Archives pour la catégorie se joue en Novembre 2019

LA LEÇON

« L’angoisse n’est pas supportable sans l’humour. C’est le mélange qui fait le plaisir. » Alfred Hitchcock.

A l’issue de la seconde guerre mondiale, Eugène Ionesco écrit une leçon inspirée du nazisme. Le professeur fait de son élève une poupée de chiffon, à la merci de ses fantasmes. Pièce maîtresse du théâtre de l’absurde, l’auteur français d’origine roumaine s’est réjoui que le « public trouve cela franchement gai ».

Plutôt que dans une salle de classe, nous sommes face à un gourou des temps modernes. Prescripteur du bien-pensant, sa maîtrise parfaite du discours est la meilleure des propagandes. Reconnu, adoré et auréolé de la bénédiction des médias, il nous induit, sans en avoir l’air, à nous convertir à telle ou telle idée.

REVUE DE PRESSE – FESTIVAL OFF AVIGNON 2019

VIVANTMAG – « (…) la jeune demoiselle est assise dans un fauteuil roulant, immobile tout au long de la pièce ; seul son visage est expressif (et comment !) (…). Le professeur a un côté « opéra-comique » : il se dandine, se déplace avec des pas de danse, son interprétation est puissante.(…) Allez voir cette pièce absurde, drôle, violente et bouleversante.»

REGARTS – « Il fallait toute l’habileté de Nikson Pitaqaj pour mettre en scène une comédie absurde créée par Ionesco en 1950. »

Lire la suite

JUSQU’À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE

« L’homme n’est que poussière, c’est dire l’importance du plumeau. »
Alexandre Vialatte

Au retour des obsèques de la grand-mère, un incident lourd de conséquences est le point de départ d’un engrenage vaudevillesque ponctué de mensonges insensés et d’inventions farfelues. Simon et son amie Anne se démènent pour dissimuler l’impossible vérité à
la mère. Cet événement les dépasse et les engage au-delà de tout ce qu’ils pouvaient imaginer.
« Jusqu’à ce que la mort nous sépare » est une comédie légère et profonde à la fois, sur notre rapport à la mort et les relations amoureuses et familiales, sur l’humain et sur la vie qui se joue des tabous et qui défie la mort comme le fait un fou rire à un enterrement.

REVUE DE PRESSE – FESTIVAL OFF AVIGNON 2019

LA PROVENCE – « C’est complètement absurde mais follement drôle.(…) On s’amuse beaucoup du jeu des trois comédiens, chacun rivalisant avec l’autre dans l’humour noir et la dinguerie. (…) Leurs personnages finissent par se transformer en pantins désarticulés tant la pièce tend vers un tourbillon fou et dénué de tout bon sens. »

REGARTS«  (…) des situations parfaitement burlesques qui inclinent naturellement au rire franc, massif. C’est vrai ! L’on rigole beaucoup au long de ce spectacle. À noter : l’excellente prestation des trois comédiens qui occupent le plateau. »

LE DAUPHINE / VAUCLUSE MATIN –  « (…) Si la trame du spectacle baigne dans la dramaturgie, le metteur en scène a su donner du croustillant grinçant et humoristique à ses trois personnages. »

Lire la suite

L’ILLUSION COMIQUE

Pour tenter de mieux vivre, l’homme a observé le monde. Il a souhaité le transformer à la mesure de son idéal. Riche de ses illusions, il a voulu faire coïncider la réalité et sa propre pensée. La pièce de Corneille nous ramène à notre adolescence, au moment où l’on refuse l’ancienne autorité du père. On quitte alors sa famille, son village, son pays et, guidé par la déesse intuition, on part à la recherche d’un monde neuf. Même si on ne concrétise pas son rêve, on l’aura cherché. Clindor, le jeune homme révolté de la pièce, est vie et espoir. Car sans la force de l’illusion, l’homme serait un mort-vivant condamné à vivre sous la férule de l’autorité établie.

LE CRÉPUSCULE

« L’intimité avec lui, ce n’est pas de parler de lui, mais de la France, ou de la mort » André Malraux

Le Crépuscule est un pont entre les époques, il est autant le chant du cygne que le chant d’espoir d’un renouveau politique, humain. La pièce, tant hommage funèbre que morceau d’Histoire, offre au public de comprendre plus avant le monde dans lequel nous sommes et suggère des pistes de réflexion sur nos sociétés modernes, en mettant en scène un de Gaulle à l’élan visionnaire, tant sur l’Europe que sur la place de la France dans le monde contemporain, un personnage crépusculaire annonçant le rapide déclin d’une civilisation. Le texte de Malraux, à la fois testamentaire et d’une brûlante actualité, demeure en tous points bouleversant et d’une intelligence rare; il défile lentement, sans accroc, magnifique opportunité d’appréhender le XXe siècle. Son adaptation à la scène fut une succession de profonds questionnements, le premier ayant bien entendu trait à la réception du public.Le jeu exceptionnel des comédiens permet une véritable incarnation : très vite, ils sont sur le plateau de Gaulle et Malraux, dans une œuvre difficile et ambitieuse offrant de saisir ce que fut le gaullisme. Le spectacle aspire à rendre son désir d’élévation des consciences à l’auteur des Voix du silence. Une sublime joute verbale se déploie dans un texte dramatique intense, digne des grands classiques. Avec humour et panache, lyrisme et solennité, la plume de Malraux met en lumière les traits les plus profonds d’un visage que l’on croyait connaître dans un dialogue socratique.

Revue de presse – Festival OFF d’Avignon 2019

TÉLÉRAMATT – « Une grande puissance verbale. Servie par deux acteurs à la hauteur, qui cette fois se retrouvent dans le Off, après avoir été si souvent complices des créations d’Olivier Py, dans le IN… Intelligent et crépusculaire. »

LE MASQUE ET LA PLUME – Coup de cœur d’Armelle Héliot dans l’émission du 21 juillet 2019

FRANCE INTER – « Une rencontre au sommet entre deux des plus grands comédiens de théâtre français. »

L’HUMANITÉ – « Une séquence d’histoire contemporaine…avec deux excellents comédiens… »

Lire la suite

UTOPIA 89 / Nous sommes le peuple

Tout commence par un récit aux résonnances mythiques. Un aède raconte l’histoire d’un petit pays disparu qui, dans un dernier sursaut, a tenté de concrétiser une utopie. C’est alors que surgit une autre voix, féminine, qui invite le peuple à rêver d’un autre monde possible… Puis soudainement tout s’interrompt. Comment continuer la répétition sans Heiner Müller, le célèbre dramaturge est-allemand qui devait faire la mise en scène et jouer son propre rôle dans la pièce ?

Une répétition durant laquelle deux comédiens, un homme et une femme, sont aux prises avec les discours tenus le 4 novembre 1989 à Alexanderplatz en plein Berlin est, et se demandent quoi faire théâtralement de ce matériau historique. Que voulaient donc ces orateurs ? Et la population ? Le pouvoir ? Comment dire les textes de Christa Wolf, Marianne Birthler…et leur donner une résonnance aujourd’hui ? Comment faire entendre cette matière de l’utopie alors qu’on se situe trente ans après la chute du Mur ?

Et s’ils jouaient les personnages ? Au café Espresso, sur Alexanderplatz, en marge de la manifestation, en attendant de prendre la parole ou en descendant de la tribune, les personnages historiques du 4 novembre 89 se croisent. Schabowski, membre du Politbüro, sort sous les huées, tendu ; Gisy, avocat proche du pouvoir, jubile de sa prestation ; Christa Wolf, déstabilisée, vacille… Leur monde s’effondre et tous pressentent que leur destin est sur le point de basculer…

Mais pourquoi Heiner Müller n’arrive-t-il toujours pas ?

En médaillons, des scènes remontant à l’été 89. Kirstin annonce à son frère Jürgen son intention de quitter la RDA. Dans sa fuite, elle croise Nicolas, un journaliste français aux questions pour le moins inquiétantes… Parvenue en RFA, le doute l’assaille.

Quelques fantômes tentent de prendre part à la manifestation et de s’immiscer dans les interstices du jeu théâtral… Ainsi de Rosa Luxemburg, comme un éternel refoulé, ou de l’Ange de l’Histoire, dont le visage, tourné vers le passé, contemple avec stupeur « une catastrophe sans modulation ni trêve » (Walter Benjamin, « Sur le concept d’histoire », IX, Écrits français).