Archives pour la catégorie se joue en Fevrier 2019

« TROIS ÉPÉES POUR LA COMMUNE »

 

TROIS ÉPÉES POUR LA COMMUNE

Dès que l’on quitte le lieu de sa naissance, on devient étranger. Un simple déplacement géographique fait de nous des étrangers aux yeux de qui est né dans la ville, le village, où l’on arrive.
Cependant, l’amour du pays d’accueil fait que l’on devient progressivement étranger au pays d’où l’on s’est éloigné.
Seuls les actes motivés par des sentiments profonds peuvent démontrer l’attachement que l’on a pour une personne, pour un peuple, pour un pays.
Cela expliquerait peut-être pourquoi nombre de ressortissants des pays européens ont lutté et donné leur vie pour la Commune et pourquoi d’autres, en mémoire de la Commune, sont allés lutter de par le monde.
Peut-être cet amour est-il une force logée dans nos entrailles qui nous pousse à aimer ceux qui partagent nos vies au point d’être prêts à mourir pour les défendre.
Cela expliquerait pourquoi un Français d’origine péruvienne, avec ses compagnons nés ailleurs que dans l’île de la Cité, montent trois spectacles (les trois épées) sur la Commune de Paris.

A. D-F.

 

LES ÉCRITS CONTRE LA COMMUNE

Pourquoi monter un spectacle sur la Commune de Paris ?
Au-delà de l’intérêt historique et politique, en quoi l’étude de cette période de l’Histoire française, trop peu connue en France même, peut-elle toucher le théâtre ?
Les textes de notre spectacle, extraits de la thèse de Paul Lidsky Les Ecrivains contre la Commune, présentent l’intérêt de situer l’artiste, et dans ce cas précis l’écrivain du XIXe siècle, au centre d’un débat toujours contemporain, où il doit se définir par rapport à l’Histoire.
Ce n’est pas sans surprise que nous avons découvert à travers les divers témoignages, les réactions à chaud des écrivains ― dont la qualité n’est plus à vanter ― solidaires de la bourgeoisie apeurée et répressive face à cette « révolution crapuleuse ».
Le paradoxe devient d’autant plus saisissant que ces écrivains, choqués des agissements de la « canaille », sont souvent ceux-là mêmes qui ont introduit le peuple dans la littérature.
Notre intention n’est pas de faire le procès des écrivains mais de faire surgir dans notre mémoire collective l’intensité des conflits d’une société, où le créateur se fait, dans la plupart des cas, le défenseur de l’ordre établi.
La difficulté de notre entreprise a résidé dans la maîtrise du matériau, essentiellement constitué de correspondances, articles de presse, commentaires, sans aucun lien dramaturgique.
Peu à peu sont nés ces personnages, sortes de résidus d’une aristocratie déchue, vaguement nostalgiques des campagnes militaires napoléoniennes, à coup sûr épris de l’ordre social à même de garantir leurs privilèges.
Ils portent un texte dont la violence est à la mesure de la peur éprouvée face à cette véritable révolution qui a menacé les valeurs bourgeoises dans leurs fondements.
De quoi nous interroger sur ce qui fonde notre culture et sur la place de l’artiste dans notre société.

BÉRÉNICE / FRAGMENTS

Antiochus aime Bérénice, reine de Palestine, qui aime Titus, empereur de Rome, qui aime « la reine des Juifs », mais qui va la répudier pour raison d’État. Sur les rivages de l’amour absolu, dans un Orient de rêve, la tragédie est sur le point d’être représentée, trois actrices disent les vers de Racine…

LA MÉNAGERIE DE VERRE

Tom, jeune homme sensible et insatisfait, a suivi son rêve : il est parti.
Il a quitté sa ville et un environnement familial et professionnel étouffant… Il a fui. Mais Tom ferme les yeux. Tom se souvient de ce qu’il a laissé derrière lui.
Ce voyage intérieur le ramène inexorablement dans l’appartement de sa jeunesse. Là, Tom y retrouve, Amanda, sa mère, qui, face à l’âpreté du quotidien, ressasse hystériquement ses rêves déchus et projette sur ses enfants ses désirs de réussites sociales.
Et puis, il y a Laura, sa soeur si fragile, si inadaptée au réel qu’elle s’enferme dans un univers imaginaire, sa collection d’animaux en verre.
Mais surtout, Tom se doit de revivre cette soirée de printemps où il a invité son ami Jim à dîner, ranimant la folie de sa mère et les espoirs de sa soeur Laura, confrontée à son amour secret. La vie a alors failli basculer, le temps d’une parenthèse enchantée…

TEASER | La Ménagerie de Verre – Cie Théâtre de l’Imprévu from Théâtre de l’Imprévu on Vimeo.

ANTIGONE 82

Il y a l’histoire :
Beyrouth 1982. Aller mettre en scène l’Antigone d’Anouilh en pleine guerre du Liban en distribuant les rôles à des acteurs issus de chaque camp ennemi (chrétien, chiite, palestinien sunnite, druze) pour une représentation unique dans un cinéma délabré sur la ligne de front, et offrir ainsi deux heures à la paix entre cour et jardin, c’était inconcevable, irréalisable, une folie !

« Alors, faisons-le ! » c’est la réponse en forme de défi que Samuel Akounis, jeune metteur en scène grec échappé en 1974 de la dictature des Colonels et réfugié à Paris, va mettre passionnément en œuvre et que la maladie interrompt brusquement.

C’est à son ami et metteur en scène Georges, qu’il confie alors cette mission à la fois dérisoire face au chaos de la guerre et riche de l’humanité terrible et bouleversante qu’elle va mettre en jeu et qui fait terriblement écho à notre époque.

…et il y a le style :
Les rythmes, l’alternance entre le récit à une ou plusieurs voix et les scènes dialoguées, le titre même du roman ce « quatrième mur » invisible au théâtre entre la scène et le public, tout est une invitation à le faire tomber et créer ainsi une proximité plus grande avec le plateau, un présent de la représentation plus saisissant. D’où un dispositif public en tri-frontal qui permet aux acteurs d’intervenir aussi bien depuis le public que sur scène et de donner ainsi voix, corps, musique et sons à la puissance poétique et philosophique du texte.

L’ANNÉE TERRIBLE – 1870-1871 – Extraits

L’Année terrible est un recueil de poèmes publié en 1872, dans lequel Victor Hugo évoque les événements qui ont marqué la France, et particulièrement Paris, lors des années 1870-1871. Il représente donc la guerre de 1870 avec la Prusse, la défaite de la France et le siège de Paris, la chute de l’Empire et l’avènement de la IIIe République, ainsi que l’insurrection populaire de la Commune qui sera réprimée par l’armée gouvernementale dans le sang. Exilé depuis vingt ans, il rentre à Paris dès le 5 septembre 1870, pendant la guerre, toujours engagé dans le combat contre l’injustice et prêt à en découdre avec toutes les tyrannies.

En savoir plus – « La Gazette »

À propos de Ma patrie et ma gloire et mon unique amour. Victor Hugo
Lorsque nous, qui sommes venus d’ailleurs, parlons des bienfaits de notre pays, la France, il arrive que notre interlocuteur ébauche un sourire de gêne et de désapprobation. Si c’est une manifestation de pudeur, ce sourire ne fait qu’ajouter à notre joie. Mais parfois, le sourire qui suit notre compliment envers notre nouveau pays est synonyme d’agacement et donne la sensation que notre interlocuteur, souvent d’une sensibilité « de gauche », ne voudrait entendre aucune opinion positive sur la France, car cela impliquerait, croit-il, de se ranger du côté de la « droite » qui, de son côté, ne peut accepter aucune critique sur la sacro-sainte France.
Nous qui nous sommes heureux de travailler et de vivre dans notre nouveau pays, nous plaidons en faveur de notre amour pour la France, qui, comme tout amour véritable, admet aussi bien les compliments que la critique, voire la désapprobation. Ces contrastes sont le reflet des climats divers dont est constituée la « douce France » .

A. D.-F.