Il est des heures parfois où il est plus important d’essayer que de réussir.
Monter Don Quixote avec 3 comédiens et 3 musiciens, c’est aussi fou et utopique que de décider de parcourir le monde pour réparer toutes les injustices sur un cheval trop maigre, une moitié d’armure et un écuyer idiot et malin !
400 ans plus tard Don Quixote reste un héros de légende et en même temps un grand frère, un peu pathétique, dont on rit volontiers mais qui est ce que nous rêverions d’être parfois et ce que nous sommes aussi. Il est le maître et le miroir. Il est le géant et le nain et quand il disparaît, c’est un peu comme si une part intime de nous-même s’éteignait avec lui, cette part de folie qui fait les sages et les enfants.
N’est-ce pas ce que Sancho Panza comprend mieux que personne ? Lui si différent, et tellement autre, cet ami improbable qui devient l’inséparable et qui donne à ce duo ridicule et magnifique de traverser le temps.
Le curé, le barbier, les villageois, les ducs et les filles de rien, tous sont là pour témoigner d’une des plus incroyable épopée de l’âme humaine !
« Cette simplicité de l’âme, nous consacrons notre vie à l’acquérir, ou à la retrouver si nous l’avons connue, car c’est un don de l’enfance qui le plus souvent ne survit pas à l’enfance… Une fois sorti de l’enfance, il faut très longtemps souffrir pour y rentrer, comme tout au bout de la nuit on retrouve une autre aurore. Suis-je redevenue enfant ?… »
Cette ultime question de la Prieure au moment de son agonie est aussi la dernière réponse de Blanche de la Force pour traverser sa peur et accéder à la Joie. La clé de la Joie profonde ne serait-elle pas d’accepter la peur qui est au rendez-vous de chacune de nos vies ? Ou plutôt nous laisser traverser par elle au lieu d’en avoir honte, de vouloir l’ignorer ou de la fuir ? Le vide absolu par lequel la perspective et l’acceptation d’une mort violente font passer chacune de ces femmes, se mue en joie pleine du don de soi dans l’accueil sans réserve de l’éternel présent.
Après les Frères Karamazov, les « Dialogues des Carmélites » – célébration de la tragédie de l’être – se présentent comme une continuité dans la trajectoire du Théâtre de l’Arc en Ciel, pour trouver avec nos contemporains, en ces temps troublés, des nourritures substantielles capables de fortifier l’homme intérieur.
D’où la présentation de ces Dialogues – non pas d’abord comme l’histoire de ces carmélites conduites à l’échafaud dont le sacrifice sonna la fin de la Terreur – mais traitée de manière plus universelle comme une fête inspirées des célébrations théâtrales grecques antiques.
Le « film » (témoignage) des 4 jours de juin 40 (du 14 au 18) où, plus jeune préfet de France, à Chartres, Jean Moulin reste en poste malgré les ordres de repli et d’abandon.
On suit un homme qui dans une situation de guerre et de destruction met toute son énergie à sauver des situations tragiques, à éviter l’affaissement général. Cet homme va découvrir que le monde qu’il connaissait, ses valeurs, sa civilisation, que tout cela n’a plus cours. Il est pris en étau dans une barbarie épanouie et finira par choisir le suicide par refus de la cautionner.
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Spectacle tout public à partir de 12 ans.
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Monter Donatien Alphonse François de SADE, c’est se confronter à une remarquable écriture, à de grandes énigmes sur sa personne, et en même temps à une pensée hors du commun. Très connu pour ses écrits érotiques mais c’est ignorer tous les autres, philosophiques et moralistes, tant dans ses romans que dans son théâtre. Il dérangea trop son époque par ses idées, et c’est ce qui le conduisit la majeure partie de sa vie en prison avec l’étiquette peu flatteuse, de méchant homme, de pornographe. L’entreprise de cette adaptation est de souligner et de rappeler la clairvoyance et l’intelligence de ce magnifique auteur du siècle des Lumières. C’est aussi à travers celle-ci, l’occasion de lutter contre le fanatisme et l’intégrisme religieux qui est malheureusement encore trop présent de nos jours au vu des événements du 7 janvier 2015.
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Étienne RATTIER
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Spectacle tout public à partir de 8 ans.
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Une œuvre doit être la hache qui fend la mer gelée qui est en nous pour reprendre les termes de Kafka.
Sous nos yeux un peuple se débat pour ne pas succomber sous le poids d’une dette dont on le rend responsable. La dette est l’un des rouages essentiel du système économique sous lequel nous vivons. C’est au travers de cette même « dette » qu’il y a cinq siècles déjà, au cœur même de l’Europe, un poète anglais, Marlowe, essaye de penser sans illusions la nature d’un monde qui est toujours le nôtre et qui sous ses yeux, en 1589, commence à s’édifier. Avec la fin des valeurs, religieuses, collectives, morales, seuls vont compter désormais le pouvoir et la richesse acquis par la force ou la ruse.
Marlowe choisit un « monstre », une caricature scandaleuse pour mettre à jour les « racines du mal » comme Charlie Chaplin le fera en 1947 avec Monsieur Verdoux.
Dans la lignée de Villon, Rimbaud, Genet ou Pasolini, Marlowe fut un artiste subversif et il nous parle encore.
Bernard Sobel
Spectacle tout public à partir de 15 ans
Une pièce terrifiante et drôle.
L’histoire : Un couple, la femme attend. Le mari rentre, éméché comme chaque soir. Scènes de vie conjugale ou plutôt variation sur l’absence de paroles, d’échanges, insultes ritualisées et lente et inexorable descente aux frontières du néant. Comme un dérapage vertigineux vers le fascisme ordinaire.
Ce petit opus est construit comme une danse macabre, un cérémonial qui convoque le quotidien et le codifie. Le langage est lapidaire et désunit peu à peu les protagonistes. Il intègre une part des maux portés par notre société, le racisme, la violence, l’exclusion, la peur de l’autre et les fractures sociales. Il faut aborder la langue de Rémi De Vos sans tomber dans le piège d’un théâtre psychologique. Cette langue désincarnée est tragique. Les personnages sont tour à tour drôles sans en avoir conscience et terrifiants.
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A partir de 15 ans
1971. Peu avant la crise du « choc pétrolier », la compétitivité est à l’honneur. De nouvelles méthodes de management envahissent l’entreprise. Un cadre au chômage, flanqué d’une épouse inquiète et d’une fille adolescente en rébellion, fait l’expérience cruelle de la recherche d’emploi et de l’entretien d’embauche intrusif.
Son combat désordonné pour exister dignement, avoir de lui-même une image honorable, balance entre le désespoir et la farce. Comment sortir de l’ornière du chômage et de la peur du vide qui l’accompagne, échapper à la dépression qui guette, faire enfin partie du monde éminemment enviable de ceux qui sont « arrivés » ? Mais arrivés à quoi ?
A partir de 15 ans
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La compagnie nous convie à plonger dans l’intimité de Jean Jaurès, dont nous suivons ici les combats, au long du début du siècle, depuis l’Affaire Dreyfus jusqu’au premier mois de la guerre de 1914, qui éclate au lendemain de son assassinat. Des combats incarnés par des personnes, portés par des amitiés, assombris par des trahisons…
L’histoire nous est contée par le Gavroche, un drôle de petit vendeur de journaux, qui, armé de son accordéon, restitue l’ambiance populaire de ce Paris 1900. Les chansons ouvrières,satiriques et antimilitaristes ponctuent ainsi l’action, suspendent ou accélèrent le temps…
La scénographie, ludique et épurée, est conçue autour de quatre pupitres devenant, selon les moments, tribune, bureaux, porte d’entrée…
Rallumer tous les soleils… nous donne à voir un moment crucial de notre histoire, un moment où tout un siècle bascule, où malgré l’imminence de la guerre et des horreurs pressenties, les protagonistes sont portés par l’espoir et la croyance en la « nécessité du combat. »
A partir de 14 ans
Créé initialement en 1993 dans le cadre d’une commande du Festival d’Avignon, le spectacle chorégraphique « Le chant de Karastan » en hommage à l’ Arménie devient aujourd’hui une nouvelle œuvre à l’occasion des commémorations du « Centenaire du génocide arménien».
« Le Chant de Karastan », trois pièces à la fois autonomes et liées qui font fil à la conscience pour nous mener à la source de quelques uns des mythes fondateurs d’un peuple (la montagne, l’alphabet, l’église), pour nous faire partager quelques élans de sa culture, pour nous ouvrir tendrement aux formes nouvelles d’un art à venir. L’émotion vivante des mythes, la chaleur de l’histoire, l’ardeur de l’avenir, un chant de mémoire collective.
Spectacle tout public à partir de 6 ans
La rencontre Editer-Lire est l’occasion de révéler les liens indissociables entre l’écrivain et l’éditeur. François Minod a publié aux Editions Hesse, plusieurs recueils illustrés par Catherine Seghers. Le travail de passeur dont se réclame Jacques Hesse, fondateur des éditions, dit assez la belle nécessité du geste.
Tout écrivain vit intensément le moment d’adresser le manuscrit. L’éditeur représente alors l’unique possibilité de donner à lire.
L’association Le Lire et Le Dire sera le relais pour faire découvrir le catalogue des Editions Hesse et faire entendre des extraits du dernier recueil de François Minod : Tant que les mots disent…