Archives pour la catégorie se joue en Mai 2026

ONCLE VANIA

Une enchanteresse est à l’origine de toutes les envies d’échapper aux amertumes de la vie. Le vieux professeur représente la sécurité de la norme, un conformisme qui tarit la source vive de nos décisions et de nos rêves. Un père angoissé, un oncle spolié de ses ambitions, un médecin brisé par les affres du monde. La jeune femme, cœur de cette pièce, porte les rêves condamnés, victime de la dépossession orchestrée en dehors d’elle. Un maître du domaine voué au seul travail. Deux vies sacrifiées.

Projet Tchekhov

La Mouette et Oncle Vania présentent la même structure en quatre actes non découpés en scènes. Nous proposons de permettre aux spectateurs d’établir des juxtapositions entre ces deux œuvres, jouées en miroir.

Les liens Père/ fille – Mère/ fils.
Kostia et Sonia côte à côte dans leurs relations avec leur parentèle. Il se sent négligé et rejeté par sa mère, qui ne reconnaît pas son talent Elle, n’est prise en compte par personne.

Les rêves brisés de Nina trouvent leur reflets dans ceux de Vania. Les illusions volent en éclat. Les relations amoureuses sont contrariées dans un enchevêtrement semblable entre les deux œuvres. L’aliénation de l’héritage, la perte d’un bien fondateur de la famille est l’élément déclencheur de la dramaturgie.

Les thèmes récurrents dans l’œuvre d’Anton Tchekhov.
Cette vie n’a été que mascarade, rien n’a eu lieu en dehors de nos illusions… Au fond, une question se pose : « Pourquoi les enfants doivent-ils porter la charge de la dette des manquements des parents ? »

LE SECRET D’AMALIA

Olga fait l’éloge d’Amalia à K., pour avoir déchiré la lettre de Sortini, haut fonctionnaire au Château, qui l’intimait de se donner à lui. K. reconnaît que le geste de refus intuitif d’Amalia est singulier, tout en ne sachant plus si ce geste a été sage ou fou, héroïque ou lâche : « Amalia tient ses raisons cachées au plus profond de son cœur ; personne ne les lui arrachera.»

LE RÉCIT DE LA SERVANTE ZERLINE

Une autre anonyme.

La servante Zerline fait partie d’une série de portraits qu’Hermann Broch a essayé de saisir de ceux qui habitaient le temps qui a précédé l’arrivée d’Hitler au pouvoir.
Zerline est comme les autres personnages qu’il s’est efforcé d’épingler, « apolitique » dans la mesure où ils ne se sentent pas concernés par la politique et ne sont d’ailleurs pas en mesure de l’être. Ils flottent dans un brouillard sombre et nébuleux. Aucune de ces silhouettes n’est en quoi que ce soit « responsable » de ce qui va arriver.
C’est justement cet état spirituel et moral qui a rendu possible la catastrophe qu’allait connaître le pays de Goethe.
L’indifférence à la politique est en fait une perversion morale qui permet un état des choses qui semble être le nôtre aujourd’hui.

ANTIGONE

Nous sommes à l’heure des morts. Premier matin après la guerre, dont on perçoit encore l’écho lointain. Et il faut réparer, reconstruire ce que la haine et la peur ont délié et défait. Et dans cette nécessité que tous éprouvent, d’une cérémonie qui fasse se rencontrer dans le mystère les vivants et les morts, il n’y a d’aucune part, individuellement, collectivement, de volonté mauvaise.
Mais comme dans nos rêves où les temps, les lieux se mélangent, nous sommes devenus incapables de démêler dans la polyphonie des voix celles du passé, du présent et de l’avenir.
Les personnages rassemblés ici se regardent souvent sans se voir et se parlent sans se comprendre: est-ce parce que la mort dicte sa loi muette et incommensurable? Elle est le point aveugle autour duquel la Cité de Thèbes gravite, dans le cercle enchanté de sa malédiction.
Un doute souverain…

Antigone seule sait. Elle est son destin. « Je suis faite pour l’amour non pour la haine ». Créon le roi croit savoir. Il est l’archétype du pouvoir aux prises avec ses démons: l’incertaine légitimité de son autorité et l’obsession du Féminin. « Moi vivant ce n’est pas une femme qui fera la loi »…
Que le féminin constitue en soi une menace pour un pouvoir autoritaire nombreux sont les dirigeants qui ne s’y sont pas trompés.
Est-ce de lui que vient le trouble ? Parce qu’il est homme d’un temps révolu où le roi était dieu, et la Cité encore dans les limbes ?

Une fête. Ce qu’il reste d’une célébration collective après l’orage dans ce qu’il reste d’une ville après la guerre. Ou ce qu’une mémoire en a sauvé à l’aube, dans le demi sommeil.

« S’il te faut aimer à tout prix aime les morts »… Il y aurait une rivalité entre les vivants et les morts ? Une confusion en tout cas. Écho de l’anomalie première qui fit d’Œdipe l’amant de sa mère et d’Antigone la sœur de son père ? Pas de réponse bien-sûr. La question vient de trop loin .

« Tombeau ma chambre nuptiale « …

 

CHŒURS POUR ANTIGONE, Michel Vinaver.
Six séquences qui jalonnent l’action et la commentent, la questionnent. Propos épars et pourtant cohérents, signifiants, discussions collectives comme au café, sur une place. Les voix du monde. Et peu à peu musique de la parole quotidienne.

Fragments, collages, ombres, limbes…

Que la figure exemplaire d’Antigone soit aussi celle qui se détache des autres par la clarté et l’exactitude de sa parole sans appel, et que cette parole finisse par être étouffée… image la plus actuelle de notre tragique humanité.

Matthieu Marie

ÊTRE VIVANT – Paroles des oiseaux de la terre

Au lever du jour, une cabane nomade est arrivée sur le plateau du théâtre et semble s’animer toute seule. Des poules entrent en scène. La clowne Fourmi est juste là pour les accompagner. Elles ont quelque chose d’essentiel à partager avec le public. Fourmi ne sait pas comment cela va se manifester, ni à quel moment. Dans cette attente, Fourmi trouve des espaces de parole pour raconter son histoire et partager avec les poules de surprenants moments de vie et de jeux. Ouvrant un espace sonore drôle, et intriguant, elle dialogue avec elles pour questionner notre monde, tout en questionnant le leur et le regard que nous leur portons. Chaque instant devient précieux. Nous sommes suspendus à ces petits êtres à la présence étonnante sur scène, qui nous touchent, nous surprennent, nous questionnent. Et on ne sait jamais vraiment comment ça va se passer… Fourmi fait le lien entre le monde humain et le monde animal, entre le plateau et le public. Par sa sensibilité, elle témoigne d’un lien d’affection, de leurs chemins respectifs qui se croisent et font écho au monde actuel. Une façon de porter un regard d’égalité, loin des préjugés. Il ne s’agit pas de « dressage », mais de collaboration. Tout est basé sur le plaisir que les poules peuvent éprouver au travers de la relation avec l’humain, et parle jeu. Nous nous adaptons à leurs rythmes et à leurs envies, à leur personnalité. C’est par un lien de confiance mutuelle, et de respect profond tout en privilégiant leur bien-être que nous arrivons à œuvrer ensemble. A partir d’un texte de François Cervantès, et faisant suite à une fructueuse collaboration avec Catherine Germain et Emmanuel Dariès, cette création laisse le « vivant » s’épanouir sur le plateau, avec toutes ses maladresses, ses imperfections, et ses « coups de théâtre », qui convoquent le rire, et l’étonnement de l’enfance.

LE PRINCE

Spectacle en italien, surtitré en français.
IL PRINCIPE 
 
Librement inspiré du chef d’œuvre homonyme et à d’autres écrits de NICOLAS MACHIAVEL Au milieu de la scène vide se dresse un trône. Sur ce trône, on découvre un vieux roi… Mais attendez : ce n’est pas un roi, c’est son bouffon, qui, profitant de l’absence de son maître, a promptement pris sa place. Entre ses élucubrations sur un complot obscur reliant Périclès, le pape Alexandre VI et Donald Trump, et les leçons sur l’art de gouverner qu’il a apprises par cœur à force d’écouter son maître, le peuple entier s’interroge : saura-t-il régner ? Deviendra-t-il un prince éclairé ou un tyran despotique ?

Un voyage théâtral qui relie passé, présent et futur, Il Principe interprète la pensée de Machiavel pour la mettre au service du spectateur contemporain, inversant ainsi le rapport au pouvoir. Sur scène, histoire, philosophie et satire s’entrelacent dans une narration oscillant entre solennité, ironie et absurdité, explorant les principes politiques universels et les contradictions de l’actualité.