Je me rappelle,
toute petite, quand j’allais dans les champs de mon père
et que je voyais de grands arbres abattus par une tornade,
je me disais : au lieu qu’ils tombent et pourrissent,
si je pouvais les transformer en quelque chose de beau,
si j’avais ce pouvoir… Tout ce qui se perd me touche.
Que l’on soit homme ou femme, arbre, animal ou insecte,
c’est le même corps…
Je raconte la vie humaine, tout ce qui vit et meurt
pour naître à nouveau… je raconte la vie qui n’a pas de fin…
Eugénie Bitty
La Leçon d’Eugène Ionesco (1951) cristallise les enjeux politiques et éducatifs. Cette fable pousse la logique de l’injonction à son paroxysme, la dérive de l’autorité en tyrannie. Au départ, les échanges respectent le strict cadre des codes sociaux. Il y a la timidité du professeur, la naïveté de l’élève et les interventions intempestives et inquiétantes de la bonne. C’est par le langage que tout va basculer, s’affoler. Le professeur s’empare peu à peu de la parole et la leçon
prend un tour magistral et sadique. Les mots s’animent alors en séries obsédantes, se répètent jusqu’au mot de la fin, qui apparaît alors comme l’instrument d’un crime imaginaire : « Dites : couteau…cou…teau…couteau…cou…teau…». L’élève finit par ne plus comprendre le maître dont l’agressivité va crescendo. L’élève s’épuise petit à petit et devient la 40e victime de la journée de son professeur.
Dans ce drame comique, le langage devient l’arme abstraite d’un asservissement. De cette incantation envoûtante surgit la monstruosité, comme un aboutissement fatal de la violence.
Si la leçon ne nous enseigne rien, elle fait plus essentiel : elle nous met en éveil.
Spectacle tout public
Mercadet, banquier et homme d’affaires sans morale, au bord de la faillite, doit marier sa fille à un riche parti pour apaiser ses créanciers et repousser ses échéances. Déconnecté de toute réalité hormis celle de l’Argent, il multiplie les projets mirifiques et coups en Bourse.
Entre le monde du jeu, de la finance – celui de Mercadet – et le monde des sentiments – représenté par sa femme, sa fille, son amoureux Adolphe Minard, simple employé – une lutte s’engage. Interviennent les nombreux personnages de la comédie sociale : l’ami de toujours, Verdelin, deux jeunes hommes séduisants au passé trouble, des créanciers, des partenaires de la Bourse, les serviteurs de la maison, et enfin, dans l’ombre, un mystérieux Godeau.
À travers ce personnage du faiseur à l’énergie fabulatrice sans limites, Balzac tourne en dérision spéculateurs et créanciers et dénonce, dès les années 1840, le cynisme du capitalisme financier.
Spectacle tout public