujourd’hui, Médée parle à nos démons, à nos fantasmes, et nous fait voir, par la force de l’imaginaire, ce que nous ne voulons pas voir : l’humanité des monstres.
A la lueur des bougies, dans un décor minimaliste, les comédiens incarnent véritablement la langue de Corneille, laissant affleurer l’émotion, de la séduction à la colère, de la terreur à la rage. Le théorbe de Stéphanie Petibon, qui interprète des pièces de Kapsberger, accompagne leurs tourments.
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Extraits de presse
« Avec le parti pris de choisir les codes antérieurs au classicisme – diction baroque, jeu frontal des comédiens, éclairage à la bougie – elle plonge, entre poésie et violence au son d’un théorbe, le spectateur au coeur du drame de Jason et Médée avec élégance et raffinement. », Le Dauphiné, juillet 2019
« C’est d’abord la beauté plastique du spectacle qui frappe, et qui s’imprime dans la mémoire. Ors et miroirs, lumières tremblantes, gestuelle quasi chorégraphique, partition musicale bouleversante, tout concourt à faire de cette histoire, atroce, un moment saisissant de grâce et de violence mêlées. » Myriam Dufour-Maître, Mouvement Corneille