Archives pour la catégorie se joue en Décembre 2022

DÉDALE – SCULPTURE DYNAMISÉE

Echappée de l’absurde réalité du totalitarisme, la troupe de theatre AKHE s’applique à faire un pas vers la tragédie de l’antiquité.

Leur première performance allotchtone « DEDALE » se consacre à détailler le célèbre mythe de cet homme qui, par l’ingénierie, a su mener ses rêves jusqu’à la voie de la réalisation. Se libérer, la fuite de l’assujetissement, le prix de la liberté ; sous ces angles, l’histoire antédiluvienne et la réité fragile se réfractent dans le prisme d’une AKHE-scenographie mecanisée.

La sculpture dynamisée DEDALE est une narration visuelle détaillée que chapitrent les mouvements géométriques du « nouveau cirque », de la clownade extravagante, de l’espace-temps mis à nu. C’est la subjective reconstruction d’un mythe, c’est la représentation publique de l’invisible, c’est le théatre d’ingénieurs AKHE en action.

A ne pas manquer.

STABAT MATER FURIOSA

« Nous sommes en guerre. »
Notre projet pour le Stabat Mater Furiosa s’inscrit dans cette affirmation martelée le 17 mars 2020 sur toutes les ondes, alors que le virus Covid-19 s’étend sur le territoire français. Il naît de cet impératif de réponses individuelles et collectives, de questionnements des discours contradictoires. Nous cherchons à sortir mentalement de nos isolements et nous questionnons l’avenir de notre génération et celles à venir. La parole des poètes, dramaturges et créateurs nous aident à mieux appréhender le monde dans lequel nous vivons et nous offre des possibles porteurs d’une humanité apaisée. L’actualité n’a de cesse de nous confronter à des drames plus inquiétants les uns que les autres et la réflexion de penseurs/poètes nous offre des champs de réflexion, de remise en question de notre existence, d’avenir plus empathique.

Le Stabat Mater Furiosa de Jean-Pierre Siméon, écrit en 1997, présente la G/guerre. Son universalité et son immuabilité. La liste de toutes les guerres depuis lors, de tous les conflits, ne sera jamais à jour. Ce texte est donc, en soi, intemporel. Intemporel car
la violence ne cesse jamais, car l’histoire ne cesse de se répéter et que l’on n’entretiendra jamais trop la mémoire, mais aussi, car face au registre belliqueux, c’est surtout d’une résistance inaudible dont il est question.

C’est pourquoi, face à la surdité du discours martial de nos sociétés, nous avons eu besoin de monter une nouvelle fois ce texte. De le faire résonner encore et encore pour qu’il soit porté à l’entendement du plus grand nombre. Et pour lui donner une juste occasion d’être « entendu », nous le jouerons également en Langue des Signes Française. Cette langue visuelle, dont la mise en œuvre des mots souligne et accentue le ton du texte, saisit l’ensemble de l’auditoire. Nous créerons un spectacle permettant de construire des ponts entre la culture des sourds et celle des entendants. De se connaître. De se reconnaître. D’égal à égal. Contrairement au « Cri » de Munch, personnage isolé, ce vocabulaire signé donne force aux mots et maux du texte de Jean-Pierre Siméon.

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Extrait Interview – La terrasse

« Le monde étant sourd à la nécessité d’une pacification, il m’est apparu évident de travailler avec la langue des signes »
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DES LARMES D’EAU DOUCE

Des larmes d’eau douce est une pièce mexicaine tout public de Jaime Chabaud, auteur chroniqueur et poète saisissant à l’œuvre dramatique multiprimée.
Traduit de l’espagnol par Françoise Thanas, publiée en 2017, cette pièce sera mise en scène pour la première fois, en Europe et donc en France.

Une enfant, Sofia, pleure des larmes d’eau douce dans un pays en sécheresse. Elle sauvera un temps, grâce à ce don insoupçonné, son village de la sécheresse, avant que les notables du village ne comprennent l’intérêt financier de ses pleurs… même au final le père…

LA GRAND-MÈRE.- (…) Felipe cria de toutes ses forces. Il leur dit : « Un enfant n’est la propriété de personne. Laissez-la partir. »
À ce moment précis, devant tout le village réuni, Sofia s’est fanée, fanée… jusqu’à devenir une poignée de feuilles sèches.

C’est à partir de cette métamorphose finale, tragique et  magique de Sofia qu’est né ce désir impalpable de créer un univers ayant pour source la nature, comme « une mémoire végétale » qui n’oublie pas et qui perdure.
C’est dans un cercle de lin, au cœur d’un tapis de feuilles et de branchages que se passe l’histoire et que nous transmet par-delà le temps, le personnage de la Grand-mère.

Elle convoque, entre ciel et terre, liées par un fil blanc à la voûte du manège, les figures marionnettiques de Sofia, Felipe, du maire, du curé, de José, des bigotes.
Tantôt, celles-ci descendent et prennent part à la fable, tantôt disparaissent, tantôt sortent de l’ombre ou de la toile.
Battre le cœur à trois, effacer les frontières, dire l’indicible.

Aussi, cette fable poétique et cruelle raconte les violences faites aux enfants, dérives familiales, sociales, sociétales, et soulève des questions liées à l’écologie et à la crise climatique.
Entre temps présent et flash-back / narration et dialogue / pour personnage et marionnettes / croisant avec onirisme théâtre, marionnettes, ombres, musique.
Scénographie marionnettique et végétale, kiosque circulaire en fer serti et attelé de fils blancs où sont suspendu.e.s marionnettes, végétaux et éléments de jeu, toiles mobiles.Ainsi nait finement en lumière chacun des espaces racontant les différents lieux de la fable. Les costumes tissés, peints sont eux aussi d’inspiration végétale.
La musique, essentielle, empreint de sons naturels et électro-acoustiques, entre clavier, MAO et guitare électrique.
Carrousel musical où s’embarquent autour de Sofia toute une saga de personnages.

Une équipe de création scénographie, composition musicale, lumière, costumes, construction des marionnettes, collaboratrices/eurs remarquable et engagée au service d’une dramaturgie commune, celle d’une nature qui pousse la fable par tous les bouts.
Trois protagonistes au plateau : Sylvia Amato, comédienne, Thierry Desvignes, l’un des constructeurs et marionnettiste, Guillaume Jullien, compositeur et musicien « live ». Tous trois portent ce conte moderne, non sans humour et beauté et conjuguent parole poétique, parole politique, parole de cœur.

LES FEMMES SAVANTES

Au cœur de la pièce Les Femmes Savantes, il est question du rapport des femmes aux mœurs de la société bourgeoise du XVIIe siècle. Les femmes ont-t-elles le droit d’être savantes ? Oui, répond Molière, à condition de ne pas tomber dans le snobisme et l’artificialité du savoir, ce qui vaut tout autant pour les hommes, à l’exemple du vaniteux Trissotin. Quelle que soit la condition que la société leur impose, Philaminte, Bélise et Armande se délectent du plaisir inconditionnel de penser, de dire, d’explorer…

LES 7 NUITS DE LA REINE

Une femme se raconte en sept nuits : de la première nuit alors qu’elle veille sa mère qui va mourir et que lui revient le souvenir de ses 7 ans à Berlin en 1943 quand avec cette mère jeune, belle et intrépide elle traverse la ville en ruines pour rencontrer dans une prison ce père qu’elle ne connaissait pas à l’avant dernière nuit .Ce sont des nuits nourries par la passion, l’attente ou le désespoir. Il lui faudra la dernière nuit pour connaître l’apaisement. Une initiation en sept étapes, un roman porté par un souffle de poésie et une interrogation profondément contemporaine sur le versant secret du monde et des êtres.
« J’ai compris que nous ne pouvons affronter le jour que lorsque nous avons la nuit en nous. Pourquoi sept nuits me demanderez-vous ? Parce que Dieu a créé le monde en sept jours et qu’il a donné aux femmes la garde des nuits. Il faut en comprendre la raison. Les nuits sont trop immenses, trop redoutables pour les hommes. Non, bien sûr, que les femmes soient plus courageuses ; elles sont seulement plus à même de bercer sans poser de questions ce que la nuit leur donne à bercer : l’inconnaissable. » C. Singer

L’ÉCOLE DES MARIS

Léonor et Isabelle, deux sœurs orphelines, se voient confiées à la mort de leur père à deux frères d’âge mûr, Ariste et Sganarelle. Ces derniers sont chargés par contrat de les élever, de les éduquer et enfin ou « de les épouser » ou « d’en disposer ».
Les tuteurs bien qu’ayant des conceptions opposées sur l’éducation nourrissent tous deux des espoirs envers elles… Avec Léonor, Ariste choisit l’école du monde et la voix de la liberté. Sganarelle, lui épie les moindres agissements d’Isabelle, l’enferme,  voire la séquestre.
Bien évidemment Isabelle tombe amoureuse. Elle va trouver en elle les ressources pour échapper au despote et rejoindre Valère.

Un théâtre qui convoque « des figures masculines ambivalentes». Sganarelle « l’arroseur arrosé » qui nous livre son désordre intérieur, Ariste qui défend « la tempérance », Valère « l’amoureux » initié par Ergaste, « l’expérimenté ».
Quant aux personnages féminins, ils sont d’une extrême modernité.
Isabelle déjoue un Sganarelle amoureux, aveuglé, infantile, Lisette dénonce les abus et les inégalités, Léonor exprime avec clairvoyance son libre-arbitre.
Une intrigue qui au final laisse le sentiment vrai l’emporter et mettre à mal la violence du pouvoir confisqué par les hommes.

Avec L’Ecole des maris, il en va du désir de raconter avec poésie la complexité des rapports amoureux mais aussi de mettre en résonance cette pièce de 1661 avec aujourd’hui témoignant du chemin qu’il nous reste à accomplir quant à la question d’équité entre la femme et l’homme.

« Tournant » dans l’œuvre de Molière, cette comédie en alexandrins aux allures de farce jubilatoire touche à des questions sociales et politiques et recèle une dimension existentielle et une force poétique.

Une partition théâtrale, chorégraphique et musicale pour 7 comédien.n.e.s.