Archives pour la catégorie se joue en Fevrier 2018

CABARET SHAKESPEARE

Le Cabaret de « La Cour des Miracles » livre ce soir encore son extraordinaire prestation pour les heureux qui ont osé s’y rendre au péril de leur propre vie.
Depuis longtemps, dans la ville de Camerapolis, toute manifestation culturelle est bannie. Quiconque brave la sinistre loi est irrémédiablement mis au ban de la société, voire pire. Seul le cabaret de La Cour des Miracles survit. À ses risques et périls, à l’insu des autorités, mais au su de tous les autres. Avec pour toile de fond l’image d’un monde décharné et chaotique, où règne la tyrannie et l’exploitation de l’homme par l’homme, vont s’ébattre devant vous des personnages shakespeariens, tantôt transcendés par la lumière tantôt assombris par les ténèbres, tantôt purifiés, tantôt démoniaques. On y dénonce non sans ironie, humour et folie la manière dont Camérapolis s’est construite et comment un homme a fait courber tous les autres. Ce cabaret est le seul lieu restant où l’homme parle à l’homme. Tout autour a été détruit, soumis à la loi du plus fort. Un cabaret souterrain comme un lieu de protestation et de défoulement. Par chance, tout cela demeure encore secret. Les hommes résistent encore et toujours. Ils viennent assister à ce spectacle cathartique, transcendant, qui honore l’homme, la vie, l’amour et condamne le tyran, l’égoïsme et la cupidité. Et qui pouvait nous offrir des personnages aussi haut en couleurs que noirs en profondeur…le grand et l’unique William. La Cour des Miracles est le dernier acte de résistance et de vérité. Pour combien de temps encore? Dans un monde qui croule, réussira t-on à relever ce qui reste de grand en l’homme? Pour le savoir, prenez le risque, bravez les interdits et rendez-vous à…La Cour des Miracles !

UBU ROI

NOTRE UBU

En chacun d’entre nous sommeille un Ubu, notre Ubu. Il est là, tapi au plus profond de nous-mêmes. Nous, comédiens, apprenons par cœur les mots que le Poète nous a légués ; nous les répétons sur le plateau et, chaque fois que nous les prononçons, avec la plus grande intensité possible, un sens nouveau jaillit et vient alors annuler tout ce que nous croyions savoir du texte.

Le texte opère comme un révélateur des milliers de personnages que nous pourrions être dans la vie quotidienne.
Il nous permet de devenir celui ou celle que, peut-être, nous ne serons jamais, mais qui pourtant demeure au plus profond de nous. Il nous arrive de prétendre, après quelques mois d’étude, avoir compris le message de l’auteur. Des chercheurs l’étudient pendant de longues années et écrivent même des thèses sur lui. Mais le comédien a la certitude qu’à chaque fois qu’il est sur scène, toutes ses convictions se dérobent en même temps qu’il exhale le mot.

Nous pensons parfois que nos Maîtres, qui ont déjà monté la pièce, ont fait la bonne interprétation du fameux : « De par ma chandelle verte ! » Alors, humblement, nous tâchons de suivre leurs pas. Mais hélas, la phrase nous reste aussi inconnue qu’un soupir qui viendrait subitement casser le rythme de la respiration.
Alors le comédien continue à se préparer, en silence, et avant de monter sur le plateau, il dit aux Dieux du théâtre : «Que votre volonté soit faite», en sachant que ces Dieux séjournent dans l’Olympe de notre Enfance, où se trouve la réelle interprétation du texte, qui ne sera «authentique» que durant le temps où le comédien prononcera le mot.
Le comédien-enfant, aidé du texte du Poète, deviendra alors le Roi de l’immense et merveilleux royaume de son propre imaginaire.

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LE DERNIER SONGE DE SHAKESPEARE

Le 23 avril 1616, il y a quatre cents ans, le jour de ses 52 ans, William Shakespeare meurt à Stratford-upon-Avon.
Avait-il contracté une maladie lors d’un voyage à Londres ou avait-il trop abusé d’alcool lors d’un repas avec ses amis Ben Jonson et Mickael Drayton, lui qui n’était pourtant pas porté sur les excès, à la différence de ses amis dramaturges de l’époque ?

On ne le sait pas.
D’ailleurs, on sait peu de choses sur Shakespeare, pas même l’orthographe exacte de son nom.
À peine savons-nous qu’il est né à Stratford-upon-Avon, sans connaître le jour exact, qu’il y a fondé une famille, qu’il s’est rendu à Londres, y est devenu acteur et écrivain, puis est revenu à Stratford pour y écrire son testament et mourir.
Pour l’historien Georges Steevens 1, c’est à peu près tout.
Le reste n’est que conjectures de biographe.
Et si c’est peut-être un peu exagéré, ce n’est pas si loin de la vérité.

Mais si l’homme nous est presque réellement inconnu, tout le monde connaît Roméo et Juliette, Hamlet, Macbeth, Othello, le roi Lear, Richard III, Shylock, Desdémone, Iago…
Sous sa plume, les plus beaux héros comme les plus ignobles prennent vie et nous deviennent aussi proches que les petites gens, plus ou moins glorieux dans leurs tâches et leurs existences.

C’est grâce à sa capacité à percer et exposer au grand jour l’âme humaine que Shakespeare est devenu l’auteur des plus grandes histoires d’amour, de passion, de pouvoir, plus que par les intrigues qu’il empruntait sans vergogne aux anciens ou les thèmes de ses pièces qu’il puisait chez ses contemporains — la notion de plagiat n’existait tout simplement pas à l’époque —.

C’est grâce à cette faculté à déchiffrer et représenter nos tourments qu’il est devenu au fil du temps l’écrivain de théâtre le plus joué dans le monde.

Donc si l’homme nous est inconnu, son œuvre, elle, est inscrite dans nos gènes et c’est à la recherche de nous-mêmes que nous sommes allés en réalisant Le dernier songe de Shakespeare. Nous voulons nous nourrir de William Shakespeare, lui demander qu’il nous prête un moment ses personnages, ses scènes cultes – ou non —, pour qu’il nous raconte un peu qui nous sommes.

Danièle Marty

EXTRAITS DE PRESSE:

…Shakespeare vu par la Compagnie du Hasard bouleverse les codes. Déroutant, étrange, burlesque, tragique, difficile de définir « Le dernier songe de Shakespeare ». Une comédie la plupart du temps, d’ailleurs les rires fusent dans la salle. Dans l’ombre, Shakespeare est à la fin de sa vie, entre paradis et enfer, accompagné de trois bouffons, dans la lumière il va fêter son anniversaire. Une pièce lui sera jouée comme cadeau, farfelu le cadeau avec son animateur au micro présentant « La dure mort de Roméo et Juliette ».

L’écriture de Bruno Cadillon qui incarne Shakespeare est aussi complexe que fouillée. Le comédien rendant hommage au dramaturge en égratignant ses faiblesses. Ses œuvres trouvent leur place dans un duo entre Shakespeare et Anne sa femme. « Beaucoup de bruit pour rien », « Richard III »… cette chère Anne, jouée par Danièle Marty, les connaît toutes, elle est première lectrice de son époux : « Il part du principe que si je peux comprendre tout le monde le pourra ! »

Les deux comédiens s’affrontent dans une joute oratoire, du grand classique. Gilbert Epron, Emmanuel Faventines et Henri Payet, les accompagnent avec tout autant de talent. La troupe de la Compagnie du Hasard joue avec brio sur une mise en scène rythmée et réjouissante qui séduit tous les publics. NR le 21/08/2017

L’ÉVEIL DU PRINTEMPS

A, jeune ressortissant de la planète Platoniun, rêve à la Terre qui se lève, impressionnante sous ses yeux… Il rêve à l’Europe… il rêve de vivre en France, pays pour lequel il a une affection particulière.
L’inimitié qu’il ressent pour sa planète redouble dès que par ciel clair, il devient possible d’apercevoir la Terre au loin.
Il obtient un jour son visa et arrive en France, où il entame des études universitaires.
Platoniun brille au loin…
Son rêve prend vie. Son existence, une direction.
Pourtant chez les terriens tout n’est pas si facile pour cet étrange étranger à la peau bleue…
L’Éveil du printemps pose un regard sur la jeunesse, aujourd’hui, dans le monde.
Construite en miroir, cette fable contemporaine métaphorique touche à des questions universelles et intemporelles : l’acceptation de l’Autre dans sa différence, l’ouverture aux mondes.
Entre légèreté et gravité, un théâtre d’images empreint d’un univers musical à la fois sphérique et électronique, prolongement d’une langue forte et poétique.

LES BACCHANTES – Archives

Les Bacchantes, sont, semble-t-il, la dernière pièce d’Euripide. C’est une grande pièce sur le théâtre, la nature de l’illusion théâtrale et ses effets. Son dieu, Dionysos, LE dieu du théâtre, le maître des illusions et des prodiges, en est même le protagoniste principal. La question principale des Bacchantes, devenue centrale aujourd’hui dans les discours politiques partout dans le monde, est celle de l’identité, identité de nature, d’âge, de sexe, de position sociale, d’origine. Dionysos, lui, est le dieu de la différence, de la métamorphose, de la confusion (sociale, sexuelle, culturelle), du sauvage. En face, le monde de la cité, de la raison, du contrat, de l’identité, des espaces, des territoires bien définis une fois pour toutes. Dionysos est l’Autre, celui qui brouille les frontières entre le divin et l’humain, l’humain et le bestial, l’ici et l’ailleurs et ainsi relie ce qui était séparé. Il construit un rapport entre des mondes qui sans lui resteraient étrangers l’un à l’autre.

Extraits de presse

Des Bacchantes efficaces et régénérées, spectacle d’édification d’un théâtre politique, philosophique et charnel, à travers des acteurs bien campés, graves et moqueurs.
Véronique Hotte/ Hotello

Bernard Sobel présente au théâtre de l’Epée de Bois une version dépouillée et limpide des « Bacchantes » d’Euripide, miroir aveuglant de la tragédie humaine, d’un monde sans cesse menacé par la barbarie.
Philippe Chevilley / Les Echos

Le spectacle passionnant que signe Bernard Sobel ne s’enferme pas dans l’étroitesse de jugements livrés à l’emporte-pièce mais révèle, des Bacchantes, toutes les ambiguïtés. Cet artisan du théâtre, qui préfère le respect scrupuleux du poète à l’esbroufe de la mise en scène, livre une représentation haletante, qui fait sens, à chaque seconde, pour un public en alerte. Santé !
Joëlle Gayot / Télérama sortir

Plus de soixante ans de théâtre au compteur pour déchiffrer le monde. Comme le vieil Euripide, Sobel se pose des questions et aide au questionnement. Encore une fois, Dionysos, venu de loin, arpente la scène.
Le théâtre tel que le conçoit depuis longtemps Bernard Sobel se résume bien dans ce regard porté vers l’autre. Ni inquisiteur, ni donneur de leçon, ni malin. Franc et fraternel.
Jean-Pierre Thibaudat / Médiapart

Dans un élégant décor, tout de pierres et de pavés conçu, la direction des comédiens est savamment maîtrisée. De Matthieu Marie, en Penthée inflexible et en Agavé traumatisée, à Vincent Minne, en Dionysos ambivalent, en passant par la troupe de quatre bacchantes composée de Salomé Diénis Meulien, Manon Chircen, Asja Nadjar et Alexiane Torrès, tous concourent par la précision de leur jeu et l’incongruité sensée de leurs costumes à rendre la pièce d’une attractive limpidité.
Vincent Bouquet / sceneweb.fr

Bernard Sobel recourt à cette pièce paradoxale d’Euripide pour dire la complexité de notre monde. Une mise en scène sans artifice qui invite à s’interroger sur la dualité de l’être humain, tendu entre raison et barbarie.
Isabelle Stibbe / La Terrasse