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LA PAIX PERPÉTUELLE

« Odin‚ Emmanuel et John-John sont les trois chiens finalistes du concours d’intégration à la prestigieuse unité antiterroriste K7. Il reste trois épreuves et un seul « collier blanc » à la clef. Selon Odin‚ les perdants seront « transformés en saucisses »‚ autant dire que l’atmosphère est tendue […       ]. Trois chiens‚ trois personnalités qui nous ressemblent. Sommes-nous meilleurs qu’eux ? À vous de juger ! »
Présentation des éditions Les Solitaires Intempestifs

Le lieu : un huis clos, sorte de rectangle vide, hangar sans ouverture et coupé du monde, vaste conteneur dont l’éclairage proviendrait dont ne sait où. Il y a de soudaines interventions de la musique.

La brutalité, la violence des personnages n’évacuent pas l’humour. Et l’humour n’évacue pas la brutalité et la violence. Et l’émotion.

Ces chiens trop humains sont-ils des mercenaires, des légionnaires de choc, des sous-prolétaires réquisitionnés et dressés pour être envoyés au feu moyennant finance ?

Qui a raison des trois chiens ? Odin, le rottweiler, lui le véritable mercenaire, rusé, revenu de tout, rejetant toute idéologie et toute morale et qui se vend au plus offrant ? John-John, le plus jeune, croisé entre plusieurs races, sorti frais émoulu – et passablement perturbé ! – de la meilleure école de combat et qui se veut résolument fidèle à l’homme ? Emmanuel, le berger allemand, en questionnement sur cette violence, humaniste, éduqué par une jeune maîtresse qui suivait des cours de philosophie ? Ou Cassius, le vieux labrador esquinté qui dirige le concours, figure héroïque et guerrière de l’anti-terrorisme ? Ne serait-ce pas en définitive L’Humain qui cherche le bon équilibre entre la violence de la raison d’Etat et la préservation de la démocratie ?

 Chacun à sa manière a ses raisons.

Aujourd’hui, en contraste avec la précédente pièce de Mayorga, Le Cartographe (ample pièce grave autour du ghetto de Varsovie), montée par la compagnie en 2021 au Théâtre de L’Opprimé, Hervé Petit, accompagné d’une partie de la même équipe,  a choisi cette allégorie animalière bouffonne et grave, profonde et légère. Un élément dramatique commun cependant  aux deux pièces l’a retenu particulièrement : la révélation d’un fait tragique  intime dans le cours de chacun des deux récits dramatiques, historique et politique dans Le Cartographe, contemporain, drolatique et d’actualité dans La Paix perpétuelle. Nous n’en dirons pas plus.

Juan Mayorga est né en 1965. Docteur en philosophie‚ professeur de dramaturgie à l’École royale supérieure d’art dramatique de Madrid‚ il est aujourd’hui l’un des auteurs espagnols les plus importants de sa génération. Il est auteur également d’essais sur la politique et sur le rapport de l’écriture dramatique à lʼHistoire. Ce questionnement se retrouve dans la trentaine de pièces qu’il a écrites à ce jour et qui ont quasiment toutes été mises en scène‚ publiées et traduites en plusieurs langues.

C’est un barcelonais, Josep M. Benet i Jornet, grande figure du théâtre catalan contemporain, et dont la cie a monté précédemment quatre de ses pièces traduites du catalan, qui a fait connaître à Hervé Petit le madrilène Juan Mayorga.  Josep –Papitu comme on l’appelait dans son pays- nous a quittés récemment. Qu’il lui soit ici rendu hommage.

PIRANDELLO SUITE

Pirandello Suite est un spectacle composé de trois pièces courtes, trois chefs-d’œuvre du maître sicilien Luigi Pirandello : Le brevet de sorcier, L’imbécile et La fleur à la bouche.

Dans le premier, Rosario Chiarchiaro, rendu fou par l’exclusion sociale, exige une licence, une sorte de brevet qui sera pour lui la reconnaissance de son présumé pouvoir de sorcier. Il se retrouve face au juge André, convaincu sérieusement que la malchance n’existe pas, mais Chiarchiaro est d’un tout autre avis.

Dans L’imbécile, Leopoldo Paroni est le directeur d’un petit journal de province qui n’hésite pas, via son journal, à diffamer ou souhaiter la mort de ses adversaires politiques. Quand il reçoit la visite d’un vieil ami un soir de grande agitation en ville, il est loin de s’imaginer que ses mots se retournent contre lui-même.

Dans le dernier volet de cette trilogie, l’action se passe une nuit d’été dans le bar d’une petite gare sur la côte sicilienne. Un homme qui a raté son train est entraîné dans une conversation troublante par « L’homme à la fleur à la bouche ». Petit à petit, celui-ci dévoile un fatal secret, un tremblement de terre intime, sous l’humour et l’élégance distanciée d’un homme affable.

Les pièces sont jouées en italien surtitré, ce qui permet aux spectateurs de découvrir la richesse de la langue et de la culture italiennes tout en appréciant ces chefs-d’œuvre intemporels.

LE MARCHAND DE VENISE

Les siècles qui nous séparent de la Renaissance ne nous empêchent pas de porter un regard contemporain sur la république vénitienne, et d’établir un parallèle entre sa société et la nôtre.
Le Marchand de Venise nous permet ainsi de questionner nos intolérances, car au-delà de nos différences culturelles, nous partageons tous les défauts et les qualités de l’âme humaine qui nous est commune : telle est la leçon que Shakespeare nous enseigne.

 

IL EST INTERDIT DE VIEILLIR

La problématique du vieillissement est le thème principal de ce spectacle avec comme bannière la curieuse injonction d’un grand sage juif, Rabbi Nachman de Braslav : « Il est interdit de vieillir ! ».
Que veut-il dire ?
L’abandon des rêves ? Le rétrécissement des désirs ?
Un corps défait qui entraîne la défaite de la pensée, le dépérissement de l’imaginaire ?
L’assignation à un rôle, celui du vieux qui devrait rester à sa place. Mais alors quelle est sa place dans la société actuelle ? Considérer qu’on n’a plus rien à apprendre que ce n’est plus de notre âge ? Se refuser à faire des déclarations d’amour ? Se méfier comme de la peste de l’imprévu ?
Camper sur ses positions comme un vieux général qui applique toujours les mêmes stratégies et qui sera évidemment défait ? Fuir les jeunes et la nouveauté ?
Ne plus entendre en soi l’enfant qui continue à réclamer, mais de moins en moins souvent, sa part d’improvisation, de joies, de plaisirs et de rires ?
Ne plus entendre le jeune homme qui rêve de grandes choses, de l’âme-sœur, de liberté, de voyages, de rencontres ?
Ne plus être que dans la répétition obsessionnelle de ce qu’on n’est plus ?
Comparer, comparer et encore comparer le passé et le présent ?

L’instant présent peut alors s’évanouir. On ne perçoit plus sa nouveauté et ceci au profit de la répétition de ce qu’on connaît. La vie s’en va doucement et le vivant se laisse bouffer par la répétition des choses ou par la nostalgie de ce qui n’est plus.

Mais en réalité, l’homme âgé possède tous les âges. Il ne doit pas se résigner à n’entendre que la seule voix du vieillissement.

NOUS REVIENDRONS AU PRINTEMPS

Nous reviendrons au printemps nous plonge dans l’œuvre iconique de Tchekhov, La Cerisaie, en mêlant mouvement, musique et média. Les spectateurs sont placés au cœur de l’histoire, grâce à un dispositif qui les invite non seulement à regarder et écouter mais aussi à explorer le monde qui les entoure. Le public est petit à petit amené à aller au-delà de l’apparente beauté immaculée des cerisiers en fleur pour voir ce qui, à la racine, empoisonne la cerisaie stérile. Adapté par le metteur en scène Simón Adinia Hanukai en collaboration avec les comédiens, le texte arbore une esthétique contemporaine et une nouvelle section quasi-onirique qui transporte les spectateurs dans le subconscient des personnages pour comprendre et éprouver ce qui les freine à l’aube d’un changement inéluctable.
Nous reviendrons au printemps conserve l’essence des questions soulevées par Tchekhov à un moment de transition majeur pour la société russe, mais les regarde à l’aune des enjeux qui secouent l’Europe du XXIe siècle : qui peut aujourd’hui appeler la Cerisaie sienne ?

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T.C.H.E.K.H.O.V.

Traversée Charmante avec Haltes Exploratoires de la Kyrielle d’Humeurs d’une Œuvre Vécue a pour acronyme TCHEKHOV et cela tombe bien parce que c’est justement son œuvre et lui-même que notre spectacle met en conversation.

Et pour animer la parole, trois comédiennes prennent les rôles des personnages de sa vie – son père, ses frères et sa sœur, son éditeur, ses amours, sa femme…- et leur donnent les mots des personnages de ses pièces.

Elles racontent, avec drôlerie et tendresse, le jeune homme qui subit la faillite de sa famille, l’étudiant en médecine qui subvient aux besoins de ses proches, l’auteur débutant qui arpente les rédactions de Moscou, l’aventurier qui part explorer le bagne de Sakhaline, l’humaniste qui crée des dispensaires et des écoles à Melikhovo, l’homme de théâtre qui invente une façon de sonder les âmes, l’homme malade qui s’ennuie gaiement à Yalta…

Trois voix pour dire un homme qui a si bien travaillé à les raconter, les hommes, qui a si bien montré que  » l’essentiel, c’est que les hommes sont des hommes, et qu’ensuite seulement, ils sont évêques, Russes, boutiquiers, Tatars, ouvriers. Que les hommes sont bons ou mauvais non en tant que Tatars ou Ukrainiens, ouvriers ou évêques ; les hommes sont égaux parce qu’ils sont des hommes.  » (Vassili Grossman). Trois voix et de la musique pour les accorder à l’âme russe.

 

MISÉRABLES

Cosette, devenue femme, nous raconte son histoire. De son enfance terrible jusqu’à la mort de son protecteur Jean Valjean, nous suivons son parcours où les épreuves sont nombreuses, mais l’amour et la tendresse peuvent soulever des montagnes…
Les Misérables c’est aussi l’histoire de la résistance contre la pauvreté et la violence. Une ode à la vie pour tous les cœurs et toutes les âmes.

Les Misérables. Œuvre monumentale. Œuvre protéiforme qui mêle le singulier et l’universel, le grotesque et le sublime. Œuvre qui célèbre le désir de justice et la nécessité de réparation. Les Misérables s’adressent à tous les cœurs et toutes les âmes. L’envie de montrer cet univers poétique aux enfants est une envie essentielle qui participe à la marche du monde. Éveiller les consciences, rêver, partager le savoir pour repousser la misère. S’engouffrer par la musique, par les mots dans la brèche poétique, le sillon majestueusement creusé par Victor Hugo.
C’est l’histoire d’une jeune fille, Cosette, laquelle sera le fil conducteur narratif de notre histoire, une Cosette livrée à elle-même, jetée dans les griffes d’une sorte de belle-mère-sorcière, la mère Thénardier. L’histoire de cette résistance à la pauvreté et à la violence. C’est aussi la rencontre, pleine de douceur et d’humanité, entre cette jeune fille et un père ou un grand-père de substitution, Jean Valjean, de ces deux vies qui basculent. Les embûches sont nombreuses mais la tendresse, l’amour peuvent soulever des montagnes. Valjean est surveillé par l’inspecteur Javert, son ennemi intime, Cosette doit panser la douleur liée à la blessure originelle, la perte de la mère et rencontrer l’amour d’un amoureux.
Là sont les épreuves que ces deux héros vont affronter pour avancer dans cette vie si fragile.
Travail de réflexion littéraire et musicale autour de la solidarité, de l’héritage familial, du bien et du mal et tant d’autres choses passionnantes telles que la dignité humaine, le partage du cœur, la défense des plus démunis, le désir de poésie et des rêves d’espoir les plus fous, qui se télescopent avec le réel et ses contingences, ses obstacles. Avoir une musique de scène originale « sans âge », un savoureux mélange pop, aux influences jazz, blues, rock, valses…pour des comédiens-chanteurs-musiciens, permet de donner une autre tonalité à ce monument de la langue française.

William Mesguich

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Télérama TT
La mise en scène de William Mesguich, l’interprétation chantée et jouée des quatre comédiens-chanteurs- musiciens, donnent aux aventures ou mésaventures de l’enfant une certaine douceur dans la noirceur. Un spectacle théâtral et musical à apprécier en famille

L’oeil d’Olivier
Une fable musicale intense et poignante…

La Muse
Un spectacle musical poignant et émouvant (…) C’est beau, c’est dense, c’est fort !

Théâtre Passion
Cette adaptation musicale et théâtrale est réussie, et les grandes lignes et pensées du poète sont respectées (…) De belles voix, nuancées, qui donnent vie – grâce à la musique d’Oscar Clark – à ce monument de la littérature.

Regarts
Une musique entre le lyrique et la variété, c’est très original (…) William Mesguich signe une mise en scène dynamique et poétique (…) Une très belle pièce pour les adultes et leurs enfants, à voir absolument.

VIENNE 1913, LES PRÉMISSES DU PIRE

DESCRIPTIF du SPECTACLE
En avril 1909, dans le parc du Prater, à Vienne, un jeune homme fête ses vingt ans. Fêter, est-ce bien le mot ? Adolf va passer la nuit sur un banc, seul avec un chien errant, tandis qu’au loin la capitale de l’empire austro-hongrois brille de tous ses feux, en pleine effervescence artistique, scientifique, politique.
Tandis que Freud officie, cigare aux lèvres, et que Jung commence à rompre des lances avec le fondateur de la psychanalyse, le tout Vienne court à une exposition de Klimt, et les cercles et revues politiques bouillonnent d’idées explosives. Ultra nationalistes et marxistes contrebattent le libéralisme éclairé des Habsbourg, et l’antisémitisme se faufile aussi bien dans les bas-fonds que dans la haute société ou chez les intellectuels militants.
D’années en années, jusqu’en 1913, on va croiser Adolf, ici ou là, dans un asile pour sans-abris ou dans un salon d’aristocratique, dans une exposition de peinture ou dans une réunion politique, encore anonyme mais de plus en plus affirmé dans ses partis pris et ses obsessions. Quatre ans plus tard, il est prêt à devenir Adolf Hitler. Il ne manque plus que la grande guerre, qui réunira son ressentiment et l’humiliation allemande, pour parachever le monstre qu’il s’est forgé là, de bric et de broc, en autodidacte à la fois brouillon et rigide.
Vienne 1913 a été écrit par Alain Didier-Weill, psychanalyste, essayiste et auteur dramatique, comme une sorte de symphonie concertante, qui orchestre brillamment la synchronicité complexe de la ville, milieux sociaux, mouvements d’idées, création artistique, multiplicité des échanges et des solitudes.
Jean-Luc Paliès par un sobre et judicieux dispositif, fait de la troupe un orchestre stylisé : les personnages solistes émergent tour à tour, puis reviennent se fondre dans l’ensemble, qui devient lui-même un personnage collectif, la ville de Vienne, chatoyante et inquiétante. Cette partition viennoise a suffisamment d’originalité et de richesse pour être suivie avec intérêt, à la fois comme une évocation de l’esprit de la capitale autrichienne au début du XXème siècle et comme une étude du Mal en formation. Marie-Noëlle Tranchant.

LE SPECTACLE et LA MISE EN SCENE
Jean-Luc Paliès, metteur en scène a du génie, il est brillant, précis, inventif, poétique, et son génie se nomme dépouillement. La mise en scène est un lieu de suggestion subtile pour qu’un spectateur retombe en amour du théâtre, qu’il se fabrique sa propre mise en scène, mais pas n’importe laquelle : les didascalies sont là qui nous guident en chantant souriantes et mutines… Pas un instant d’ennui. Elles sont aussi des cantatrices belles à pleurer, actrices incroyables de bordel, entourant Adolf et Hugo, l’enfant d’un amour tarifé, rougeoyant…Autre génie : l’espace scénique est capable de sécréter d’autres petits espaces : le banc sur la gauche, tantôt Prater viennois, tantôt divan de Sigmund Freud, s’il est habillé de sa robe de chambre. Enfin, le banc toujours, salon de la baronne et tout ce qui devient au gré des scènes, lieu de mouvement. Les personnages aussi qui nous composent en quatre gestes l’esquisse du tyran, la religion d’étole de l’aumônier de la baronne. Un regard pour Jung, un cigare pour Freud et ce sourire à distance qui nous indique que « finalement, aux portes de la mort, il a réussi à préserver l’ouverture de l’inconscient ». Des acteurs attachants, remarquables de justesse.
Au sortir du spectacle, le sourire est gelé au souvenir atroce d’une Vienne d’antan qui reste d’aujourd’hui dans notre tête, menace permanente d’une bête immonde en perpétuel éveil dans le plus innocent de nos désirs, haine terrible et destructrice que le dire silencieux du remarquable texte de Alain Didier Weill, analyste-écrivain adapté par Louise Doutreligne, nous aide à démasquer.
Ignacio Garate.

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La presse en parle

L’œil de L’Olivier
Les spectacles de la Compagnie Influenscènes, dirigée par Jean-Luc Paliès et Louise Doutreligne, sont des propositions fortes. Vienne 1913, ou les prémiSSes du pire ne déroge pas à la règle et nous plonge au cœur des problématiques qui ont secoué́ le XXe siècle et ressurgissent en ce début de XXIe, antisémitisme et fanatisme… Les comédiens deviennent alors vraiment les instruments de ce drame. Ils sont neuf pour incarner les 23 personnages de cette œuvre chorale où l’on reconnait Hitler, Klimt, Freud ou Jung. Ils interprètent avec harmonie cette cérémonie glaçante. C’est dense et fort !
Marie-Céline Nivière

 

Artistik rezo
Sur scène le coeur de Vienne au tournant de l’Histoire telle que Stefan Zweig l’avait dépeinte dans son œuvre testamentaire Le Monde d’hier. Il y a là Hugo Von Klast, interprété́ par William Mesguich, jeune aristocrate tourmenté par un antisémitisme obsédant, qui vient consulter le docte Sigmund Freud, joué par Jean-Luc Paliès. Nous voyons donc comment les prémices des idées d’extrême droite des cercles de la haute société́ viennent percuter celles d’un jeune artiste égaré́ et pauvre, Adolf Hitler (Oscar Clark) que la mère d’Hugo (Claudine Fiévet) prend sous son aile. Un prêtre (Alain Guillo), une jeune fille amoureuse d’Hitler, Molly (Nathalie Lucas) forment ce microcosme qui concentre toutes les passions, les révoltes, les frustrations et les haines, terreau du nazisme. Dans une scénographie impressionnante de majesté́ et de terreur, les comédiens tous épatants nous racontent aussi de quelle manière c’est bien la liberté́, le désir et le corps des femmes, que peint avec richesse Gustav Klimt, qui viennent déranger ces hommes meurtris par l’impuissance et la perte de sens. Grandiose et lumineux.
Hélène Kuttner

Le Parisien 
Le récit est servi par une mise en scène étonnante avec chanteuses lyriques et musicienne jouant sur des verres de cristal…Et l’on découvre comment Adolf va sombrer peu à peu dans la paranoïa. Un magnifique spectacle riche d’une interprétation magistrale

Libération
Regards croisés dans VIENNE 1913 beaux, troublants, émouvants… comme les vifs acteurs vus et l’intelligence des mots entendus.

Radio Shalom 
Une pièce formidable, riche par son texte, riche par les émotions qu’elle nous procure à nous spectateurs, par les thèmes abordés : les peurs, la peur de l’autre, les religions, l’hystérie, la folie, les relations « incestuelles »…la psychanalyse.

La Revue Marseillaise de Théâtre
Comment le bouillonnement du milieu intellectuel a généré́ une écume, dont se sont emparés les esprits les moins structurés. (…) L’ambiance qui en résulte a quelque chose d’unique, et de constructif.

La Marseillaise 
Jean-Luc Paliès (en Freud, très convaincant) monte la pièce avec sur scène, hommes et femmes, vêtus de smokings ou de robes du soir, qui renvoient l’image immédiate d’un orchestre chic comme on pouvait en entendre dans les kiosques du Prater. (…) Plus qu’à̀ une représentation théâtrale, c’est à̀ une cérémonie que nous sommes conviés. Une cérémonie vénéneuse

Vaucluse matin (Coup de cœur) 
Créative, symbolique, la mise en scène de Jean-Luc Paliès sert admirablement le texte

LES FILLES DE LA MER

Couchée dans les herbes hautes par cette froide nuit de mars,
Je regardais la lune ronde et claire entourée d’étoiles
J’entendis un oiseau,
Son chant annonciateur était troublant,
Le vent se leva, puis au loin
Les cris déchirant de la mort
Je me suis mise à courir, de manière irrésistible
Comme attirée par une force invisible
Elle était là, toute vêtue de blanc
Sa robe tachée de son sang
Un ogre lui serrait la gorge
Ses serres se resserraient sur son cou éclairé par la lune
La colombe n’avait plus de voix
J’ai mis la main au sol par instinct
J’ai saisi ce qui était à ma portée
Je me suis avancée vers l’homme qui était de dos
Je l’ai frappé à la tête pour qu’il lâche sa proie
Il s’est écroulé sur le côté
Je me suis penchée sur la femme vêtue de blanc
Elle ne respirait plus
L’oiseau vint se poser à ses côtés
C’est là que je me suis aperçue que j’étais trois

CRÉANCIERS

Eté 1888, Strindberg et sa femme Siri von Essen, louent des chambres pour leurs vacances au Danemark dans un château appartenant à une comtesse. Celle-ci a confié la gestion du domaine à un jeune et beau bohémien. De cette simple anecdote va découler deux œuvres majeures de Strindberg : Mademoiselle Julie et Créanciers. En effet, c’est là, dans cette ambiance particulière que Strindberg va écrire Créanciers d’une traite, en seulement quinze jours. Un véritable thriller psychologique dans une écriture qu’il définira « d’automatique », quasiment sans y apporter de correction.

Fou de jalousie, en plein tourment amoureux, il est convaincu que sa femme le trompe avec ce bohémien. Il va alors régler ses comptes, extérioriser toute sa jalousie et sa souffrance dans le texte de cette pièce. Plus rien ne va dans son couple. C’est donc l’art qui devra le sauver ! Dans Créanciers, il est question d’une ronde amoureuse et destructrice entre trois êtres : deux hommes (Gustav et Adolph) et une femme (Tekla) au centre des deux. Le personnage féminin ne vibre que dans ses désirs, c’est ce qui la rend de loin la plus lumineuse des trois. Une « Marylin » qui connaîtra aussi son heure tragique à la fin.

Il s’agit bien de restituer au plus vif le rapport de force et de destruction que nous présente la pièce de Strindberg. Le centre, c’est cette lutte amoureuse menée par ces trois solitudes, chacun deviendra à tour de rôle le créancier de l’autre mais tous perdront finalement la partie. Tous trois pris au piège des rapports fusionnels où passion et haine seront les deux faces d’une même médaille.