Des larmes d’eau douce est une pièce mexicaine tout public de Jaime Chabaud, auteur chroniqueur et poète saisissant à l’œuvre dramatique multiprimée.
Traduit de l’espagnol par Françoise Thanas, publiée en 2017, cette pièce sera mise en scène pour la première fois, en Europe et donc en France.
Une enfant, Sofia, pleure des larmes d’eau douce dans un pays en sécheresse. Elle sauvera un temps, grâce à ce don insoupçonné, son village de la sécheresse, avant que les notables du village ne comprennent l’intérêt financier de ses pleurs… même au final le père…
LA GRAND-MÈRE.- (…) Felipe cria de toutes ses forces. Il leur dit : « Un enfant n’est la propriété de personne. Laissez-la partir. »
À ce moment précis, devant tout le village réuni, Sofia s’est fanée, fanée… jusqu’à devenir une poignée de feuilles sèches.
C’est à partir de cette métamorphose finale, tragique et magique de Sofia qu’est né ce désir impalpable de créer un univers ayant pour source la nature, comme « une mémoire végétale » qui n’oublie pas et qui perdure.
C’est dans un cercle de lin, au cœur d’un tapis de feuilles et de branchages que se passe l’histoire et que nous transmet par-delà le temps, le personnage de la Grand-mère.
Elle convoque, entre ciel et terre, liées par un fil blanc à la voûte du manège, les figures marionnettiques de Sofia, Felipe, du maire, du curé, de José, des bigotes.
Tantôt, celles-ci descendent et prennent part à la fable, tantôt disparaissent, tantôt sortent de l’ombre ou de la toile.
Battre le cœur à trois, effacer les frontières, dire l’indicible.
Aussi, cette fable poétique et cruelle raconte les violences faites aux enfants, dérives familiales, sociales, sociétales, et soulève des questions liées à l’écologie et à la crise climatique.
Entre temps présent et flash-back / narration et dialogue / pour personnage et marionnettes / croisant avec onirisme théâtre, marionnettes, ombres, musique.
Scénographie marionnettique et végétale, kiosque circulaire en fer serti et attelé de fils blancs où sont suspendu.e.s marionnettes, végétaux et éléments de jeu, toiles mobiles.Ainsi nait finement en lumière chacun des espaces racontant les différents lieux de la fable. Les costumes tissés, peints sont eux aussi d’inspiration végétale.
La musique, essentielle, empreint de sons naturels et électro-acoustiques, entre clavier, MAO et guitare électrique.
Carrousel musical où s’embarquent autour de Sofia toute une saga de personnages.
Une équipe de création scénographie, composition musicale, lumière, costumes, construction des marionnettes, collaboratrices/eurs remarquable et engagée au service d’une dramaturgie commune, celle d’une nature qui pousse la fable par tous les bouts.
Trois protagonistes au plateau : Sylvia Amato, comédienne, Thierry Desvignes, l’un des constructeurs et marionnettiste, Guillaume Jullien, compositeur et musicien « live ». Tous trois portent ce conte moderne, non sans humour et beauté et conjuguent parole poétique, parole politique, parole de cœur.