Avec « Lili » Daniel Mesguich adapte et met en scène avec finesse « Le désespoir tout blanc » de Clarisse Nicoïdski. Catherine Berriane est remarquable en jeune fille attardée.
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LES PIEDS DEVANT
Le spectacle :
Ce spectacle est une fresque musicale et poétique, dans laquelle se mêlent chanson, musique instrumentale, poésie et théâtre. Il s’agit d’une performance concertante qui porte un regard sur les jours suivant l’appel téléphonique d’un commissariat à une famille pour lui annoncer la mort de l’un de ses enfants dans un violent accident de la route, et s’étend jusqu’au jour de l’enterrement, où tout s’arrête brutalement.
La structure de l’œuvre est basée sur l’exact déroulement de ces faits et se veut attester de l’infernal déferlement qui happe chaque famille confrontée à la mort d’un proche. L’avalanche de problématiques, de décisions à prendre, toutes plus matérielles les unes que les autres. Le rythme de l’œuvre est un écho à ces quelques jours, un écho à la fois poétique et grinçant. Tantôt rock’n’roll tantôt précieux, tantôt profond, ce spectacle essaie de transcender ces moments difficiles, presque tabous, ceux sur lesquels on ne revient jamais… Aller reconnaître le corps de son enfant à la morgue, choisir une entreprise de pompes funèbres, un cercueil sont autant de sujets qui sont triturés ici, distordus par le prisme de la poésie, afin de les rendre acceptables.
De la pop, de la chanson, du jazz, du tango, de la musique contemporaine, voilà les ingrédients musicaux de cette fresque macabre mais pleine d’espoir et d’humour, qui nous emmène dans un univers pop, abstrait et poétique, mais surtout salvateur.
LILI – bord de scène
Mardi 21 mars, après la représentation de Lili, mis en scène par Daniel Mesguich, nous accueillons Hervé Castanet et Daniel Mesguich pour une rencontre avec le public autour du thème Théâtre et psychanalyse.
TEATRO TRONO
Après la Bolivie, l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil, la Colombie, l’Équateur, le Danemark, et le Pérou Teatro Trono présente sa trilogie théâtrale Hoy se sirve / Arriba el Alto / Hasta la Ultima Gota. Ces trois pièces sont accompagnées d’une série d’ateliers basée sur la décolonisation du corps et de textes d’auteurs latino-américains et français.
La Trilogie
Hoy se sirve emporte le spectateur dans une cascade d’images, reflet de l’histoire bolivienne. Depuis les luttes des mineurs jusqu’à la figure de l’indigène dans son combat incessant pour ses droits.
Arriba El Alto retrace la guerre du gaz et la naissance de la ville d’El Alto. Octobre 2002, le gouvernement fait des choix drastiques sur le prix du gaz. La population d’El Alto se soulève. Leur rébellion deviendra selon les historiens la plus importante du XXIe siècle, elle changera à jamais leurs vies.
Hasta la Ultima Gota narre l’histoire universelle de groupes qui s’opposent au sujet d´une problématique essentielle : l’eau. Un enfant décide d’affronter ceux qui la captent sans vergogne. C’est alors un véritable périple burlesque et clownesque qui nous emmène dans un voyage bolivien, là où tout peut arriver, là où la réalité et le mythe s’entremêlent.
Teatro Trono apporte un regard aigu sur l’histoire bolivienne, métaphore des époques latino-américaines les plus obscures, servi par 10 acteurs, une esthétique issue du théâtre de rue, de la pantomime et du clown. A mi-chemin entre folklore bolivien et la folie urbaine pour narrer leur réalité, pas si lointaine, juste derrière l’océan, cachée au creux de la cordillère des Andes.
Une réalité remplie de magie, combat et tendresse.
« J’avais 20 ans et j’étais immortel… »
Ce sera un arrêt sur image pour défier le temps dans sa fuite. Mais il ne peut y être question de nostalgie tant est forte, dans le vivant passé, l’énergie des mots et des chansons pour célébrer ces moments où s’invente une vie d’homme.
Relire et dire les textes de Bernard Baritaud, retrouver, écouter les chansons de Mac Orlan, Vian, Brel et Ferré portées par la voix de France Léa et la musique de Paul André Maby, nous engage dans une belle traversée où s’inscrit dans la durée l’amour de la littérature.
Mireille Diaz-Florian
DESSINE MOI UN MOUTON
Le Théâtre de l’Épée de Bois participe ce 1er décembre à l’opération Théâtres Solidaires de l’association Dessine moi un mouton.
A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida (1er Décembre), certains théâtres de Paris et d’île-de-France montreront leur soutien aux enfants, adolescents et jeunes adultes eux-mêmes franciliens, vivant avec une maladie chronique dont le VIH-Sida. Ce partenariat fait d’autant plus sens qu’un atelier théâtre est mis en place au sein de l’association.
Ces théâtres reverseront à Dessine-moi un mouton une partie des montants des tickets vendus pour les représentations ayant lieu autour du 1er Décembre 2016. Un soutien fort pour ces jeunes qui nécessitent un accompagnement global pour grandir et « vivre bien » dans le contexte de leur maladie. Les fonds récoltés serviront directement la prise en charge de ces jeunes par nos professionnels infirmiers, psychologues et éducateurs spécialisés.
Bruits d’écume
«Bruits d’écume» est une création pluri artistique : un spectacle musical, théâtral mais aussi des oeuvres collectives réalisées par une soixantaine d’artistes (peintres, sculpteurs, photographes, designers, écrivains et poètes) à partir des textes et chansons de Patrick Minod.
« Bruits d’écume » c’est aussi un site internet qui conjugue harmonieusement musiques, textes, chansons, œuvres picturales et photographiques : www.bruitsdecume.fr
C’est la mer qui a inspiré «Bruits d’écume», la mer et son imaginaire. Pour Patrick Minod, à l’initiative de cette création, la planète bleue porte notre propre intériorité, nos rêves et nos désirs d’ailleurs. Il a associé ces bruits avec les siens et l’écho du monde.
Dans sa vision aigre-douce s’entremêlent euphorie, humour, tendresse, cache-cache érotique, égarement et nostalgie.
Le spectacle s’articule autour de textes, de chansons, images, films, mises en situation qui s’imbriquent, interfèrent, se chamaillent ou se complètent harmonieusement. Le tout s’accorde au rythme du son des vagues, de la bossa nova, de l’Afrique, de la musique classique ou même minimaliste.
LA FORMULE DU BONHEUR
Ce récit théâtral raconte l ‘histoire d’un pillage d’usine.
En novembre 2004 un fond d’investissement américain acquiert une entreprise française, leader mondial d’un produit pour l’industrie automobile, pour un euro, et en deux ans il réussit à siphonner les actifs de l’entreprise sans investir un seul dollar de plus. Une histoire du début du vingtième siècle, somme toute banale.
Mais comment ça marche? Comment est-ce possible?
Désemparé par la simplicité de cet engrenage infernal, l’acteur se positionne dans l’œil du cyclone, il tente de comprendre et il suit les étapes. Il suit les tentatives de sauvetage du chef d’entreprise français, il raconte l’arrivée des américains dans la boîte, il décortique les difficultés de survie d’une entreprise métallurgique, une forge…. il bifurque vers des explications historiques et démonte la violence du marché automobile.
Sur un mode à la fois ironique et tragique, il raconte l’histoire de son enquête, une histoire d’aujourd’hui en somme, un conte moderne qui affronte la peur et la résignation, qui affronte les questions, noyées dans des discours de plus en plus nébuleux sur « la crise ». Dans la tradition du cabaret politique allemand, l’acteur s’interroge ainsi, tel un candide, sur les fonctionnements, sur les rouages financiers, administratifs et politiques en épinglant avec humour les dérives d’un système mondialisé où les humains comme les dommages collatéraux ne compteraient plus. Une pièce salutaire et férocement drôle, un théâtre citoyen qui nous rappelle que l ‘esclavage économique n’est pas une fatalité….
ACTÉON
« La scène est dans la vallée de Gargaphie ». Une troupe de chasseurs, emmenée par le jeune prince Actéon, poursuit un ours. Elle s’arrête un moment pour dédier l’équipée à Diane, déesse de la Chasse. Non loin, retirées dans un bocage, les nymphes de Diane se baignent en chantant les bienfaits d’une vie exempte des tourments de l’amour.
Actéon, resté seul pour se reposer dans un bois, dit lui aussi sa méfiance de l’amour. Il aperçoit bientôt Diane et ses compagnes, se dirige vers elles et est surpris par la déesse qui, furieuse, l’asperge d’eau, sous les imprécations des autres baigneuses. De nouveau seul, Actéon voit sa métamorphose en cerf. Les chasseurs reviennent en appelant Actéon, pour qu’il puisse être témoin de la mise à mort d’un cerf par ses chiens. Junon apparaît et leur révèle que ce cerf n’est autre que leur prince, dont elle a précipité la fin pour se venger de l’aïeule d’Actéon, Europe. Le chœur se lamente et déplore cette mort imméritée.
POLYEUCTE
Quel écho peut trouver à notre époque le martyr d’un seigneur arménien du IIIème siècle qui se dresse seul, au nom d’un Dieu unique, contre l’ordre religieux et politique de l’Empire romain, fondé sur le polythéisme ?
Comment comprendre, partager ou admirer l’exaltation d’un personnage qui décide de tout sacrifier : amour, carrière, honneurs, et jusqu’à sa vie pour un Dieu qui vient à peine de se révéler à lui ?
Dont l’enthousiasme iconoclaste et le propos vengeur ont toutes les apparences de la démesure ?
On peut penser que le Polyeucte de Corneille, « tragédie chrétienne » qui présente les principes d’une dévotion inspirée par la Contre-Réforme et d’une religion qui serait bientôt au fondement de la monarchie de droit divin, est relativement étranger à l’esprit de notre siècle – en particulier dans notre pays, où l’Etat a définitivement divorcé du religieux.
Je crois pourtant que, derrière les apparences de l’excès et du fanatisme, Polyeucte, ce « sacrilège impie », incarne par sa révolte des vertus morales qui peuvent placer notre époque sous un jour critique.
Par sa conversion, par son acte violent et flamboyant, par son sacrifice enfin, il propose, au nom de la seule vérité, un héroïsme saint qui convertit les esprits et transforme l’ordonnancement politique du monde. Or, notre siècle n’a-t-il pas lui aussi ses idoles familières, qu’une police morale a dressées pour le culte, et devant lesquelles on se prosterne avec l’aveuglement de l’habitude?
Polyeucte ne saurait pour autant se résumer à sa dimension morale et politique. Comme l’indique l’auteur dans son avant-propos, « les tendresses de l’amour humain y font un (…) agréable mélange avec la fermeté du divin». Conformément à la doctrine classique, la volonté d’instruire fait la part belle aux émotions que peuvent procurer le spectacle des passions humaines. Celles-ci sont exaltées de la manière la plus subtile par la rigueur morale de Polyeucte dont rien, ni la raison, ni les menaces, ni les coups, ni la tendresse, ni l’amour, n’est capable d’ébranler la constance.
C’est l’ensemble de ces enjeux, historiques, moraux, politiques et esthétiques, que je me suis attaché à traduire en mettant en scène un Polyeucte actuel : en optant pour des décors, des costumes et une scénographie dont la sobriété préserve la référence antique tout en restant en accord avec l’esprit de notre époque ; en privilégiant une diction modernisée du vers qui ne concède rien à la musicalité de l’alexandrin ; en cultivant l’émotion produite par l’exaltation des passions sans attenter à la retenue qui sied à la dignité de l’action, j’ai voulu proposer un Polyeucte qui soit à la fois strictement fidèle à l’esprit qu’a voulu lui donner son auteur et capable d’émouvoir les spectateurs d’aujourd’hui.
J’espère que ces derniers seront sensibles à l’âme d’un homme qui s’ouvre à la Révélation divine et, consumé d’amour, entraîne les autres à sa suite dans sa folie enthousiaste.
Ulysse Di Gregorio