Théâtre
en quatre épisodes
sur la route – rêve – pénitence – dulcinée
et huit aventures
des moulins à vent – des moines – des moutons – des marteaux à foulon – des muletiers – du heaume de mambrin – avec Dorothée – en cage.
***
Note d’intention du metteur en scène
« Je suis frappé par le fait qu’en ce début de XXIe siècle, États, Religions, Mairies, Associations, tous semblent se liguer pour enfermer l’humain dans des normes. A chacun son cheval de bataille « pour notre bien », notre « mieux être » : mariage, voile, pollution, vocabulaire, voiture, bio, nourriture, cigarette. Et me voici, citoyen anonyme, balisé, normé, « NORMATÉ ».
« Ne pensez pas à moi » ai-je envie de crier.
Oui, l’espace de liberté pure est désormais grandement restreint. Seul l’imaginaire me semble encore offrir un peu d’éclaircie, une bouffée d’oxygène, devant ce mal rampant, cette norme envahissante !
Qui d’autre alors que Don Quichotte – traversant les siècles – pour m’offrir par sa seule présence un appel d’air tant salutaire ?
Je vous propose donc cette adaptation de Don Quichotte de la Manche de Cervantes pour deux acteurs : une façon de voyager dans l’intimité d’un couple et d’en faire ressortir toute leur humanité face aux forces « obscures ». J’ai essayé évidemment de restituer la poésie du texte dans la traduction d’Aline Schulman ; sa cruauté, son humour. J’ai envisagé l’adaptation comme un long dialogue découpé en quatre épisodes et huit aventures qui relancent l’action.
Au fil de mon travail d’adaptation, le personnage de Quichotte m’est apparu comme la Catastrophe personnifiée, en qui Panza reconnaît une puissance interrogeante, entraînante et que le monde « normal », voyant en lui un poison, une peste, n’a de cesse de le remettre sur « son » droit chemin.
Pour soutenir la mise en scène qui fait la part belle à la relation humaine, la scénographie suggère plus qu’elle n’illustre. Ainsi nous avons fabriqué de bric et de broc deux montures et quelques « ustensiles » nécessaires (sac, épée, casque, armure, etc). D’autre part, nous nous appuyons sur le son et la lumière pour faire sentir quelques présences insaisissables sorties de l’imaginaire d’une âme trop sensible.
Puisse le rire surgir aussi ! »
– Claude Guyonnet