Archives pour la catégorie spectacle en cours

ONCLE VANIA

Une enchanteresse est à l’origine de toutes les envies d’échapper aux amertumes de la vie. Le vieux professeur représente la sécurité de la norme, un conformisme qui tarit la source vive de nos décisions et de nos rêves. Un père angoissé, un oncle spolié de ses ambitions, un médecin brisé par les affres du monde. La jeune femme, cœur de cette pièce, porte les rêves condamnés, victime de la dépossession orchestrée en dehors d’elle. Un maître du domaine voué au seul travail. Deux vies sacrifiées.

Projet Tchekhov

La Mouette et Oncle Vania présentent la même structure en quatre actes non découpés en scènes. Nous proposons de permettre aux spectateurs d’établir des juxtapositions entre ces deux œuvres, jouées en miroir.

Les liens Père/ fille – Mère/ fils.
Kostia et Sonia côte à côte dans leurs relations avec leur parentèle. Il se sent négligé et rejeté par sa mère, qui ne reconnaît pas son talent Elle, n’est prise en compte par personne.

Les rêves brisés de Nina trouvent leur reflets dans ceux de Vania. Les illusions volent en éclat. Les relations amoureuses sont contrariées dans un enchevêtrement semblable entre les deux œuvres. L’aliénation de l’héritage, la perte d’un bien fondateur de la famille est l’élément déclencheur de la dramaturgie.

Les thèmes récurrents dans l’œuvre d’Anton Tchekhov.
Cette vie n’a été que mascarade, rien n’a eu lieu en dehors de nos illusions… Au fond, une question se pose : « Pourquoi les enfants doivent-ils porter la charge de la dette des manquements des parents ? »

LE SECRET D’AMALIA

Olga fait l’éloge d’Amalia à K., pour avoir déchiré la lettre de Sortini, haut fonctionnaire au Château, qui l’intimait de se donner à lui. K. reconnaît que le geste de refus intuitif d’Amalia est singulier, tout en ne sachant plus si ce geste a été sage ou fou, héroïque ou lâche : « Amalia tient ses raisons cachées au plus profond de son cœur ; personne ne les lui arrachera.»

LE RÉCIT DE LA SERVANTE ZERLINE

Une autre anonyme.

La servante Zerline fait partie d’une série de portraits qu’Hermann Broch a essayé de saisir de ceux qui habitaient le temps qui a précédé l’arrivée d’Hitler au pouvoir.
Zerline est comme les autres personnages qu’il s’est efforcé d’épingler, « apolitique » dans la mesure où ils ne se sentent pas concernés par la politique et ne sont d’ailleurs pas en mesure de l’être. Ils flottent dans un brouillard sombre et nébuleux. Aucune de ces silhouettes n’est en quoi que ce soit « responsable » de ce qui va arriver.
C’est justement cet état spirituel et moral qui a rendu possible la catastrophe qu’allait connaître le pays de Goethe.
L’indifférence à la politique est en fait une perversion morale qui permet un état des choses qui semble être le nôtre aujourd’hui.

LE CABARET DU CAMPEMENT

Le Cabaret du Campement est présenté par la Coopérative 326 et le cabaret « Chez Zézette ».

Zézette organise des cabarets en donnant l’espace à des invité.e.s. Habituellement au Barlone, à Paris, Zézette se délocalise au Théâtre de l’Épée de Bois pour ce magnifique projet commun avec la Coopérative 326, le dimanche, pour poursuivre la représentation du Roi se meurt.

C’est l’incroyable Direction Rigoureuse des Approximations Glamour qui va retourner le Hall !

Pendant que chacun.e casse la croûte, ou pas, les créatures de la D.R.A.G décalent la réalité.

Pour se mettre en chauffe, les Walking Queens vont animer un karaoké bien particulier.

Ensemble, spectateurs et créatures traversent la soirée.

Le cabaret « Chez Zézette »

« Nan mais c’est dingue, on ne peut plus rien dire ! », entendu aux toilettes après une représentation de la pièce Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco.

De crises mondiales en malaises collectifs, seul le territoire individuel reste à notre main. Pendant que les urgences montent en flèche, le temps ressenti s’accélère sans jamais rien produire de neuf. Cette vitesse n’est pas incontrôlable. Elle peut s’arrêter à notre volonté. C’est dans le temps suspendu d’un cabaret que les poussières se mettent à scintiller.

Ce que raconte socialement la succession des chocs politiques devient un gigantesque crash au ralenti. De ce chaos fracassant où tout est compliqué, long et laid, réapparaissent les résistances.

Le cabaret « Chez Zézette » en est une où l’individu existe, est vu, est entendu. Que tu sois artiste, public, technicien.ne, tout cela en même temps ou même que tu sois cette « petite voix des toilettes », tu seras entendu, soutenu, aimé ou détesté mais jamais nié.

Chez Zézette, on ne vient pas voir du cabaret, on fait cabaret, ensemble. Et pour faire cabaret au campement, Zézette a invité ses copines de la Direction Rigoureuse des Approximations Glamours parce qu’elles en connaissent un rayon sur la folie.

Chez Zézette, il n’y a pas que le cabaret qui couine.

La Direction Rigoureuse des Approximations Glamour

La D.R.A.G, Direction Rigoureuse des Approximations Glamours est un collectif d’artistes se retrouvent autour de la pratique du cabaret. Résolument inventive, rigoureusement glamour et absolument décalée, la compagnie propose des revues hautes en couleurs ou l’on croise chant, marionnettes, transformisme, sketch, danse, effeuillage burlesque, chant signe et musique live.
Il ne manque plus que vous !
Soyez cabaret !

The Walking Queens

Les Walking Queens est une troupe de drag queens qui avancent pas à pas depuis 8 ans dans Paris pour promouvoir le vivre ensemble dans un environnement fracturé. Depuis 2024, elles animent tous les dimanches un karaoké au Barlone, à Paris.

INVITATIONS SONORES – CARTE BLANCHE À JÉRÉMY SIMON

Dans le cadre de son « campement », la Coopérative 326 a décidé de proposer à Jérémy SIMON de porter tous les samedis à 19h une série de concerts, Carte Blanche lui donnant l’opportunité de développer durant 6 semaines l’expression du message artistique qu’il porte.

Il a imaginé cette série de 6 concerts en 4 actes, telle une pièce de théâtre traitant des liens tissés et invisibles qui guident notre existence.

L’accordéon chromatique de concert (bayan) et l’accordina accompagnent Jérémy SIMON sur scène.
Son jeu fort d’une expressivité sensible, énergique et puissante emmène les spectateurs dans un voyage musical inédit et émouvant, métissage des esthétiques classique, jazz et traditionnelle dans lesquelles il a grandi.
Cette singularité de parcours l’amène à évoluer dans des ensembles d’univers radicalement différents : du jazz aux musiques traditionnelles du monde, de la chanson au rock, de la musique contemporaine au monde classique.
Spécialiste de l’improvisation, il est aussi un habitué de l’exercice de la composition ou de l’écriture littéraire. Ce qui le passionne est la rencontre et le partage des cultures : il échange avec des artistes du monde entier (Cuba, Brésil, Maroc, Angleterre, Iran, Arménie, Algérie, Bretagne).

ACTE 1 : Solidarité(s)
Liens tissés entre les vivants – Jazz du monde
par le Jérémy SIMON 5tet
​Samedi 04 et 11 Octobre 2025, 19h

Pour la première fois de sa carrière, Jérémy SIMON décide de donner vie à l’univers musical qu’il incarne, celui qui se construit en lui depuis tant d’années. Ce monde sonore qu’il offre est le fruit du mélange des couleurs de la large palette des expériences de ce musicien aux multiples facettes.
Sans filtre, il livre avec le Jérémy SIMON 5tet les émotions et l’énergie qui sont présentes au plus profond de son être.
Entre jazz et volupté, entre intimité et explosion d’énergie, la musique du compositeur accordéoniste vous invite à un voyage insolite et émouvant.
Le premier opus du projet, SOLIDARITÉ.S, explore les liens si étroits tissés entre les individus, entre les êtres humains. Il interroge sur le rapport à l’autre, sur le rapport au monde qui nous entoure et sur le rapport à soi. Chaque lettre du titre apporte un mot, une sensation décrite poétiquement par le compositeur. Cet opus est une ode à la bienveillance et à l’écoute de sa paix intérieure.

Distribution :
Jérémy SIMON (accordéon de concert, accordina, voix)
Romaric BOUGÉ (trompette) apporte la sensibilité et la justesse du son de sa trompette. Grand spécialiste du jazz, il est directeur de l’Orchestre de Jazz de Bretagne et joue dans différentes formations en Bretagne, comme Kendirvi ou le Wipidoup jazz band.
Emmanuelle BRUNAT (clarinette basse) offre la rondeur et la délicatesse de sa clarinette basse. Premier prix du CNSM de Lyon, elle évolue dans différentes formations qui explorent le métissage des cultures, comme le Collectif La Boutique, le PMO (Paris Mozart Orchestra) ou le duo Accord’ébène.
Nicolas KERVAZO (piano) partage son ouverture esthétique et la technicité harmonique de son jeu pianistique. Plus connu comme guitariste (Arvest, Konoz, Fabienne Marsaudon), il retrouve dans ce projet artistique son premier instrument de coeur, le piano. L’improvisation musicale est sa spécialité.
Jérôme KERIHUEL (batterie, percussions) colore la musique du quintet de la magie de ses percussions et de son jeu si singulier, métissage du jazz et des musiques traditionnelles du monde. Il a parcouru les continents avec différentes formations (Didier Squiban, Dan Ar Braz, Ndiaz), notamment avec ses tablas.

ACTE 2 : Reflet(s)
Liens construits entre l’inspiration et la création – jazz breton et contemporain
par Rozenn LE TRIONNAIRE & Jérémy SIMON
​​Samedi 18 Octobre, 19h
​Improbable rencontre musicale, voyage artistique exaltant.

Créé en 2021, le duo constitué de Rozenn LE TRIONNAIRE et Jérémy SIMON explore un répertoire au croisement entre la musique classique, le jazz et la musique traditionnelle bretonne. L’univers du pianiste et compositeur Didier SQUIBAN est la matière qui a inspiré la création de ce concert intitulé « Reflets / Skeud ». Cet artiste breton a d’ailleurs produit le premier album du duo, sorti en mars 2024.
Le concert est parsemé de compositions du pianiste breton et de pièces écrites tels des reflets de ces œuvres par Jérémy SIMON.

Émotion, chaleur, virtuosité et évasion sont les mots qui définissent l’expression de ce projet artistique.

Distribution :
Rozenn LE TRIONNAIRE (clarinettes) enregistre en orchestre de chambre sous la direction de Trevor Pinnock et se produit en soliste avec l’Orchestre Philharmonique du Liban et l’Orchestre du Presteigne Festival (Pays de Galles). Diplômée de la Royal Academy de Londres et passionnée par ses collaborations variées avec Pierre Boulez ou encore Albin de la Simone, Rozenn intègre en 2020 l’ensemble Contraste. Elle a enseigné à l’université de King’s College, au conservatoire Berlioz à Paris, et donne désormais des masterclasses en France, Chine, Tunisie et au Maroc.
Jérémy SIMON (accordéon de concert, accordina)

ACTE 3 : Humain(s)
Liens entre l’Homme et le monde qui l’entoure – concert-lecture d’inspiration bretonne contemporaine
par le duo COMME UN SOUFFLE
​Samedi 25 Octobre et Samedi 01 Novembre, 19h

Ce spectacle vous propose d’entrer dans l’univers poétique de la littérature.
Les compositions de l’accordéoniste diatonique Morgane SIMON y rencontrent les improvisations de l’accordéon chromatique de concert de Jérémy SIMON, le temps d’un concert lecture proposant une réflexion sur la vie, l’existence.
La musique d’inspiration bretonne, accompagnée de façon contemporaine, rencontre les réflexions d’écrivains talentueux (Bauchau, Jaccottet, Schmitt, Blanckaert, Rimbaud).
Le temps de ce spectacle, les deux accordéons ne forment plus qu’un, petit et grand soufflets se rassemblant « comme un souffle… »

Distribution :
Morgane SIMON (accordéon diatonique, lectures) est une enseignante de Français au collège et artiste musicienne, originaire de Bretagne, née en 1985. Passionnée de littérature, elle aime mettre en musique les mots et les maux.
L’accordéon diatonique est pour elle un moyen d’expression : il met en lumière ce que les écrits ne peuvent exprimer et donne force aux propos. Elle joue pour le plaisir, le partage et la joie et a officié durant de nombreuses années dans diverses formations musicales bretonnes.
Jérémy SIMON (accordéon de concert, lectures)

ACTE 4 : Origine(s)
Liens entre l’histoire d’un lieu, la Cartoucherie, et les individus qui le côtoient – concert dessiné improvisé
par Gildas JAVA & Jérémy SIMON
Samedi 08 Novembre, 19h

Les artistes Gildas JAVA (dessinateur) et Jérémy SIMON (musicien) du Collectif Mosaïque croisent leurs expériences d’improvisateurs des traits et des sons pour aller à la rencontre de l’histoire de chacun, de notre genèse, de vos racines.
Toute la durée du “campement” de la Coopérative 326, le musicien breton va aller à la rencontre des personnes qui gravitent autour de la Cartoucherie de Vincennes en collectant et enregistrant leurs témoignages quant à l’histoire de ce lieu emblématique.
Le temps de ce spectacle/performance, Gildas et Jérémy donnent la parole à ces faiseurs du quotidien, aux acteurs, aux employés, au public de la Cartoucherie de Vincennes. Ils mettent en musique et en dessins les voix de toutes ces personnes et racontent ainsi l’histoire du lieu à travers le récit romancé d’un vieux facteur.

Distribution :
Gildas JAVA (dessin) est un dessinateur breton qui a fait ses armes aux éditions Déméter pour qui il a dessiné la série La IIe rédemption. Il a également collaboré au collectif Brest en bulle pour les éditions Le Télégramme. De 2023 à 2024, il collabore avec le journaliste Yvonnick DENOËL et dessine la bande-dessinée documentaire “La Fortune de Poutine” aux éditions Nouveau Monde. Il est spécialisé dans l’exercice du dessin en direct.
Jérémy SIMON (accordéon de concert, voix)

DOUX OISEAU DE JEUNESSE

À San José, dans une chambre d’hôtel, un jeune homme ambitieux et une actrice célèbre mais déchue se retrouvent le temps d’une nuit. Il espère encore percer, elle fuit l’humiliation. Leurs deux solitudes se confrontent, entre illusions qui s’effilochent, marchandages et restes d’espoir.

Tennessee Williams explore ici les fractures d’une Amérique des années 50, marquée par le racisme, le puritanisme, le pouvoir patriarcal. Le monde du cinéma hante la pièce comme un mirage féroce. Sur cette toile de fond brutale, il dessine des figures blessées, vibrantes, traversées par le désir, la honte, la rage de ne pas disparaître.
Cette mise en scène s’attache à faire entendre la langue sensible et directe de Williams, à laisser vivre les corps, les tensions, les flux de paroles et les silences. Elle cherche à ouvrir un espace de jeu où les contradictions des personnages peuvent exister pleinement : entre colère et tendresse, grandeur et chute, rire et blessure. Là où la réalité rencontre la poésie. Et où, malgré tout, une forme de fraternité d’âmes peut surgir.

*

Amérique des années 50, au bord du golfe du Mexique. Une chambre d’hôtel, un duo étrange : Chance Wayne, encore très séduisant malgré les années, revient dans sa ville natale, sans succès ni avenir, porté par un seul espoir : retrouver Angéline, son amour de jeunesse. Fille d’un politicien local, John Finley, raciste, ambitieux et brutal, elle est désormais tenue à distance, recluse par un père prêt à tout pour protéger sa réputation. Chance n’est pas seul. À ses côtés : Alexandra De Carlo, alias Princesse, star vieillissante, fuyant l’écran qui trahit ses traits et la gloire déchue. C’est au creux d’une nuit d’effondrement que Chance l’a recueillie, au pied d’un escalier, avant de l’entraîner avec lui vers le Sud, dans sa Cadillac. Lui rêve de célébrité, elle cherche l’oubli. Leur pacte est en apparence simple : il l’aide à s’effacer et à lui rendre la vie plus douce, elle lui donne les moyens de briller. Mais entre alcool, drogue et transactions financières, se noue une relation trouble, mêlant cynisme, désir et solitude. « Quand un monstre en rencontre un autre, il faut bien que l’un dévore l’autre », dira Princesse.

Mais à San José, le retour de Chance déclenche une onde de choc. Le gouverneur Finley prépare un meeting. Il veut y exhiber la jeunesse blanche du Sud, enterrer les scandales : l’opération subie par sa fille — causée, dit-on, par une relation passée avec Chance — et le lynchage d’un jeune homme noir qu’il a lui-même orchestré. Finley exige la présence publique de sa fille. Devant son refus, il menace : si Chance ne quitte pas la ville, il sera mutilé. Le meeting vire à l’émeute. Pendant ce temps, à l’écran, le film d’Alexandra triomphe. Son aura, qu’elle croyait flétrie, redevient iconique. Elle retrouve assurance, vanité, pouvoir. Elle offre à Chance une issue : fuir avec elle. Mais il refuse. Chance reste. Seul, vide, en bout de course. Il a tout perdu : l’amour, la jeunesse, ses illusions. « Notre ennemi à tous, c’est le Temps », dira-t-il en dernier. Et il attend, sans fuir, que la violence du monde s’abatte sur lui.

ANTIGONE

Nous sommes à l’heure des morts. Premier matin après la guerre, dont on perçoit encore l’écho lointain. Et il faut réparer, reconstruire ce que la haine et la peur ont délié et défait. Et dans cette nécessité que tous éprouvent, d’une cérémonie qui fasse se rencontrer dans le mystère les vivants et les morts, il n’y a d’aucune part, individuellement, collectivement, de volonté mauvaise.
Mais comme dans nos rêves où les temps, les lieux se mélangent, nous sommes devenus incapables de démêler dans la polyphonie des voix celles du passé, du présent et de l’avenir.
Les personnages rassemblés ici se regardent souvent sans se voir et se parlent sans se comprendre: est-ce parce que la mort dicte sa loi muette et incommensurable? Elle est le point aveugle autour duquel la Cité de Thèbes gravite, dans le cercle enchanté de sa malédiction.
Un doute souverain…

Antigone seule sait. Elle est son destin. « Je suis faite pour l’amour non pour la haine ». Créon le roi croit savoir. Il est l’archétype du pouvoir aux prises avec ses démons: l’incertaine légitimité de son autorité et l’obsession du Féminin. « Moi vivant ce n’est pas une femme qui fera la loi »…
Que le féminin constitue en soi une menace pour un pouvoir autoritaire nombreux sont les dirigeants qui ne s’y sont pas trompés.
Est-ce de lui que vient le trouble ? Parce qu’il est homme d’un temps révolu où le roi était dieu, et la Cité encore dans les limbes ?

Une fête. Ce qu’il reste d’une célébration collective après l’orage dans ce qu’il reste d’une ville après la guerre. Ou ce qu’une mémoire en a sauvé à l’aube, dans le demi sommeil.

« S’il te faut aimer à tout prix aime les morts »… Il y aurait une rivalité entre les vivants et les morts ? Une confusion en tout cas. Écho de l’anomalie première qui fit d’Œdipe l’amant de sa mère et d’Antigone la sœur de son père ? Pas de réponse bien-sûr. La question vient de trop loin .

« Tombeau ma chambre nuptiale « …

 

CHŒURS POUR ANTIGONE, Michel Vinaver.
Six séquences qui jalonnent l’action et la commentent, la questionnent. Propos épars et pourtant cohérents, signifiants, discussions collectives comme au café, sur une place. Les voix du monde. Et peu à peu musique de la parole quotidienne.

Fragments, collages, ombres, limbes…

Que la figure exemplaire d’Antigone soit aussi celle qui se détache des autres par la clarté et l’exactitude de sa parole sans appel, et que cette parole finisse par être étouffée… image la plus actuelle de notre tragique humanité.

Matthieu Marie

KATTE, LA TRAGÉDIE DE L’AMANT DU PRINCE DE PRUSSE

En 1730, dans le tout nouveau Royaume de Prusse et sa nouvelle capitale Berlin, le Roi Guillaume impose sa démesure martiale à tout l’état et fait régner la terreur dans sa propre famille.  Ce qui fit dire plus tard à Mirabeau : « La Prusse n’est pas un État qui possède une armée, c’est une armée ayant conquis une nation ».

Les choses ne pouvaient que mal aller entre un père qui ne s’intéressait qu’à la guerre et à la chasse, et un fils qui ne voulait que jouer de la flûte et lire des poètes français. Confronté à la brutalité croissante du Roi, le jeune prince Frédéric, (« On n’est pas sérieux quand on a 17 ans »), trouve comme allié, en plus de sa sœur aînée Mine, sa confidente de toujours, un fringant officier de la garde royale, Hans-Hermann von Katte, dont il tombe amoureux.

Un jour où Frédéric a été battu et humilié publiquement par son père, il décide de s’enfuir vers la France, avec la complicité de Katte. Or le Roi fait rattraper les fugitifs, et, malgré les supplications de la Reine, de la princesse Mine, et de toutes les cours d’Europe, il fait décapiter Katte sous les yeux horrifiés de Frédéric.

Tel est l’argument de l’histoire dont Besset s’est inspiré pour renouer avec la grande tradition française d’une tragédie en alexandrins.

7 MINUTES (COMITÉ D’USINE)

« Nous voulons être libres, mais nous avons peur de la liberté.
Choisir, décider, est une obligation autant qu’une liberté. »
Stefano Massini

Dix femmes du comité d’usine de Picard & Roche attendent la onzième, leur porte-parole, qui depuis quatre heures négocie leur avenir avec les nouveaux patrons. À son retour, elles doivent voter au nom des deux cents ouvrières et employées qu’elles représentent. La proposition des costards-cravates est simple : si les ouvrières et employées de Picard & Roche acceptent de rogner sept petites minutes sur leur temps de pause du midi, l’usine ne fermera pas, et tous les emplois seront sauvegardés.

S’engage alors un thriller social qui ouvre une double réflexion sur la valeur marchande du travail et la prise de conscience des mécanismes de domination patronale. La proposition des nouveaux repreneurs, si elle semble honorable, impose à ces femmes un choix crucial. Pour sauver l’usine, leurs collègues, et elles-mêmes. À l’euphorie de la bonne nouvelle (l’usine ne ferme pas) succède un échange où chacune prend parti selon sa personnalité, son ancienneté, ses nécessités familiales ou personnelles, et son souci du collectif.

Qu’est-ce que nous sommes tous prêts à accepter pour garder notre boulot ?

C’est Blanche, la porte-parole du comité d’usine, qui pose la question. C’est aux autres, par leur vote, de répondre. Et au public de se faire sa propre idée. Une seule demande, presque anodine, un « pas » vers la direction, en renonçant à moins de la moitié de leur pause, donc à seulement sept minutes. Et seulement une heure pour choisir pour les deux cents employées de l’usine. Un ultimatum.

La pièce haletante de Stefano Massini nous immerge en temps réel dans les étapes tendues d’un cheminement capital. Une partition chorale sur le parcours de chacune vers une pensée commune, qui ouvre une réflexion sur la difficulté d’une démarche en collectif, sur ce que représente le fait de choisir, de se mettre d’accord, de se convaincre, de croire en la parole d’une autre.
Ces femmes sont d’âges et de parcours divers, à des moments différents de leur vie ; chacune appréhende la situation à sa façon. C’est une pièce sur les limites, sur nos marges de renoncement. La pièce propose un théâtre politique, mais pas militant. Parce qu’un comité d’usine n’est pas un syndicat. L’enjeu central n’est pas ici la lutte elle-même, mais le trajet pour aller ou non vers elle.

Ce cheminement de pensée, qui traverse chacune des onze ouvrières et employées de Picard & Roche, en une heure, concentre dans la tension qu’il amène tout ce à quoi il faut renoncer pour avancer ensemble : d’abord, renoncer aux évidences, et consentir à un effort pour que l’usine ne ferme pas. Jusqu’où accepter de se compromettre ?
La structure dramaturgique de ce huis clos nous fait suivre une pensée en mouvement dans un temps donné. Blanche, qui a représenté ce petit groupe durant la longue négociation avec les nouveaux patrons de l’usine, incite ses collègues à prendre le temps de réfléchir à ce que représente cette pause, a priori dérisoire face aux emplois sauvegardés.

Est-ce « un luxe ou un droit ? » demande-t-elle. Ces sept minutes cristallisent un rapport plus global au temps en nous conduisant à considérer ce qui est ou non essentiel. Et affirme aussi que cette même notion du temps joue toujours en faveur des patrons, qui ont les moyens d’attendre, et de faire monter la pression. C’est aussi une guerre d’usure, qui compte sur le découragement des ouvrières, sur le flétrissement de leur engagement.

Olivier Mellor

MADEMOISELLE H

Des espions britanniques infiltrés, assez proches du Führer pour pouvoir accéder à sa nourriture, avaient comme plan de saupoudrer son repas quotidien d’hormones féminines étant censées adoucir ses mœurs agressives.
Ce fait historique est le départ de l’écriture de Mademoiselle H.
Mademoiselle H est un showman qui brille par le succès de ses bides.
Un jour, un inconnu l’approche et lui propose un texte. Il s’agit d’un discours, celui du Führer.
Être son sosie et peut-être la gloire à ses portes, c’est également le deal de cet inconnu.
Mademoiselle H tente alors la confrontation avec le public.