Archives pour la catégorie se joue en Février 2016

LA MEZZANINE

Vivement l’éclat doré des feuilles dans le bois de Vincennes.
Vivement l’odeur âcre des bogues des marronniers de la Cartoucherie.
Vivement le chuintement du vent sous les portes du
Théâtre de l’Epée de Bois.
Vivement la pluie sur le toit de la Mezzanine.
 
Vivement une tasse brûlante de thé aux épices ou de café.
Vivement nos rires et nos silences.
Vivement  nos cahiers et nos claviers.
Vivement nos pages feuilletées, relues et corrigées.
Vivement les fichiers informatisés, classés, envoyés.
 
Vive lentement le temps de l’atelier qui d’automne en printemps
Nous ramène tous les ans…

Mireille Diaz-Florian

DON QUIXOTE

Il est des heures parfois où il est plus important d’essayer que de réussir.

Monter Don Quixote avec 3 comédiens et 3 musiciens, c’est aussi fou et utopique que de décider de parcourir le monde pour réparer toutes les injustices sur un cheval trop maigre, une moitié d’armure et un écuyer idiot et malin !
400 ans plus tard Don Quixote reste un héros de légende et en même temps un grand frère, un peu pathétique, dont on rit volontiers mais qui est ce que nous rêverions d’être parfois et ce que nous sommes aussi. Il est le maître et le miroir. Il est le géant et le nain et quand il disparaît, c’est un peu comme si une part intime de nous-même s’éteignait avec lui, cette part de folie qui fait les sages et les enfants.
N’est-ce pas ce que Sancho Panza comprend mieux que personne ? Lui si différent, et tellement autre, cet ami improbable qui devient l’inséparable et qui donne à ce duo ridicule et magnifique de traverser le temps.
Le curé, le barbier, les villageois, les ducs et les filles de rien, tous sont là pour témoigner d’une des plus incroyable épopée de l’âme humaine !

DIALOGUES DES CARMÉLITES

« Cette simplicité de l’âme, nous consacrons notre vie à l’acquérir, ou à la retrouver si nous l’avons connue, car c’est un don de l’enfance qui le plus souvent ne survit pas à l’enfance… Une fois sorti de l’enfance, il faut très longtemps souffrir pour y rentrer, comme tout au bout de la nuit on retrouve une autre aurore. Suis-je redevenue enfant ?… »
Cette ultime question de la Prieure au moment de son agonie est aussi la dernière réponse de Blanche de la Force pour traverser sa peur et accéder à la Joie. La clé de la Joie profonde ne serait-elle pas d’accepter la peur qui est au rendez-vous de chacune de nos vies ? Ou plutôt nous laisser traverser par elle au lieu d’en avoir honte, de vouloir l’ignorer ou de la fuir ? Le vide absolu par lequel la perspective et l’acceptation d’une mort violente font passer chacune de ces femmes, se mue en joie pleine du don de soi dans l’accueil sans réserve de l’éternel présent.
Après les Frères Karamazov, les « Dialogues des Carmélites » – célébration de la tragédie de l’être – se présentent comme une continuité dans la trajectoire du Théâtre de l’Arc en Ciel, pour trouver avec nos contemporains, en ces temps troublés, des nourritures substantielles capables de fortifier l’homme intérieur.
D’où la présentation de ces Dialogues – non pas d’abord comme l’histoire de ces carmélites conduites à l’échafaud dont le sacrifice sonna la fin de la Terreur – mais traitée de manière plus universelle comme une fête inspirées des célébrations théâtrales grecques antiques.