Archives pour la catégorie spectacle en cours

CONVOCATIONS

« Tous ceux qui survenaient et n’étaient pas moi-même amenaient un à un les morceaux de moi-même »
Cortège, Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

À l’heure où user de son droit de vote est considéré pour beaucoup comme inutile, et que la conscription appartient déjà au passé, qu’en est-il d’interroger le dernier grand territoire de notre vie démocratique, le dernier grand devoir, qui aujourd’hui est remis en cause par le politique, auquel nous,  citoyens, nous ne pouvons pas nous substituer, lorsque nous sommes appelés pour garantir la vitalité et le bien vivre ensemble dans notre société: Être juré d’assises.
Questionner le sentiment de Justice, qui est le socle, le fondement de ce qui nous unit et qui se fait le garant de la concorde au sein du pacte social, mais qui est également à la source des conflits qui nous opposent et nous divisent. L’idée et la notion de Justice, éminente ou ordinaire, aujourd’hui dans notre quotidien et dans notre société.
C’est à travers quatre journées dans l’intimité de la salle des délibérés que nous créerons différents instantanés de notre époque, interrogeant ainsi sans faux semblant ce rapport à la justice et aux multiples injustices qui en découlent, comme pour mieux témoigner d’un regard sans concession sur notre société et sur nous-mêmes.

« Ne trahir ni les intérêts de l’accusé, ni ceux de la société qui l’accuse »

Nous ne traiterons pas d’une affaire en particulier, mais c’est au coeur de l’intime de ce moment singulier, dans ce lieu secret, la salle des délibérés, où les jurés, pluriels dans leurs horizons, se retrouvent pour partager leurs impressions, juger, établir un verdict et se prononcer sur une sentence, au sein de cet espace intime dont personne ne sait rien et dont eux-mêmes ne peuvent trahir ce qui est dit, que nous les observerons évoluer dans leurs différences, leurs inquiétudes, leurs certitudes, leurs doutes et leurs espérances.
Leur offrant une parole libre qui se fera le témoin et le regard de notre époque. Aidé par une écriture aux dialogues croisés qui par glissements s’étend vers d’autres champs constituant les socles de notre société, élargissant la salle des délibérés à d’autres territoires, où ce sentiment de Justice est constitutif de notre corps social. Transformant ainsi pour quelques instants la salle des délibérés en une salle de classe, un commissariat, un hôpital, un plateau TV, une entreprise, une famille… Jurés, devenant tour à tour policiers, élèves, professeurs, juges, avocats, parents, employeurs, personnalités connues et emblématiques… Multiplicité des regards explorant à travers ces différents prismes nos actes et nos pensées les plus secrètes. Images, nous renvoyant à l’intime de nos consciences et à notre regard sur le monde.
Il ne s’agit pas pour nous de tenter de représenter un procès et le rituel d’un tribunal. C’est à travers ces journées particulières, dans le « off » qui accompagnent les débats, lorsque les jurés se retrouvent en compagnie du juge pour analyser les éléments du dossier en vue des délibérations, que  nous installons notre regard. Un instantané de notre époque, dans ses choix, ses contradictions, ses peurs, ses démons, ses espoirs et ses attentes. Dans ce moment intime où les consciences se heurtent et se doivent, avec l’impartialité et la fermeté qui conviennent aux hommes probes et libres, de se prononcer.

LA VENGEANCE D’UNE FEMME

La vengeance d’une femme, d’après la nouvelle de Jules Barbey d’Aurevilly tirée du recueil Les diaboliques (1874), est une confession sans absolution, ni de la part du client qui recueille les confidences de cette aristocrate devenue prostituée, ni de la part du public, invité à une cérémonie au parfum de décadentisme. Le péché de la chair n’est pas l’objet de cette pièce, mais l’acte d’amour dans lequel il y a, selon Charles Baudelaire, « une grande ressemblance avec la torture ». En faisant le trottoir, l’héroïne travaille à faire perdre l’honneur à son ancien mari (un aristocrate espagnol). Quelles raisons l’obligent à cet épouvantable jeu ? Sanzia-Florinda-Concepcion étale aux yeux des spectateurs effarés son « ciel en creux ». Le mot « diabolique » est-il employable pour cette fille des rues dont les turpitudes prouvent la nécessité d’une justice divine ? C’est toute la question de La vengeance d’une femme.
En prologue, Le sermon de la courtisane, tiré de La religion du Capital de Paul Lafargue, nous fait entrer dans le monde des courtisanes : vues par l’auteur (critiquant cette logique consistant à nous transformer en « machines à produire et à consommer »), elles sont, selon lui, le modèle du Dieu-Capital.

CET AIR INFINI

Lui est un ingénieur immigré. Il peine à s’intégrer à la ville occidentale qu’il aide à bâtir. Aux confins de cette cité en perpétuelle mutation, il rencontre une femme dont l’identité s’avère tout aussi changeante. La « peut-être » rencontre de deux êtres que notre jugement condamne à la marge sociale.

ET LA BÊTE BLESSÉE LA REGARDAIT… OÙ EST ROSA LUXEMBOURG ?

«Je n’ai pas connu ma tante Rosa, seulement des récits et des conversations de grands que j’attrapais au vol. Quand on a pris l’avion pour assister à son enterrement c’était étrange. Tout le monde était triste et en colère et moi j’était intrigué et impressionné de voyager en avion. Mon père travaillait au ministère polonais de la Santé qui venait d’être créé. C’est pourquoi on lui a fourni un avion. Il a pu sauver une partie de la bibliothèque de tante Rosa.»

Kazimierz Luxemburg, neveu de Rosa

Ce pourrait être « Looking for Rosa » en clin d’œil à Al Pacino. Le principe de notre travail suivra la même démarche de recherche, de questions posées, une sorte d’enquête autour d’une réalité … mystérieuse : Le corps enterré au côté de celui de Karl Liebknecht plusieurs mois après celui-ci est-il celui de Rosa Luxemburg ?
Rien n’est moins sûr !
Les faits connus : le 15 janvier 1919 Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés par les Corps-Francs (milices de soldats fascistes n’acceptant pas la défaite) organisés par Noske, ministre social-démocrate de l’intérieur. Le corps de Rosa est jeté dans les eaux glacées du Landwehrkanal après mutilation. On lui a coupé les mains, les pieds et la tête. Un cercueil vide sera enterré le 25 janvier au côté de celui de Liebknecht car il faut calmer les esprits et la foule de cette révolution en cours, férocement réprimée. Ces funérailles rassembleront néanmoins plus de 100 000 personnes.
Quelques mois plus tard un corps de femme est repêché dans le Landwehrkanal. Il est attribué à Rosa et est enterré le 13 juin 1919 donnant lieu à un nouveau rassemblement.
Problème : C’est un corps avec tête, pieds et mains qui est enterré. Sans défaut à la hanche et aux deux jambes de même longueur. Rosa boite depuis l’enfance après une poliomyélite. A-t-on encore cherché à calmer les esprits ?
En 2009 un mystérieux corps de femme a été découvert dans un cercueil en bois, dans une pièce souterraine de l’Institut médico-légal de l’hôpital Charité à Berlin et présenterait des « similitudes stupéfiantes avec celui possible de Rosa Luxemburg », selon le directeur de cet Institut.
Notre spectacle : nous commençons par la fin de l’histoire. La mort de Rosa et le mystère autour de son corps. Et nous reprenons le fil de sa vie.
Trois temporalités : le temps de Rosa la rouge, surtout les lettres de prisons pendant la Grande Guerre, le temps de Kazimierz et de ses souvenirs. Notre temps, enfin, de fabrication du spectacle, Aurélie Youlia menant elle-même sa recherche dans le désir de nous faire découvrir l’amour de la vie, de toute les vies qui animait cette femme de combat.
Pas de biopic, pas d’identification proprement dites. La construction d’un univers poétique reposant sur l’extraordinaire correspondance de Rosa, aidée de musiques et de sons pour parler de notre temps présent. Car Rosa Luxemburg a consacré sa vie au combat pour aider les humains à se libérer eux-mêmes de leurs chaînes et à « chanter » son amour de la nature. Dans les plus infimes manifestations de vie – une fleur poussant entre les pierres des murs de sa prison, un oiseau se posant entre les barreaux du soupirail – elle puise son énergie vitale.
Le laboratoire d’une recherche poétique avec musique et mots. La silhouette de Rosa la Rouge dans un coin de l’espace. Des interventions de notre réel.

IPHIGÉNIE

Iphigénie, c’est plusieurs horizons qui se chevauchent. Un drame familial, une légende et sa malédiction, un univers désolé et immobile, une quête d’identité.
Racine laisse au spectateur l’absence, le manque de modèle absolu et hégémonique. Par ce texte, il fabrique des situations ouvertes qui tendent rarement vers un espoir.

Toutefois, au milieu du désastre, se dresse un pouvoir : celui des femmes.
Clytemnestre, par sa révolte face aux oscillations de son époux et roi, puis par sa remise en question de l’existence même des dieux. Eriphile, dans sa quête féroce d’identité, de vérité et de justice.

Iphigénie, par sa profonde résignation et sa dignité face à son propre sacrifice.
Ces trois figures archétypales refusent de collaborer avec un système où le pouvoir engendre le mensonge, la trahison, la manipulation.

La résonance que ce texte peut avoir dans notre société est aussi à un tout autre endroit : travailler Iphigénie dans un monde saturé d’informations et d’images, qui oblige aux certitudes et à la radicalité, c’est rendre compte et célébrer l’incertitude, le flottement, la suspension dans le temps.

Ce qui m’intéresse chez Racine, et tout particulièrement dans cette pièce, c’est aussi la question de la croyance.
Il intériorise la foi : les personnages interrogent leur âme, leurs émotions propres, leurs sensations. Le regard est alors tourné vers l’humain et non vers le ciel et tous convoquent leur voix du dedans.

Clément Séclin

EN ATTENDANT GODOT

À peine conçus, nous attendons. La naissance nous délivre de cette attente. Alors commence l’attente du devenir. C’est l’époque où une certaine insouciance nous permet de croire que la mort ne viendra pas. Les jours, les heures, les secondes passent et l’attente devient de plus en plus présente jusqu’à l’instant inévitable.
Entre-temps, nous aurons su profiter du peu de temps qui nous aura été imparti.

La troupe de l’Épée de Bois

***

« Que faisons-nous ici, voilà ce qu’il faut se demander. Nous avons la chance de le savoir. Oui, dans cette immense confusion, une seule chose est claire : nous attendons que Godot vienne. »

VLADIMIR, in
En attendant Godot de Samuel Beckett,
Éditions de Minuit.

LES TIGRES SONT PLUS BEAUX À VOIR

L’écriture comme rédemption
Certaines écritures demandent à revenir, ou à venir à notre rencontre, c’est tout l’art de certains auteurs de nous parler de loin, et de nous éveiller à l’essentiel.

Encore une fois je m’attache à une femme qui écrit.
Après L’Homme-Jasmin d’Unica Zürn, après La princesse de Clèves de Madame de Lafayette, Jean Rhys (1890/1979), anglaise, née à la Dominique, ayant vécu à Paris où a commencé sa vie d’écrivain dans les années 20.
Une auteure qui m’a bouleversée jusqu’à garder en mémoire l’impact physique de sa découverte, et à ne céder en rien au désir de partager cette émotion.
Une auteure dont la vie a oscillé entre apparition magistrale et disparition incompréhensible de la scène littéraire, au point qu’on l’a crue morte de son vivant.

Ici pas d’histoires de cour, de grands de ce monde, mais plutôt des portraits de laissés-pour-compte, qui avancent à visage découvert, en dehors de la machine, mais résistants, avides de justice et de liberté. Un parlement des invisibles.

D’un style à la tonalité inoubliable, l’écriture de Jean Rhys nous atteint toujours de manière inattendue, et nous laisse surpris, émerveillés.

En 1970, à l’occasion de la sortie en France de Les Tigres sont plus beaux à voir, Jacques Cabeau, critique littéraire écrit :
«Si trente ans après on redécouvre soudain les complaintes de Jean Rhys, ce n’est pas seulement pour son talent d’écrivain. C’est qu’elle dénonce la difficulté de vivre dans une société de la réussite obligatoire. Dans cette chronique des laissés-pour-compte, elle parle pour tous ceux qui ne sont ni toujours beaux, ni toujours jeunes, ni toujours dynamiques. À une société qui a fait du tigre dans le moteur le symbole de la compétition sauvage, Jean Rhys répond du fond du désastre des années 20, qu’en réalité les tigres sont plus beaux à voir que les hommes.»

De la littérature…
J’ai découvert Jean Rhys par un chemin dont le spectacle témoignera.
Jean Rhys, qui êtes-vous ? Un livre de Christine Jordis. En deuxième partie de ce livre, se trouve une interview de Jean Rhys par un autre auteur, David Plante. Elle est au crépuscule de sa vie, et lui à l’âge de tous les possibles. A l’origine de leurs rendez-vous, un contrat les liait : David Plante venait aider Jean Rhys à mettre de l’ordre dans sa mémoire et ses écrits qui allaient devenir son autobiographie inachevée: Souriez, s’il vous plaît qui paraîtra après sa mort.
Nous ferons la connaissance de Jean, et du jeune homme, au rythme de leur rendez-vous, sorte de fil conducteur, qui nous ramènera au présent.
La matière du spectacle aurait pu s’en tenir à ces rencontres.
Mais comme le théâtre invite à des chemins de traverses, et que je ne pouvais pas nous priver de la découverte de Jean Rhys, par quelques-unes de ses œuvres, où elle transcende magnifiquement sa vie, nous prolongerons la visite en s’aventurant dans ses nouvelles pour être encore plus proche de sa voix.

Entremêler les différents espaces de narration
Passer du présent au passé,
Se laisser porter par la puissance narrative de ces écrits.
Décliner les angles d’entrées,
Guider le spectateur dans ces contrées.
Se laisser envahir par la matière de la vie et de l’œuvre.
Voilà notre visée.

…Au plateau
premiers temps de répétitions
Chacun s’est confronté à l’œuvre. Chacun a commencé à tisser un lien intime avec cette écriture, par des axes différents, suscités par la distribution dans l’adaptation.
Et un coude à coude s’est installé pour porter ensemble cette densité, où présent et passé, fictions et récits autobiographiques s’entremêlent et affluent comme des rafales, des bouffées d’air.
Des ponts nécessaires se sont inventés pour tenir l’avancée, sans éclats, et s’approcher de l’essentiel.

Ce spectacle part de la littérature et se prolonge par la découverte de ce qui ne peut se déployer qu’au plateau, par la magie du théâtre.
C’est une plongée dans les mondes narratifs et un chemin pris en commun vers la densité des éclats de cette œuvre.
Nous n’échapperons pas au trouble.
Il s’agira d’emporter les spectateurs avec nous vers la perception sensible de cette écriture qui va loin, très loin, au bord d’un précipice.
La puissance des fictions et le regard porté vers l’intérieur des âmes nous montrent la voie.
La musique nous accompagnera dans ce voyage que j’espère inédit.

Magali Montoya

LES CARNETS DE HARRY HALLER

La nuit initiatique d’un homme révolté.

Il est des livres qui vous touchent et vous accompagnent. Le Loup des Steppes, dont sont extraits Les Carnets de Harry Haller, est de ceux-là.

Ces carnets, restitués fidèlement, constituent un véritable récit d’apprentissage. Celui d’une libération confiée par un homme à son journal intime. Au fil d’une épopée nocturne mi-réelle mi-fantastique, qui préfigure le reste du roman, nous accompagnons Harry dans son cheminement extérieur, mais surtout intérieur, et assistons à sa libération progressive… Celle de son propre enfermement, de ses habitudes de vie “petite bourgeoise“ qui lui sont devenues insupportables. À quoi bon vivre si c’est pour ne (plus) rien ressentir ! À travers révoltes, souvenirs, sensations, Harry va se reconnecter peu à peu au monde sensible et redécouvrir des moments magiques de la vie. Tout n’est peut-être pas perdu ?

Roman initiatique, Le Loup des Steppes questionne la solitude de l’homme face à l’univers et réinvente, pour nous comme pour Harry, une vie pleine, riche et surprenante. Publié en 1927 et interdit sous le régime nazi, Le Loup des Steppes est redécouvert dans les années 60, 70 où il devient culte pour toute une génération éprise de liberté.

Un texte fort, initiatique et porteur de sens dont nous souhaitions partager l’énergie de vie.

 

Extraits presse

« Frédéric Schmitt officie avec une virtuosité qui laisse pantois et embarque le spectateur dans cette folle équipée nocturne qui ne révèle pas tous ses secrets. Un excellent travail. » Froggy’s DelightMartine Piazzon

« Une densité d’interprétation fascinante où se rejoignent pour notre plus grand plaisir la magie de la littérature et le génie du théâtre. » Politique MagazineMadeleine Gautier

« Une telle agilité ne fait que ramener au principe théâtral d’un homme seul sur une scène vide et à la puissance modulée de sa voix. L’exercice est maîtrisé de bout en bout. » WebthéâtreGilles Costaz

« Le comédien colle à son personnage de schizophrène lumineux. La nuit obscure qu’il traverse dans son désir de liberté, on a l’impression de la voir et de s’y complaire de phrase en phrase. À ne pas manquer. » Théâtrothèque Pierre Bréant

« Une superbe interprétation et une magnifique performance d’acteur qui invite à relire l’œuvre de Hesse. » It Art Bag –  Valérie Baudat

« Un loup des steppes lumineusement incarné. » Le Monde LibertaireEvelyne Trân

« Frédéric Schmitt, avec une remarquable intensité, donne corps au héros. Habité par sa partition, il en donne toutes les facettes et toutes les sonorités et nous laisse entendre la richesse, la beauté et la mélodie d’un texte né sous la plume d’un grand mélomane. »
Artistik RezoPhilippe Escalier

« Une performance littéraire et théâtrale à la mesure du texte de Hermann Hesse. »
Arts Mouvants

« Une superbe interprétation et une vraie performance d’acteur qui nous font rentrer complètement dans l’univers de Hesse. » Fréquence ProtestanteEvelyne Selles

« On écoute et on regarde vraiment tout ce qui se passe dans cette salle et on en ressort conquis. Nous aimerions beaucoup qu’il y ait une suite… » La Parisienne Life

VINCENT VAN GOGH, LA QUÊTE ABSOLUE

Au fil des tableaux qui se succèdent, Van Gogh parle.

Il se raconte dans les lettres qu’il écrit à son frère Théo. A travers elles, il lance son appel, crie sa faim de Dieu, sa soif d’absolu, l’exclusion, la solitude, le désir de créer, et son amour infini, jusqu’à la brisure, jusqu’à la folie, jusqu’à la fin.

La meilleure description du jeu sublime et passionné du comédien reste certainement celle du journal Le Monde :

« Est-ce la ressemblance physique frappante avec son modèle, la passion qui semble l’habiter à chaque réplique… ?« 

En tout cas, une chose est sûre :

« Gérard Rouzier ne se contente pas simplement de jouer un rôle, il EST Vincent jusqu’au bout de sa pipe.« 

L’AVIS DU PUBLIC…

Moment magnifique…un tête à tête avec Van Gogh inespéré. Merci a vous. Quelle vérité ! Quelle pureté! Quelle émotion! Geneviève

Une grande vie servie par un grand interprète; Merci pour ces émotions. J-C R.
Je ne pourrai plus regarder un tableau de Van Gogh comme avant. Alain

L’avez-vous connu ?
Vous semblez l’avoir vécu. Merci de nous permettre de le vivre avec vous… Catherine

Merci pour ce choix et cette sobriété plus éclairante sur l’art, l’artiste et l’œuvre, que tout ce que je connais sur le peintre ne l’a jamais été jusqu’à présent. Catherine

Merci d’avoir remis dans le cœur d’une artiste un peu perdue, un peu de foi et de flammes! Charlotte

« CRÉATURE(S) »

La nuit du massacre de la Saint Barthélemy, le 24 août 1572, une ombre arrache une petite créature aux cris, à la violence, aux lueurs d’incendie. C’est Ambroise Paré, médecin de Catherine de Médicis et « inventeur » de la chirurgie moderne. Il prend soin de masquer tous les miroirs de sa maison. Éduquée par Paré dans l’ignorance de son aspect physique, l’enfant grandit, devient une jeune femme impertinente. Un jour, écartant par curiosité le voile qui recouvrait le miroir, elle découvre qu’elle est couverte de poils. Un monstre.

Tout bascule. C’est le sujet de la pièce.

Comment vivre dans le regard des autres avec ce qui fait de vous au mieux une anomalie, au pire un monstre ? Le monstre désigne aussi bien des êtres réels que des créatures fantastiques. Il nomme ce que nous ne voulons pas être et nous permet de mettre un mot sur ce que nous ne pouvons pas comprendre. La différence fait peur parce qu’elle représente ce qu’on ne connaît pas.

Teresa Ovidio interprète ce personnage et Jean Marie Galey joue le chirurgien Ambroise Paré.
Le nom d’Ambroise Paré, à l’instar de Jeanne d’Arc qui orne le fronton de nombreux établissements scolaires et administratifs en France, a été donné à une multitudes d’établissements hospitaliers et noms de rue, mais qui connaît sa vie, son œuvre ? Ce spectacle en dessine un portrait tout à fait singulier, qui n’est pas éloigné de ses contemporains humanistes, des esprits éclairés de son temps comme Léonard de Vinci et Montaigne, puis un peu plus tard les scientifiques du siècle des Lumières. Il gagne beaucoup à être enfin connu dans ce qu’il a apporté à l’humanité, et nous nous y employons dans ce texte, en même temps que nous ouvrons un dialogue imaginaire entre ce Pygmalion qu’il aurait pu être et une jeune femme singulière au tempérament proche des jeunes femmes de la génération #MeToo.

Il est utile de préciser que si sa rencontre avec Ambroise Paré est une fiction – plausible -, Madeleine Gonzalès a réellement existé. Son histoire, devenue un mythe, a inspiré le conte de la Belle et la Bête, écrit en 1740 par une aristocrate, madame de Villeneuve.