Depuis que Dostoïevski nous a dépeint les « bourgeois de Paris », l’on ne trouve guère de différence entre eux et ceux des autres grandes villes d’Europe. L’observation sarcastique et implacable du poète nous rappelle qu’ils sont toujours là, tout aussi inquiétants que jadis.
Archives pour la catégorie se joue en Fevrier 2020
HUIS CLOS
« Il faut choisir : se reposer ou être libre. » (Thucydide)
Sartre situe l’action de Huis Clos en Enfer. Un garçon d’étage introduit sur la scène trois morts qui sont trois salauds : un journaliste-publiciste nommé Garcin, Don Juan cynique, une ancienne employée des Postes, Inès, homosexuelle, et une jeune mondaine, Estelle. Questionnant leur présence dans ce lieu, ces trois morts vont devoir s’interroger sur leur damnation et sur leurs actes dissimulés sous les masques du mensonge et de la lâcheté. Le supplice de ce trio où toute alliance s’avère vite impossible, est que chacun devient inéluctablement le bourreau de l’autre. Et cela éternellement.
J’AI RÊVÉ LA RÉVOLUTION
Une femme entre dans une cellule, poussée par un jeune soldat. L’époque est trouble. La prisonnière veut garder avec elle de quoi écrire. Enfermée, surveillée, n’ayant plus d’espace pour marcher et courir, elle veut toujours écrire. Car l’écriture ouvre un champ de liberté. Toujours.
L’action se déroule durant quelques jours et nuits d’enfermement. Autour de la prisonnière, s’agitent trois personnes « libres ». Le jeune soldat campé dans ses certitudes ; il voudrait ne pas être entamé par les raisonnements des femmes ; il voudrait de pas être bouleversé par la violence, garder la tête froide ; il a l’intransigeance de la jeunesse.
La mère du jeune soldat, illettrée, intelligente et sensible ; elle est émue par cette prisonnière fougueuse ; elle redoute les effusions de sang ; elle souffre de voir chaque jour des condamnés partir à la mort ; elle n’en peut plus d’avoir peur pour son fils. La jeune femme, compagne du fils de la prisonnière, venue de la campagne ; elle veut préserver sa famille ; elle propose une ruse à la prisonnière pour s’évader.
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Revue-de-presse_JRLR
Belle réflexion sur la place volée aux femmes sur l’échelle des pensées nouvelles. L’HUMANITÉ
Ce quatuor porte avec talent les accents d’une écriture vive, tendue et tranchante, de belle facture, d’une mis en scène claire et judicieuse… Une belle réussite. WEB THEATRE
Un très bel hommage à Olympe de Gouges et aux femmes qui continuent à lutter dans le monde pour être enfin considérées à l’égal des hommes. SNES
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LES BACCHANTES
Les Bacchantes, sont, semble-t-il, la dernière pièce d’Euripide. C’est une grande pièce sur le théâtre, la nature de l’illusion théâtrale et ses effets. Son dieu, Dionysos, LE dieu du théâtre, le maître des illusions et des prodiges, en est même le protagoniste principal. La question principale des Bacchantes, devenue centrale aujourd’hui dans les discours politiques partout dans le monde, est celle de l’identité, identité de nature, d’âge, de sexe, de position sociale, d’origine. Dionysos, lui, est le dieu de la différence, de la métamorphose, de la confusion (sociale, sexuelle, culturelle), du sauvage. En face, le monde de la cité, de la raison, du contrat, de l’identité, des espaces, des territoires bien définis une fois pour toutes. Dionysos est l’Autre, celui qui brouille les frontières entre le divin et l’humain, l’humain et le bestial, l’ici et l’ailleurs et ainsi relie ce qui était séparé. Il construit un rapport entre des mondes qui sans lui resteraient étrangers l’un à l’autre.
Extraits de presse
Des Bacchantes efficaces et régénérées, spectacle d’édification d’un théâtre politique, philosophique et charnel, à travers des acteurs bien campés, graves et moqueurs.
Véronique Hotte/ Hotello
Bernard Sobel présente au théâtre de l’Epée de Bois une version dépouillée et limpide des « Bacchantes » d’Euripide, miroir aveuglant de la tragédie humaine, d’un monde sans cesse menacé par la barbarie.
Philippe Chevilley / Les Echos
Le spectacle passionnant que signe Bernard Sobel ne s’enferme pas dans l’étroitesse de jugements livrés à l’emporte-pièce mais révèle, des Bacchantes, toutes les ambiguïtés. Cet artisan du théâtre, qui préfère le respect scrupuleux du poète à l’esbroufe de la mise en scène, livre une représentation haletante, qui fait sens, à chaque seconde, pour un public en alerte. Santé !
Joëlle Gayot / Télérama sortir
Plus de soixante ans de théâtre au compteur pour déchiffrer le monde. Comme le vieil Euripide, Sobel se pose des questions et aide au questionnement. Encore une fois, Dionysos, venu de loin, arpente la scène.
Le théâtre tel que le conçoit depuis longtemps Bernard Sobel se résume bien dans ce regard porté vers l’autre. Ni inquisiteur, ni donneur de leçon, ni malin. Franc et fraternel.
Jean-Pierre Thibaudat / Médiapart
Dans un élégant décor, tout de pierres et de pavés conçu, la direction des comédiens est savamment maîtrisée. De Matthieu Marie, en Penthée inflexible et en Agavé traumatisée, à Vincent Minne, en Dionysos ambivalent, en passant par la troupe de quatre bacchantes composée de Salomé Diénis Meulien, Manon Chircen, Asja Nadjar et Alexiane Torrès, tous concourent par la précision de leur jeu et l’incongruité sensée de leurs costumes à rendre la pièce d’une attractive limpidité.
Vincent Bouquet / sceneweb.fr
Bernard Sobel recourt à cette pièce paradoxale d’Euripide pour dire la complexité de notre monde. Une mise en scène sans artifice qui invite à s’interroger sur la dualité de l’être humain, tendu entre raison et barbarie.
Isabelle Stibbe / La Terrasse
Le spectacle passionnant que signe Bernard Sobel ne s’enferme pas dans l’étroitesse de jugements livrés à l’emporte-pièce mais révèle des Bacchantes toutes les ambiguïtés.(…) Une raison de plus pour s’y précipiter.
Joëlle Gayot, Télérama, 6 février 2019
Bernard Sobel n’enferme pas Les Bacchantes dans la tragédie avec un grand T (…) parce que ce qu’il regarde c’est notre siècle, et combien résonne aujourd’hui la prémonition d’Euripide qui assistait lui à l’effondrement de la Grèce. Et dépouillant avec raison cette tragédie de son aura tragique qui souvent la sclérose il lui donne une actualité des plus brûlantes.
Denis Sanglard, Un fauteuil pour l’orchestre, 11 février 2019