Archives pour la catégorie se joue en Juin 2016

Duc de Gothland

La Compagnie Bernard Sobel vous invite à une rencontre autour d’une œuvre écrite il y a près de deux siècles par un tout jeune homme, Christian Dietrich Grabbe, encore largement méconnu en France. Fou alcoolique, «minus psychomaniaque», «prétentieux grossier», pour les uns, «cannibale littéraire», «météore déréglé» pour d’autres, il fut admiré par Brecht et Jarry, captivé, traduira l’une de ses œuvres.

Dès cette première pièce, Théodore, duc de Gothland, un des plus grands poètes de son temps, Heine, parle de «génie» et le qualifie avec admiration de «bête sauvage et poétique». Dans le vacarme du vent et les cris des naufragés, une mer déchaînée lance sur les rivages d’Europe des peuples venus venger mépris, oppression et pillages longtemps subis.

Celui qui les conduit de massacres en incendies, Berdoa, le « nègre », demi mort ressuscité par la haine et le désir de vengeance, ne veut pas seulement détruire matériellement ce monde exécré, blanc et chrétien, qui l’a réduit en esclavage au prétexte de sa couleur de peau, lui déniant ainsi son humanité. C’est à une civilisation qu’il s’attaque, au socle même d’un ordre moral, social et politique qui se prétend supérieur aux autres.

Son combat prendra la forme d’un duel ; son adversaire : Théodore, duc de Gothland, héros national, époux et père exemplaire, fils respectueux et frère affectionné. Au terme du combat, il ne restera rien de cette construction qui faisait l’identité, l’humanité d’un homme.

Frère voyant de Rimbaud et de Freud, Grabbe, avec cette œuvre, nous permet de réfléchir, en dehors de toute «morale», sur ce qui fonde ce qu’on appelle la civilisation, si peu naturelle et si fragile, si contestable et si précieuse. M. R.-D.

La rencontre à laquelle nous vous convions, Le poème théâtral, la violence et le genre humain, permettra, nous l’espérons, d’aiguiser la curiosité et l’envie de connaître un peu mieux ce géant de la littérature allemande, bateau ivre prématurément fracassé.

Exposition «Humanité»

Je me rappelle,
toute petite, quand j’allais dans les champs de mon père
et que je voyais de grands arbres abattus par une tornade,
je me disais : au lieu qu’ils tombent et pourrissent,
si je pouvais les transformer en quelque chose de beau,
si j’avais ce pouvoir… Tout ce qui se perd me touche.
Que l’on soit homme ou femme, arbre, animal ou insecte,
c’est le même corps…
Je raconte la vie humaine, tout ce qui vit et meurt
pour naître à nouveau… je raconte la vie qui n’a pas de fin…

Eugénie Bitty

ŒUVRER

Une pièce lumineuse émaillée de témoignages autour de la relation entre l’être humain et son travail.

Œuvrer nous plonge dans le quotidien d’un couple moderne. À travers des situations cocasses sur le chantier de leur maison, ces personnages qui se disputent et s’aiment dans la même phrase, confrontent leur vision du travail et la place qu’il occupe dans leur vie.
C’est sur la distinction entre les mots « œuvrer » et « travailler » que le spectacle se construit. Œuvrer, c’est quand la force de travail dont on dispose s’applique à construire, que ce soit une maison, une éducation, une organisation, un service. Traversée par toutes les histoires recueillies, Laure Bonnet nous offre un spectacle optimiste et émouvant, nourri d’images et de musiques, loin de la sociologie ou du journalisme.

DE PASSAGE

Un récit sensible et responsable sur la fragilité de notre monde où rien n’est sombre mais lumineux et éclatant de vitalité !

Les enfants sont des princes curieux, dévoreurs de découvertes multiples. L’obscurité aussi les intrigue. Le théâtre peut fonder en eux des sentiments nouveaux pour mieux affronter la réalité et l’importance d’être vivant. Un théâtre d’images et de mots, une recherche marionnettique d’un théâtre d’ombre à échelle humaine.

Spectacle jeune public à partir de 9 ans

LA LEÇON

La Leçon d’Eugène Ionesco (1951) cristallise les enjeux politiques et éducatifs. Cette fable pousse la logique de l’injonction à son paroxysme, la dérive de l’autorité en tyrannie. Au départ, les échanges respectent le strict cadre des codes sociaux. Il y a la timidité du professeur, la naïveté de l’élève et les interventions intempestives et inquiétantes de la bonne. C’est par le langage que tout va basculer, s’affoler. Le professeur s’empare peu à peu de la parole et la leçon

prend un tour magistral et sadique. Les mots s’animent alors en séries obsédantes, se répètent jusqu’au mot de la fin, qui apparaît alors comme l’instrument d’un crime imaginaire : « Dites : couteau…cou…teau…couteau…cou…teau…». L’élève finit par ne plus comprendre le maître dont l’agressivité va crescendo. L’élève s’épuise petit à petit et devient la 40e victime de la journée de son professeur.

Dans ce drame comique, le langage devient l’arme abstraite d’un asservissement. De cette incantation envoûtante surgit la monstruosité, comme un aboutissement fatal de la violence.

Si la leçon ne nous enseigne rien, elle fait plus essentiel : elle nous met en éveil.

Spectacle tout public

LE FAISEUR

Mercadet, banquier et homme d’affaires sans morale, au bord de la faillite, doit marier sa fille à un riche parti pour apaiser ses créanciers et repousser ses échéances. Déconnecté de toute réalité hormis celle de l’Argent, il multiplie les projets mirifiques et coups en Bourse.

Entre le monde du jeu, de la finance – celui de Mercadet – et le monde des sentiments – représenté par sa femme, sa fille, son amoureux Adolphe Minard, simple employé – une lutte s’engage. Interviennent les nombreux personnages de la comédie sociale : l’ami de toujours, Verdelin, deux jeunes hommes séduisants au passé trouble, des créanciers, des partenaires de la Bourse, les serviteurs de la maison, et enfin, dans l’ombre, un mystérieux Godeau.

À travers ce personnage du faiseur à l’énergie fabulatrice sans limites, Balzac tourne en dérision spéculateurs et créanciers et dénonce, dès les années 1840, le cynisme du capitalisme financier.

 

Spectacle tout public

L’ECOLE DES FEMMES

Arnolphe, Monsieur de la Souche, élève Agnès dans l’ignorance la plus totale, cloîtrée intellectuellement, enfermée physiquement comme une marchandise dans un coffre-fort. Mais l’amour donne à Agnès une malice involontaire, de l’intelligence et pour finir des ailes ! Elle va trouver le moyen d’échapper à l’emprise d’Arnolphe qui, dépité par l’échec de sa théorie, réalise, trop tard, qu’il est profondément amoureux d’Agnès.

 

L’École des femmes ouvre la période des grandes comédies de Cour. Toute l’humanité s’y retrouve. C’est une pièce qui touche une problématique éternelle : l’inquiétude des hommes face aux femmes, le désir de maîtriser le mystère féminin, l’abus de pouvoir des hommes.
Christian Schiaretti

 

Spectacle tout public